[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #139. Semaine du 20 au 26 juin
Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 20 Juin au 26 Juin
Dimanche 21 Juin. Captain Fantastic de Matt Ross sur Arte.
Dans les forêts reculées du nord-ouest des États-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie tout entière à faire de ses six jeunes enfants d’extraordinaires adultes. Cependant, quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu’il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l’obliger à questionner ses méthodes d’éducation et remettre en cause tout ce qu’il leur a appris.
Quelque part entre la douce utopie et la fable poétique, Captain Fantastic vient, avec beaucoup de cœur, interroger le conformisme de la société américaine (même si cela marche pour nous aussi hein) et la tolérance. Cela pourrait être naïf, vain ou juste moraliste, mais c’est tout le contraire, pourquoi ? Car Viggo Mortensen y apparait plus magnifique que jamais, oui. Mais aussi, car ce road trip est lumineux de bout en bout, humain à chaque instant et distrayant en permanence. À la fois loufoque et émouvant, oscillant en permanence entre les genres et cherchant à, mine de rien, faire réfléchir sur notre propre rapport à la parentalité. C’est richement simple Captain Fantastic.
Mais aussi... dans un tout autre registre, 6Ter propose Speed de Jan De Bont. Merveille de cinéma d’action, Speed repose sur un scénario certes simple, mais exécuté avec une grande maitrise. De cet ascenseur en chute libre à cette scène de combat sur le métro, tout semble comme chorégraphier à la perfection et d’une énergie quasi permanente. C’est certainement le coup de génie du film, ne laisser aucun repos au spectateur. Les questionnements n’ont pas le temps de brouiller l’esprit qu’une nouvelle péripétie vient stocher chacun de nous à notre siège.
Mardi 23 Juin. Arrête-moi si tu Peux de Steven Spielberg sur 6Ter.
Frank Abagnale Jr croyait vivre dans une famille stable. Lorsqu’il apprend que ses parents ont décidé de divorcer, il ne supporte pas la situation et, sous le choc, fugue. Bien vite confronté aux réalités de la vie en solitaire, il tente de s’insérer, mais découvre qu’il est plus facile d’endosser de faux chèques que de travailler. Il prend l’identité d’un pilote de ligne et mène la belle vie. Un agent du FBI opiniâtre le suit à la trace en espérant un jour le coincer.
Après deux œuvres oscillant entre SF et anticipation – A.I. Intelligence Artificielle & Minority Report, Spielberg remballer ses voitures volantes et autres robots pour les 60’s avec son Arrête-moi si tu Peux. Marquant ses retrouvailles avec Tom Hanks (après Il Faut Sauver le soldat Ryan) et s’offrant le toujours impecable Leonardo Dicaprio, ce nouveau projet s’est imposé comme un chef d’œuvre pépouze. Le genre de proposition que seul un cinéaste de sa trempe peut proposer. En effet, ici, le réalisateur ne cesse de circuler avec aisance et juvénilité dans un récit filou et malin. De cette ouverture jazzy à cet hommage Bond-ien, Arrête-moi si tu Peux est loin d’être quelque chose de mineur, surtout quand s’invite au milieu dans cette structure protéiforme une profonde mélancolie à l’écho intime. Bref, c’est du grand Spielberg.
Mercredi 24 Juin. Juste la fin du Monde de Xavier Dolan sur Arte.
Louis, un écrivain, revient voir sa famille dans son village natal après douze années d’absence, pour leur annoncer quelque chose. Ces retrouvailles ravivent des souvenirs, mais créent des tensions entre les membres de la famille…
Juste la fin du Monde parachève une mue débutée depuis Laurence Anyways. Se délestant de l’autosuffisance de ses premiers longs-métrages, le cinéaste affine son style qui trouve sa pleine puissance dans cette œuvre. À titre purement personnel, il est mon Dolan préféré — même si Mommy est vraiment juste derrière ; le plus maitrisé, celui parvenant à l’équilibre entre fond et forme, celui qui fait naitre en nous une boule au ventre qui finit par imploser dans l’affrontement final. Le prodige canadien se fait orfèvre, la rage se pare d’un gant en velours. Effleurant nos sens, pour mieux nous dévaster, il nous fait ressortir de cette expérience tout étourdissante devant une œuvre qui nage en eaux troubles. Colossal.
Thibaut Ciavarella