[COEURS D♡ARTICHAUTS] : #22. Celeste and Jesse Forever
Parce que l'overdose des téléfilms de Noël avant même que décembre ne commence, couplé à une envie soudaine de plonger tête la première dans tout ce qui est feel good et régressif, nous a motivé plus que de raison à papoter de cinéma sirupeux et tout plein de guimauve; la Fucking Team vient de créer une nouvelle section : #CoeursdArtichauts, une section ou on parlera évidemment de films/téléfilms romantiques, et de l'amour avec un grand A, dans ce qu'il a de plus beau, facile, kitsch et même parfois un peu tragique.
Parce qu'on a tous besoin d'amour pendant les fêtes (non surtout de chocolat, de bouffe et d'alcool), et même toute l'année, préparez votre mug de chocolat chaud, votre petite (bon grande) assiette de cookies et venez rechauffer vos petits coeurs de cinéphiles fragiles avec nous !
#22. Celeste and Jesse Forever de Lee Toland Krieger (2012)
Il y a quelque chose d'assez réconfortant à l'idée de se dire qu'au-delà de ses facéties dans ce qui est l'une des meilleures sitcoms de la décennie, Brooklyn 99, Andy Samberg a le chic de plutôt bien choisir ses rares incursions sur grand écran, et qui plus est dans le si balisé giron de la comédie romantique, avec des péloches discrètement révolutionnaires.
Mais bien avant le génial Palm Springs de Max Barbakow l'an dernier, c'est surtout le formidable Celeste & Jesse Forever de Lee Toland Krieger, qui est à marqué au fer rouge dans sa filmographie, comme un petit miracle de péloche mélancolique qui ne rabaisse jamais l'intelligence et l'empathie de son public, ni ne crée une utopie explosive de ce à quoi ressemble l'amour... quitte à profondément dérouter, pour le meilleur.
Exploration intime et douloureuse de la lente mort d'un amour/mariage extrêmement complice entre deux âmes qui sont au final plus amis qu'amoureux l'une de l'autre (et qui ne se prenne jamais pour acquis), on y suit Celeste (formidable Rashida Jones, également co-scénariste du film), une consultante en image assidue qui vit un divorce heureux avec Jesse (Samberg, tendre et attachant), puisqu'ils vivent ensemble sous le même toit, ne cesse de se voir et de sortir ensemble tous les jours, tout en délirant encore et toujours sur les mêmes bêtises.
Rien n'a changé avec ce divorce, sauf peut-être le fait qu'ils n'ont plus de rapports sexuels - mais cela ne compte absolument pas pour eux.
Grand gamin décontracté dans l'âme qui se complet dans l'oisiveté la plus totale - il est graphiste mais ne bosse que très peu -, ce dernier commence pourtant à exaspérer autant Celeste que leur couple d'ami Beth et Tucker, qui commence à trouver ça inconfortable que les deux ex-mariés ne règlent pas définitivement leur rupture...
Ne cherchant jamais à être à charge envers l'un des deux camps (ce serait stérile, tant un mariage, que ce soit sa réussite comme son échec, reste le fruit du travail et des sentiments entre deux personnes), le film incarne une difficile mais salvatrice rupture sur un tout petit peu moins de deux heures entre deux personnes qui s'aiment profondément, et n'arrive pas à se résoudre à abandonner cet amour simplement parce que la romance entre eux s'est peu à peu dissoute.
Bien plus centré sur Celeste et sur sa spirale négative au moment où sa relation avec Jesse bascule pour de bon (les deux ont une alchimie incroyable), une odyssée sentimentale et intérieure merveilleusement nuancée et révélatrice sur l'énigme séculaire où la vie professionnelle d'une personne s'envole alors que sa vie personnelle s'épuise (d'autant plus quelle à l'illusion utopique de pouvoir tout contrôler, même ses sentiments); le scénario a in fine le bon ton dans son ultime virage, de replacer la figure masculine au coeur de l'histoire, pour en faire un second ancrage émotionnel essentiel, dénotant du regard binaire - voire biaisé - d'une bonne partie des romcoms actuelles.
Un processus de double empathie étonnant jouant autant sur les émotions que sur les renversements de perceptions salutaires (et portant le message majeur du métrage : la nécessité de ne pas se fier aux apparences autant que de vivre sa vie sans se fier à l'avis général), rendant cette auscultation de deux âmes immatures sur le chemin de la raison, d'autant plus tangible que joliment authentique.
Vision rafraîchissante, dévastatrice et indispensable de la comédie romantique moderne (avec la question centrale so " Quand Harry rencontre Sally " - un homme et une femme peuvent-ils réellement être amis - transcendée avec un prisme encore plus fort : un homme et une femme à l'amitié fusionnelle, peuvent-ils la conserver une fois leur divorce prononcé et leurs nouvelles vies séparées entamées ?), Celeste & Jesse Forever est comme un sourire en coin doux-amer sur un visage plein de larmes, qui pique le coeur autant qu'il le réchauffe par sa douceur et son charme.
L'adage " ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants " n'implique pas forcément que les deux héros vivent cette finalité ensemble, et cette petite pépite sur pellicule en est la plus belle des preuves.
Jonathan Chevrier
Parce qu'on a tous besoin d'amour pendant les fêtes (non surtout de chocolat, de bouffe et d'alcool), et même toute l'année, préparez votre mug de chocolat chaud, votre petite (bon grande) assiette de cookies et venez rechauffer vos petits coeurs de cinéphiles fragiles avec nous !
#22. Celeste and Jesse Forever de Lee Toland Krieger (2012)
Il y a quelque chose d'assez réconfortant à l'idée de se dire qu'au-delà de ses facéties dans ce qui est l'une des meilleures sitcoms de la décennie, Brooklyn 99, Andy Samberg a le chic de plutôt bien choisir ses rares incursions sur grand écran, et qui plus est dans le si balisé giron de la comédie romantique, avec des péloches discrètement révolutionnaires.
Mais bien avant le génial Palm Springs de Max Barbakow l'an dernier, c'est surtout le formidable Celeste & Jesse Forever de Lee Toland Krieger, qui est à marqué au fer rouge dans sa filmographie, comme un petit miracle de péloche mélancolique qui ne rabaisse jamais l'intelligence et l'empathie de son public, ni ne crée une utopie explosive de ce à quoi ressemble l'amour... quitte à profondément dérouter, pour le meilleur.
Copyright DCM Filmverleih |
Exploration intime et douloureuse de la lente mort d'un amour/mariage extrêmement complice entre deux âmes qui sont au final plus amis qu'amoureux l'une de l'autre (et qui ne se prenne jamais pour acquis), on y suit Celeste (formidable Rashida Jones, également co-scénariste du film), une consultante en image assidue qui vit un divorce heureux avec Jesse (Samberg, tendre et attachant), puisqu'ils vivent ensemble sous le même toit, ne cesse de se voir et de sortir ensemble tous les jours, tout en délirant encore et toujours sur les mêmes bêtises.
Rien n'a changé avec ce divorce, sauf peut-être le fait qu'ils n'ont plus de rapports sexuels - mais cela ne compte absolument pas pour eux.
Grand gamin décontracté dans l'âme qui se complet dans l'oisiveté la plus totale - il est graphiste mais ne bosse que très peu -, ce dernier commence pourtant à exaspérer autant Celeste que leur couple d'ami Beth et Tucker, qui commence à trouver ça inconfortable que les deux ex-mariés ne règlent pas définitivement leur rupture...
Ne cherchant jamais à être à charge envers l'un des deux camps (ce serait stérile, tant un mariage, que ce soit sa réussite comme son échec, reste le fruit du travail et des sentiments entre deux personnes), le film incarne une difficile mais salvatrice rupture sur un tout petit peu moins de deux heures entre deux personnes qui s'aiment profondément, et n'arrive pas à se résoudre à abandonner cet amour simplement parce que la romance entre eux s'est peu à peu dissoute.
Bien plus centré sur Celeste et sur sa spirale négative au moment où sa relation avec Jesse bascule pour de bon (les deux ont une alchimie incroyable), une odyssée sentimentale et intérieure merveilleusement nuancée et révélatrice sur l'énigme séculaire où la vie professionnelle d'une personne s'envole alors que sa vie personnelle s'épuise (d'autant plus quelle à l'illusion utopique de pouvoir tout contrôler, même ses sentiments); le scénario a in fine le bon ton dans son ultime virage, de replacer la figure masculine au coeur de l'histoire, pour en faire un second ancrage émotionnel essentiel, dénotant du regard binaire - voire biaisé - d'une bonne partie des romcoms actuelles.
Copyright DCM Filmverleih |
Un processus de double empathie étonnant jouant autant sur les émotions que sur les renversements de perceptions salutaires (et portant le message majeur du métrage : la nécessité de ne pas se fier aux apparences autant que de vivre sa vie sans se fier à l'avis général), rendant cette auscultation de deux âmes immatures sur le chemin de la raison, d'autant plus tangible que joliment authentique.
Vision rafraîchissante, dévastatrice et indispensable de la comédie romantique moderne (avec la question centrale so " Quand Harry rencontre Sally " - un homme et une femme peuvent-ils réellement être amis - transcendée avec un prisme encore plus fort : un homme et une femme à l'amitié fusionnelle, peuvent-ils la conserver une fois leur divorce prononcé et leurs nouvelles vies séparées entamées ?), Celeste & Jesse Forever est comme un sourire en coin doux-amer sur un visage plein de larmes, qui pique le coeur autant qu'il le réchauffe par sa douceur et son charme.
L'adage " ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants " n'implique pas forcément que les deux héros vivent cette finalité ensemble, et cette petite pépite sur pellicule en est la plus belle des preuves.
Jonathan Chevrier