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[FUCKING SERIES] : Cobra Kai saison 3 : Le moment de vérité


(Critique - avec spoilers - de la saison 3)



Il y avait quelque chose de profondément miraculeux à la vision des deux premières saisons de Cobra Kai, continuité totalement improbable mais géniale de la trilogie mère de Karaté Kid (s'il vous plait, organisons un oubli collectif du quatrième opus avec feu Pat Morita et Hilary Swank), qui n'avait sur le papier strictement rien pour fonctionner (prendre le parti, trois décennies après, de Johnny Lawrence tout en faisant revenir Daniel Larusso et en jouant la carte du teen drama avec une nouvelle génération d'adolescents), mais qui incarnait la preuve flagrante qu'un reboot pouvait savoureusement dépasser toutes les attentes en respectant autant le matériau d'origine, qu'en l'amenant vers un terrain plus moderne, en parfaite adéquation avec son époque - sans forcément voir plus loin qu'une structure mécanique et légère, comme ma trilogie initiale.
Drôle, légère et attachante, la série a tellement conquis les bouffeurs de séries qu'elle n'a pas traînée pour quitter le pavillon de YouTube Premium (qui l'aurait tout simplement abandonné...) et débarquer du côté du mastodonte Netflix, avant même que sa troisième saison - déjà produite - ne vienne pointer le bout de son nez sur les ondes.

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Toujours obsédé par le moindre détail composant la magie de la trilogie mère, tout en jonglant habilement entre les chaises du teen drama comique, du show d'action sauce karaté avec une grosse pointe de crise de la cinquantaine, cette troisième salve d'épisodes arbore un rythme plus lancinant et s'inscrit volontairement dans l'ombre du second film de John G. Avildsen; entre l'exutoire nostalgique et le retour aux sources louchant gentiment (bon beaucoup trop) sur le fan-service facile, qui remet pourtant étonnamment bien en question nos certitudes et notre perception des films originaux, malgré un vrai sentiment de répétition qui commence à devenir persistant.
Plus que dans les deux précédentes saisons, ces dix nouveaux épisodes s'inspirent des préceptes de M. Miyagi - dont l'absence n'a jamais autant été aussi importante jusqu'à présent -, à savoir que chaque combat n'implique aucune récompense, et que tout affrontement des conséquences, des douleurs et des traumatismes (soit tout ce qu'un divertissement d'action lambda oublie de mettre dans la balance); une vérité qui ne tarde pas à se démontrer dans les premières minutes avec une bataille royale au coeur du lycée, laissant les deux camps Miyagi-Do/Cobra Kai dans un état critique - et bien pire qu'avant.
Une bataille qui en somme, nourrit par la rivalité bouillante entre Daniel et Johnny, n'était que la suite inévitable de leur affrontement sur le tatami trois décennies plus tôt, encore plus enflammée par les valeurs toxiques du sensei Kreese, et les rivalités béantes entre les adolescents.
Fort heureusement, et comme dit plus haut, cette nouvelle saison est frappée par le sceau du " Moment de Vérité ", et Daniel et Johnny embrassent ce sentiment en se rassemblant enfin - notamment grâce au retour furtif d'un ancien amour commun -, pour mieux vaincre leurs démons mais aussi pousser leurs élèves traumatisés, à suivre leur joli exemple, et entériner pour de bon une haine qui n'aura causé que des victimes - et avant tout eux-mêmes.

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Mais cette tentative de réconciliation, de mettre un terme à cette rivalité, ne pouvait se faire que dans une explosion cataclysmique et jouissive, ce qu'est clairement cette saison, malgré ses nombreux - et évidents - défauts.
Ne cherchant pas à égaler le dynamisme des précédentes saisons (un choix louable mais surtout à double-tranchant), la série prend le parti pris intelligent d'élargir sa perception et ses perspectives narratives, quitte à laisser quelques personnages sur le carreau (Robby, dont on présage un avenir radieux dans le show même s'il est ici totalement sacrifié, avec un passage gratuit par la case prison), tant il est impossible pour elle de tout maîtrisé dans l'immédiateté; là où il lui était jadis plus simple de totalement se focaliser sur la lutte intime de Johnny contre ses (mauvaises) valeurs enracinées en lui, et le mènent constamment à l'échec.
Tranquillement mais sûrement, cette troisième cuvée - presque de transition en somme - semble convoquer un ressaisissement général de toute sa petite tribu pour mieux se préparer pour le grand combat final - qui sera immense -, tout en cherchant bizarrement à convoquer l'adhésion déjà acquis pourtant, des aficionados d'origine, en se laissant aller à quelques élans maladroits de fan service qui nuisent considérablement à l'intrigue, aussi jouissif soit-il.
Comme le retour, dans un souci de rajeunir sa sagesse adolescente acquise auprès de M. Miyagi, à Okinawa de Daniel qui, au lieu de s'inscrire comme la réunion spectaculaire qu'elle était probablement censée être (on a tous tremblé dans la bande annonce, et la présence de Chozen est juste sympathique), a finalement tout de la sous-intrigue bouche-trou visant à donner du peps à celle concernant le binôme Johnny/Miguel, et son rétablissement peu orthodoxe.
Dommage, car la série n'est jamais aussi juste quand elle ne s'embarrasse pas trop du passé et laisse pleinement parler son penchant teen, quitte à parfois donner des impressions - volontairement - ridicules de télénovela gargantuesque (ou d'un teen drama de la CW, au choix) ou tous les drames sont possibles.

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À contrario en revanche, si l'écriture est en dent de scie, le jeu des comédiens n'a jamais paru aussi fort et anxieux, chacun habitant des personnages aux idéologies claires (même si obscures), notamment un Martin Kove on fire (et dont l'origine story étonnante donne un nouveau point d'ancrage au créateur du mantra iconique " Fear does not exist in this dojo ").
Pas toujours à la hauteur des attentes - ou tout du moins a la hauteur de ses deux illustres prédécesseurs -, cette saison 3, qui continue à offrir une approche visuelle entraînante des combats (et peut-être encore plus qu'auparavant), redresse pourtant le tir dans son money time, bourré d'action et dramatiquement grisant, gonflant le chaos né des conséquences du final du premier film, tout en arrivant à créer dans son cliffhanger - enfin positif -, une attente démesurée dans sa manière de convoquer la mythologie mère (on voit les retours de Karaté Kid 3 à mille kilomètres certes - coucou Terry Silver -, mais cela appelle aussi à un final des finals grandiose).
Passant du récit rusé d'un champion égaré et traumatisé, qui a désespérément besoin de réaliser qu'il est un loser pour revivre, à celui de deux ennemis intimes qui s'unissent pour le bien (même si on est loin de la sagesse de Miyagi), dans une sorte de tandem bigger than life et pétaradant; Cobra Kai voit plus loin sans totalement se donner encore, les moyens de ses ambitions.
Mais cela fait foutrement du bien de voir une série honorant autant son lourd héritage, capable de se forger une aussi belle voie sans mortellement trébucher et se mettre les amoureux de la trilogie de John G. Avildsen à dos... vivement la saison 4.


Jonathan Chevrier


Copyright Netflix


Les deux premières saisons de Cobra Kai envoyaient un message clair : il est possible de faire une très bonne suite 30 ans après. La troisième saison ne déroge pas à la règle, bien qu’elle se démarque des saisons précédentes. La saison démarre quelques mois après le dernier épisode de la saison 2. Le combat général du lycée a eu de nombreuses conséquences sur nos personnages : la concession automobile de Daniel n’attire plus de clients à cause de son association avec le karaté, Miguel est toujours dans le coma, Robby est toujours en cavale et il semblerait que Sam soit atteinte de trouble de stress post-traumatique. Quant à Johnny, qui se sent responsable de l’accident de Miguel, il retrouve ses anciens démons et passe son temps à boire et à se battre dans les bars. On nous livre donc une saison plus sombre et plus mature, avec des enjeux et des conséquences pour le moins effrayants.

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Comme à son habitude, cette troisième saison joue également avec la nostalgie des films. Cette fois-ci, elle se focalise sur le deuxième film de la trilogie, avec un court voyage au Japon et des retrouvailles avec des visages familiers. Du fan service facile, certes, mais qui sert à l’histoire, ce qui reste appréciable. L’esprit et les valeurs de Mr. Miyagi sont davantage mis en avant dans cette saison et bien qu’il ne soit plus présent physiquement, il est toujours là pour guider la famille LaRusso.
Il est vrai qu’on a parfois la sensation que la série commence un peu à tourner en rond avec cette rivalité sans fin entre Cobra Kai et Miyagi-Do, à tel point que ça en devient presque ridicule à certains moments. La doctrine de Kreese est de plus en plus néfaste et il est incroyable de constater que personne ne remarque que ce sensei antipathique et psychotique est en train de transformer une bande d'adolescents en psychopathes colériques. De ce fait, la série nous offre une troisième saison plus amère et plus profonde sur les conséquences des enseignements de Cobra Kai, où la pression sociale y est à son paroxysme et montre à quel point elle peut pervertir une personne. 
Cette saison 3 va également se focaliser sur le passé de Kreese pendant la Guerre du Viêt Nam. Une backstory intéressante, mais pas forcément indispensable. Le temps attribué à ces scènes aurait pu servir à étoffer les arcs narratifs d’autres personnages, tel que Robby, un personnage avec beaucoup de potentiel et qui est pourtant complètement mis de côté cette saison. Au vu des choix entrepris pour cette saison, l'absence du personnage d’Aisha est compréhensible, elle aurait fini par être mise de côté comme de nombreux personnages dans cette saison.

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En revanche, sans pour autant que ça soit une mauvaise chose en soit, cette troisième partie manque d’un peu de fraîcheur et de l’aspect teen movie proposés précédemment. Quant au dernier épisode, il est fantastique puisqu’il y a enfin la rédemption tant attendue d’un des personnages. La toute dernière scène offre un symbole d’espoir et la quatrième saison de Cobra Kai promet d’offrir une bataille (finale ?) mémorable.


Jules