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[FUCKING SERIES] : Kingdom : Ashin of the North : Where it all began


(Critique - avec spoilers - de l'épisode spécial)


Au cours de ses deux premières - et exceptionnelles - saisons acclamées, le spectaculaire hit sud-coréen made in Netflix Kingdom a su démontrer avec talent qu'il incarnait, haut la main, le meilleur show télévisé de zombies (et encore plus à une heure ou The Walking Dead s'éteint dans un anonymat plus qu'inquiétant) en grande partie grâce à son mélange aussi foisonnant qu'immersif, d'intrigues politiques d'époque, d'une action spectaculaire - capturée dans des décors grandiose - et d'une horreur viscérale; le tout emballé dans une mise en scène furieusement appliquée et cinématographique, qui trahit constamment ses origines (elle est assurément la moins Netflix des créations Netflix).
Mieux, elle arrivait même à incarner le plus bel hommage récent au cinéma vénéré de feu George A. Romero, avec sa narration allégorique, usant du mythe des morts vivants métaphores de la cupidité insatiable de l'humanité et des divisions de classe de l'ère Joseon.

Copyright Netflix

En attendant une troisième saison qui a tout pour dépoter un max, le show revient pour un épisode prequel spécial, toujours chapeauté par le tandem Kim Eun-hee (au scénario) et Kim Seong-hun (à la réalisation), et plongeant cette fois au coeur des origines de la plante de résurrection pourpre et de la peste zombie.
Profondément tragique et épique, le récit de Ashin Of The North s'inscrit plusieurs décennies avant la narration au présent du show, et suit justement le personnage d'Ashin, brièvement aperçu dans le final de la deuxième saison.
Nous la rencontrons tout d'abord enfant, alors qu'elle vit dans un village frontalier, situé entre les terres de la dynastie Joseon et leurs féroces ennemis à travers les plaines de Mandchourie, le peuple Jurchen.
Bien que sa tribu, les Seongjeoyain, soit techniquement Jurchen, le fait qu'ils vivent sur la terre des Joseon depuis si longtemps signifie qu'ils sont eux-mêmes rejetés par leur propre peuple en tant que traîtres, et en raison de leurs racines raciales, tout le monde dans le village les méprisent.
Alors que le pays est en ruine, la faute à une invasion japonaise venant du sud, le village frontalier d'Ashin devient le point de départ d'un conflit naissant dans le nord, alors que les guerriers Jurchen se rendent compte que les forces de Joseon sont étirées.
Lorsqu'un différend sur un territoire de chasse menace de déclencher une guerre totale, la famille d'Ashin et ses voisins sont pris entre deux feux, et tout le monde meurt tragiquement.
Laissée orpheline et seule, Ashin, désemparée, est tentée d'utiliser la plante mythique de la résurrection - le saengsacho -, qui pousse naturellement dans la région, pour sauver ses proches.
Après être tombé sur un sanctuaire abandonné au fond des bois et avoir découvert les effets de la plante grâce à d'anciennes peintures murales sculptées dans la pierre environnante, elle est convaincu que les légendes sur l'herbe magique ne sont pas que de grandes histoires.

Copyright Netflix

Alimentée par un chagrin et une colère insondables et stimulée par des connaissances dangereuses, la jeune Ashin entre dans l'âge adulte, perfectionnent ses talents de combattante et concocte un plan diabolique pour venger les Seongjeoyain et éliminer à la fois la dynastie Joseon et les Jurchen...
Plongeant subtilement le spectateur au sein même de l'esprit tourmenté de son anti-héroïne, dont la caractérisation nuancée nous pousse à admirer autant sa ténacité que soutenir sa sanglante vengeance, avant que celle-ci nous horrifie face à l'ampleur démesurée et implacable de sa vendetta (elle est l'élément déclencheur qui a fait plonger la Corée dans la tourmente, et il est pourtant impossible de ne pas ressentir de compassion pour elle); Kim Eun-hee délivre une merveille d'odyssée tragique visuellement à tomber (de l'étendue majestueuse de la Mandchourie aux forêts de conifères profondes et sombres, en passant par des paysages enneigés d'un blanc éblouissant, chaque cadre n'est pas juste littéralement à tomber : il ne fait qu'approfondir la représentation de la tristesse et du désespoir d'Ashin), étendant joliment sa mythologie en intronisant un antagoniste mystérieux tout en élargissant sa map monde, en allant bien au-delà des terres du prince héritier Lee Chang.
Pas totalement dénué de quelques trous scénaristiques/soucis de cohérence, ce prequel peut autant servir d'initiation au show qu'il plante habilement des graines essentielles ouvrant une myriade de potentielles directions narratives passionnantes pour une troisième saison que l'on attend encore un peu plus désormais.


Jonathan Chevrier



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