[CRITIQUE] : Louxor
Réalisatrice : Zeina Durra
Acteurs : Andrea Riseborough, Michael Landes, Sherine Reda, Karim Saleh,...
Distributeur : Rezo Films
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Égyptien, Britannique, Émirati.
Durée : 1h26min
Synopsis :
Quand Hana, britannique qui travaille dans l’humanitaire, revient à Louxor, elle croise Sultan, archéologue de talent et ancien amant. Alors qu’elle erre dans cette vieille ville, hantée par les souvenirs familiers, elle s’efforce de concilier choix du passé et incertitude du présent.
Critique :
Tout est une affaire de détails.
La protagoniste de Louxor, Hana, n'est pas en vacances au moment où la caméra se pose sur elle, mais bien en congé.
Cela peut ressembler à de la sémantique facile certes, mais la distinction est importante car là où le premier suggère des plaisirs récréatifs et un vrai esprit de décompression, le second implique un quelque chose de plus nécessaire, voire même presque de vital.
Au cours de son séjour dans la cité égyptienne qui prête son nom au film, Hana échappe aux horreurs qui font le quotidien de son travail de chirurgienne dans une unité de traumatologie de guerre, à la frontière syro-jordanienne, et le congé qu'elle s'est octroyé s'apparente clairement à une sorte de baume salutaire à la douleur dont elle est témoin au jour le jour...
D'un rythme volontairement lancinant et sinueux, comme autant d'étapes obligées que le personnage affronte pour se requinquer, Louxor est un formidable portrait contemplatif et humain, l'exploration intime des blessures a la fois frontales et indirectes, infligées par la guerre et la bêtise/vanité de l'homme, et sur les efforts nécessaires pour tenter de s'en remettre - même si nous n'y arrivons jamais vraiment.
D'un calme olympien, étrange mélange entre l'odyssée intérieure pensive et spirituelle, le récit post-traumatique troublé et une romance jamais totalement épousée (et qui, heureusement, ne sert pas de salut à son héroïne), le second long-métrage de la scénariste-réalisatrice britannique Zeina Durra met l'accent sur la solitude d'Hana au coeur d'une métropole vivante et inspirante (formidable vestige de l'Égypte antique), totalement vissée sur la performance complice d'Andrea Riseborough, qui retranscrit avec dévotion toutes les douleurs de son personnage avec une économie de dialogues profondément salutaire.
Par la simple force de son regard blessé (ses yeux, véritable miroir de l'âme, semblent être le vestige de secrets indicibles, que la narration a le bon goût de ne jamais dévoilé au travers de flashbacks gratuits tronquant notre imaginaire), elle semble porté tout le poids du monde sur ses épaules et sa fragilité psychologique et mentale, esquissée avec beaucoup de subtilité, ne se fait prégnante qu'à l'apparition d'une ancienne flamme jamais totalement éteinte - excellent Karim Saleh.
Prenant chaque jour comme il vient, espérant le meilleur tout en redoutant continuellement le pire, son instabilité émotionnelle et psychologique nourrissent l'examen pétri de compassion que fait Durra autant de l'imprévisibilité désarmante du traumatisme, que de l'authentique courage de vouloir réparer son esprit - et son âme - brisé.
Déambulation pudique et sensible prenant les contours d'une odyssée intérieure silencieuse et contemplative envoûtante, Louxor est une formidable et inspirante ode à la résilience qui vaut chèrement son pesant de pop-corn.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Andrea Riseborough, Michael Landes, Sherine Reda, Karim Saleh,...
Distributeur : Rezo Films
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Égyptien, Britannique, Émirati.
Durée : 1h26min
Synopsis :
Quand Hana, britannique qui travaille dans l’humanitaire, revient à Louxor, elle croise Sultan, archéologue de talent et ancien amant. Alors qu’elle erre dans cette vieille ville, hantée par les souvenirs familiers, elle s’efforce de concilier choix du passé et incertitude du présent.
Critique :
Déambulation pudique et sensible dans une métropole égyptienne incroyablement vivante, prenant les contours d'une odyssée intérieure silencieuse et contemplative envoûtante, #Louxor est une formidable et inspirante ode à la résilience porté avec dévotion par Andrea Riseborough. pic.twitter.com/MP0XLHs2nJ
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 22, 2021
Tout est une affaire de détails.
La protagoniste de Louxor, Hana, n'est pas en vacances au moment où la caméra se pose sur elle, mais bien en congé.
Cela peut ressembler à de la sémantique facile certes, mais la distinction est importante car là où le premier suggère des plaisirs récréatifs et un vrai esprit de décompression, le second implique un quelque chose de plus nécessaire, voire même presque de vital.
Au cours de son séjour dans la cité égyptienne qui prête son nom au film, Hana échappe aux horreurs qui font le quotidien de son travail de chirurgienne dans une unité de traumatologie de guerre, à la frontière syro-jordanienne, et le congé qu'elle s'est octroyé s'apparente clairement à une sorte de baume salutaire à la douleur dont elle est témoin au jour le jour...
Copyright 2020 Film Clinic |
D'un rythme volontairement lancinant et sinueux, comme autant d'étapes obligées que le personnage affronte pour se requinquer, Louxor est un formidable portrait contemplatif et humain, l'exploration intime des blessures a la fois frontales et indirectes, infligées par la guerre et la bêtise/vanité de l'homme, et sur les efforts nécessaires pour tenter de s'en remettre - même si nous n'y arrivons jamais vraiment.
D'un calme olympien, étrange mélange entre l'odyssée intérieure pensive et spirituelle, le récit post-traumatique troublé et une romance jamais totalement épousée (et qui, heureusement, ne sert pas de salut à son héroïne), le second long-métrage de la scénariste-réalisatrice britannique Zeina Durra met l'accent sur la solitude d'Hana au coeur d'une métropole vivante et inspirante (formidable vestige de l'Égypte antique), totalement vissée sur la performance complice d'Andrea Riseborough, qui retranscrit avec dévotion toutes les douleurs de son personnage avec une économie de dialogues profondément salutaire.
Par la simple force de son regard blessé (ses yeux, véritable miroir de l'âme, semblent être le vestige de secrets indicibles, que la narration a le bon goût de ne jamais dévoilé au travers de flashbacks gratuits tronquant notre imaginaire), elle semble porté tout le poids du monde sur ses épaules et sa fragilité psychologique et mentale, esquissée avec beaucoup de subtilité, ne se fait prégnante qu'à l'apparition d'une ancienne flamme jamais totalement éteinte - excellent Karim Saleh.
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Prenant chaque jour comme il vient, espérant le meilleur tout en redoutant continuellement le pire, son instabilité émotionnelle et psychologique nourrissent l'examen pétri de compassion que fait Durra autant de l'imprévisibilité désarmante du traumatisme, que de l'authentique courage de vouloir réparer son esprit - et son âme - brisé.
Déambulation pudique et sensible prenant les contours d'une odyssée intérieure silencieuse et contemplative envoûtante, Louxor est une formidable et inspirante ode à la résilience qui vaut chèrement son pesant de pop-corn.
Jonathan Chevrier