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[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #127. Semaine du 14 au 20 mars



Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.


Semaine du 14 Mars au 20 Mars


 
Dimanche 14 Mars. Les Proies de Sofia Coppola sur Arte.

Pendant la guerre de Sécession, un déserteur trouve refuge dans un pensionnat de jeunes filles, où les enseignants et les élèves se montrent très solidaires. Cependant, des tensions sexuelles vont entrainer de dangereuses rivalités.

Plus qu’un simple remake, Les Proies s’inscrit comme une œuvre pleinement Coppolanienne et semble chuchoter à l’oreille d’un des chefs d’œuvres de la réalisatrice : Virgin Suicides. En effet, les deux films partagent l’éruption du masculin dans le féminin, sauf qu’ici, le suicide se mue en une délicieuse émasculation. Comme souvent chez la cinéaste, Les Proies évoque le désir étouffé par le puritanisme de la société américaine, ainsi les scènes d’une sensualité folle – notamment Nicole Kidman nettoyant le corps nu de Colin Farell; laisse place a des séquences de déconstruction du fantasme, du male et au travers de lui d’un certain patriarcat. Car évidemment, Coppola ne se plonge pas dans le passé pour livrer une œuvre d’époque, mais une œuvre de l’époque, celle qui vient dénoncer toute la toxicité du puritanisme américain et affirmer toute la force qui irrigue le féminin.

Mais aussi... TF1 propose le Wonder Woman de Patty Jenkins. Premier film mettant en scène une superhéroïne dont la réalisation est menée par une femme, Wonder Woman est une petite régalade. Évidemment, il y a derrière un poids politique de voir ce genre si masculin — au cinéma — devenir féminin, entre son héroïne badass et ses scènes d’actions dantesques, Jenkins livre une origin story stimulante, émouvante et fun.


Lundi 15 Mars. Network de Sidney Lumet sur France 5.

Licencié pour impopularité, Howard Beale, le présentateur vedette d’une chaine de télévision, annonce son prochain suicide devant les caméras et dénonce les méthodes de ses employeurs. Sa cote remonte alors en flèche auprès des téléspectateurs, qui apprécient sa sincérité. Du coup, la nouvelle directrice de l’information, Diana Christensen, lui propose d’animer une émission défouloir. Howard Beale est saisi de mégalomanie et pourrait bien déraper.

Sorte d’alter ego de son Douze hommes en colère, Network délaisse les délibérations d’un jury pour s’immerge dans les coulisses médiques. Entre les coups bas et les crises hystériques, l’œuvre vient capter la montée en puissance de l’info-tertainement et comment celle-ci va progressivement tomber, au travers de son présentateur, dans la folie pure. Car, ce qui filme Lumet avec précision et cynisme c’est la décadence de l’audimat. En effet, au fur et à mesure tout devient démagogie et surtout voit périr l’humain, chaque information devient une image-choc, un moyen pour faire grimper les courbes d’audience sans se préoccupé des conséquences. C’est là peut-être que se trouve la liaison avec Douze hommes en colère, dans cette captation d’une violence silencieuse, dans l’auscultation terrifiante de ces contrepouvoirs. Un film brillant et trop souvent ignoré, jetez-vous dessus.





Jeudi 18 Mars. Elysium de Neil Bloomkamp sur TF1SeriesFilms.

2154. La Terre n’est plus qu’un bidonville, où la population ne travaille que pour survivre et pour renforcer le bien-être d’une poignée de privilégiés exilés dans une station spatiale orbitale, Elysium. Observant avec envie ce paradis, certains tentent d’y immigrer clandestinement, mais se fontrepousser par les politiques ultrasécuritaires d’Elysium, menées par la Secrétaire Delacourt. Max, ex-taulard devenu ouvrier, rêve de se payer légalement le billet pour la station. Mais lorsqu’il est irradié dans l’exercice de son travail et n’a plus que cinq jours à vivre, il va tout faire pour infiltrer Elysium et profiter de ses infrastructures médicales, capables de tout guérir…

Comme District 9, précédent film du réalisateur, Elysium érige une lutte entre deux univers et la confrontation qui va en découler. Sauf qu’ici, forcément, tout est plus impressionnant, impactant et gigantesque puisque cette fois-ci Neil Bloomkamp s’empare du blockbuster. Comme d’autres, l’auteur tient a garder sa patte, aussi bien dans les thématiques riches qui s’y déploient, que dans la réalisation qui retrouve certains tics de son précédent effort. Mais, il y a autre chose, cette envie d’adrénaline qui scie si bien au genre précis du film à grand budget. Ici, c’est une course poursuite qui s’engage, tout est alors broyé dans une machine infernale où les personnages et leurs émotions viennent s’entrechoquer avec l’action pure. Cela donne un film désespéré et humain, un film frontal par moment, brutal pour mieux le dire. En bref, c’est une proposition, autre du cinéma de Bloomkamp, un blockbuster d’auteur qui peut avoir ses imperfections, mais à aussi une réelle vision.
 
 
Thibaut Ciavarella

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