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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #139. Les Frères Pétards

Copyright Studio Canal

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se baladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leur mot à dire...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !


#139. Les Frères Pétards d'Hervé Palud (1986)

Ah les années 80, ce terrain d'expérimentation fou ou tout était possible, même dans un humour balisé made in France dominé de la tête et des épaules par une comédie populaire - encore - plaisante à soutenir.
Sorte de père spirituel du Pineapple Express de David Gordon Green (ou de La Beuze...en mieux) qui n'aurait aucune chance d'être produit à l'heure actuelle - ou même passé les années 90 -, suivant la droite lignée de ces odyssées comico-sociales sur des jeunes adultes paumés mais débrouillards - syndrome Marche à l'ombre, déjà avec Lanvin -, Les Frères Pétards (tout est dans le titre) d'Hervé Palud (futur papa d'Un Indien dans la Ville et qui sortait du bouillant Mesrine) est pur plaisir coupable totalement inscrit dans son époque, une stoner comedy au pitch passablement barré voire même un poil utopiste dans son climax - la légalisation des drogues douces, d'actualité partout sauf en France.

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Vagabondage extrême et sans prétention dans les rues d'un Paris " interlope mais pas trop ", le film suit les basques de deux lascars sans le sou, Manu, serveur dans un resto chinois et Momo, qui vient de se faire virer de chez lui par son paternel de flic.
Catapulté dans le business de la beuh sans trop le vouloir après un job pour le trafiquant ricain/rappeur Sammy (ils ont convoyer des statuettes pleine d'herbes de Paris à Amsterdam, et seront payés qu'en revendant une partie de la marchandise qu'ils ont ramenés).
Le hic c'est qu'ils ne savent pas vraiment s'y prendre pour refourguer la drogue, et ils se font alpaguer le soi-même ou ils rencontrent Brigitte et Aline, chez qui ils vont squatter.
En tentant de se refaire, ils s'en vont chez Sammy au moment même où il se fait sauter par les stups, leur laissant juste le temps de prendre la fuite et surtout d'emporter avec eux l'agenda électronique de Sammy, qui indique la localisation de sa précieuse cachette, qui renferme des dizaines de kilos de résine de cannabis.
Une fois trouvés (en affrontant des chats vraiment agressifs), ils pensent qu'ils vont pouvoir faire fortune mais avec ces deux poissards là, rien ne se passera comme prévu...
Pur feel good comédie inégal mais drôle sur deux gentils losers sans scrupules (capable de, par exemple, revendre toutes les affaires de leurs " copines "), aux (dés)aventures aussi rocambolesques que profondément absurdes (un achat de coke qui tourne mal et qui se termine avec une course-poursuite avec une vraie moto-crotte, une soirée foot ou plusieurs flics terminent déchirés avec une bouteille infusée à la résine de cannabis, un casse de toute la coke du 36 quai des Orfèvres avec un aspirateur,...), totalement vissé sur l'alchimie folle entre feu Jacques Villeret et Gérard Lanvin; Les Frères Pétards et son intrigue gadget/prétexte ne convoque jamais totalement les rires sincères (clairement la faute à des dialogues limités et lourds), et joue plus sur les situations délirantes - et un chouïa transgressives - qu'autre chose, quitte à ne pas charmer à tous les publics.

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" C'est énoooorrrrmmmmeeee "

Et pourtant, que ce soit grâce à une petite galerie de personnages haut en couleurs (même si les personnages féminins sont très accessoire), une décontraction presque naïve (combien de films français dégaine autant de stupéfiants aussi librement à l'écran ?) ou une bande originale enthousiasmante - feu Carole Fredericks en tête -, le film, à la lisière du nanar (pas un défaut par chez nous), jouit d'un capital sympathie bien réel et s'avère toujours aussi divertissant et authentique, même avec plus de trente-cinq ans au compteur et une patine 80s bien datée (mais qui nous rend également follement nostalgique).
Et comme le dit si bien le génial climax : on ne peut pas entuber les frères pétards, et on peut difficilement les détester aussi.


Jonathan Chevrier


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