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[CRITIQUE] : Voice of Silence

Réalisatrice : Hong Eui-jeong
Acteurs : Yoo Ah-in, You Jae-myeong, Moon Seung-ah,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Sud-coréen.
Durée : 1h39min.

Synopsis :
Tae-in, un jeune homme qui ne parle jamais, et Chang-bok, un vieil homme religieux, travaillent comme nettoyeurs pour une organisation criminelle. Un jour, ils reçoivent l'ordre de leur supérieur immédiat de s'occuper pendant deux jours d'une petite fille de onze ans enlevée et appelée Cho-hee. La responsabilité de prendre soin de la fille incombe au muet Tae-in qui vit dans l'arrière-pays avec une sœur plus jeune que Cho-hee. Le supérieur se fait finalement tuer, et le duo ne sait plus quoi faire de la fille.




Critique :


On ne pourra jamais loué l'intelligence du BIFFF à avoir dédié - à l'instar du Glasgow Film Festival -, une section entière aux pépites venues du pays des matins calmes, tant chaque péloche sud-coréenne sélectionnée incarne une proposition plurielle (un mélange habile des genres qui est clairement inscrit dans l'ADN de ce cinéma depuis plusieurs décennies) qui n'a jamais trop de peine à surnager avec deux coudées d'avance, sur la concurrence; preuve en est encore une fois avec Voice of Silence, le premier et ambitieux long-métrage de la wannabe cinéaste Hong Eui-jeong.
On le sait, d'autant plus que cette vérité à assez souvent été martelé durant les deux dernières décennies dans les cinémas des frangins Coen, de Guy Ritchie ou encore de Quentin Tarantino : tous ce que les anti-héros veulent dans la vie, c'est trouver un tant soit peu le bonheur et réussir en faisant un job honnête.
Bien qu'ils soient tous plus ou moins impliqués dans le monde du crime et des hors-la-loi, ils sont souvent à des années lumières d'être aussi dangereux et/ou pourris que ceux avec lesquels ils font affaire.

Broccoli Pictures

Ce sont juste de bonnes personnes qui sont souvent entraînées de gré ou de force, dans de mauvaises situations dont il est quasiment impossible d'en sortir.
Ici, Chang-bok et son complice sourd et muet Tae-in sont clairement fait de ce bois-là, eux qui dirigent une modeste entreprise ou ils fournissent des services de nettoyage pour une organisation criminelle, sur les scènes de crime.
Le travail du duo est ingrat et banal, mais il leur permet de sortir la tête hors de l'eau et de vivre un peu plus décemment au sein d'un univers frappé par la pauvreté et la précarité.
Tout change cependant lorsqu'une grosse ponte leur demande de garder une fille kidnappée - Cho-hee, qui a à peine onze ans -, jusqu'à ce que son père paie sa rançon.
Ils acceptent à contrecœur la commande, la petite allant être planquée dans la maison rurale sordide que Tae-in partage avec sa jeune sœur.
Mais alors qu'un lien se forme entre les deux, la situation complexe qui les lie va vite s'aggraver alors que le père de Cho-hee tarde à lâcher les billets vert...
Comédie noire douce-amère autant qu'il est un drame sombre et tendre à la fois, qui s'échine à garder le plus insensé et tordu possible son intrigue (jusque dans son climax frustrant tant il laisse bien trop de questions sans réponse), Voice of Silence et ses enjeux modestes mais savamment maîtrisés, dédramatise l'aspect horrible du kidnapping en en faisant le coeur étrangement atypique et jamais terrifiant - ni même illégal -, d'un récit initiatique estival au pluriel dans une Corée du Sud qui a rarement paru aussi belle à l'écran (on ressent le plaisir non feint qu'à le réalisateur à capturer la chaleur et la nature verdoyante de la campagne coréenne).

Broccoli Pictures

Une dichotomie décalée et unique entre ce qui est réel et ce qui est montré, qui renforce la douceur de son atmosphère comico-mesquine sans pour autant totalement renier sa nature criminelle, mais qui surtout défie constamment notre sens de la moralité.
Plus qu'une tendre déclinaison du syndrome de Stockholm ou une relation complexe change littéralement la vie de quatre personnes, Voice of Silence est un drame joyeux malgré la gravité qui pointe tout du long au-dessus de sa pellicule, mettant constamment l'accent sur ses personnages - tous finement croqués et interprétés -, au détriment d'une intrigue qui se délite un brin dans son dernier acte (même si il lance des rappels essentiels sur la dangerosité du monde pour les jeunes - et moins jeunes - filles et les laissés-pour-comptes, des personnes handicapées aux classes sociales les plus défavorisés).
La proposition ne plaira pas à tous, mais ceux quelle saura charmer les laissera avec un joli sourire en coin, et peut-être les larmes aux yeux.


Jonathan Chevrier


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