[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #119. Semaine du 3 au 9 Janvier
Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 3 Janvier au 9 Janvier
Dimanche 3 Janvier. Orgueil et Préjugés de Joe Wright sur Arte.
Dans un petit village d’Angleterre, sous le règne de George III, Mrs. Bennet veut marier ses filles afin de leur assurer un avenir serein. L’arrivée de nouveaux voisins, Mr. Bingley et son ami Mr. Darcy, plonge Jane et Elisabeth dans des affaires de cœur tumultueuses…
On célèbre cette année les 15 ans de l’adaptation d’Orgueil et Préjugés par Joe Wright, une occasion comme une autre de replonger dans l’univers de Jane Austen. L’une des premières choses qui frappent face à cette adaptation c’est la magnificence de la pellicule du cinéaste. En effet, Joe Wright donne à son récit un véritable impact visuel, il parvient a rendre compte des splendides décors et ne se prive jamais de montrer toute l’ampleur des paysages. Il se niche derrière ce ravissement, un périlleux exercice entre romance langoureuse et satire acidulée d’une époque. Cela donne corps à une œuvre bigarrée, qui cultive des tonalités disparates, entre comédie et romantisme, entre mélancolie et légèreté. Il se dégage alors de cette adaptation un ravissement singulièrement british et quelques délicieux soupirs amoureux.
Mais aussi... TF1SeriesFilms programme Cloud Atlas de Lana et Lilly Wachowski et Tom Tykwer. Une œuvre rare et donc précieuse, sorte de fresque défiant le temps, passé, présent et futur se croisent dans un sens du montage étourdissant. On pourrait souligner la démonstration de force visuelle des sœurs Washowski, qui se conjugue ici celle d’un Tom Tykwer, mais le film laisse autre chose en mémoire. Son émotion. Jamais un film estampillé Wachowski n’a autant laissé place aux sentiments volubiles d’une vie, dévastateur tout du long.
Mercredi 6 Janvier. La Piscine de Jacques Deray sur Arte.
Jean-Paul et Marianne séjournent dans une superbe villa des hauteurs de Saint-Tropez, où ils sont rejoints par Harry et sa ravissante fille Pénélope. Par son attitude provocante, Harry, ex-amant de Marianne, crée vite le malaise et c’est alors une lutte de pouvoir entre quatre personnes prises au piège de leur passé qui va s’installer autour de la piscine des vacances...
Mettons au cœur de l’hiver un peu de moiteur avec La Piscine. Un film qui à dépasser depuis longtemps son simple statue d’œuvre cinématographique, parce que Alain Delon, parce que Romy Schneider, parce qu’au fond tout le monde — consciemment ou pas — a des images de ce film en tête. Alors on pourrait se demander si finalement le culte qui entoure les aspects extérieurs du métrage ne vient pas enrayer la qualité même du projet. Rassurez-vous, La Piscine est une œuvre toujours aussi venimeuse. Le cinéaste signe un grand film sur l’ennui et le désir, comment les deux viennent a se croiser pour finir par engloutir les corps et laisser une piscine en forme de cercueil des vies passées. Ici, les dialogues sonnent souvent creux, faux, hypocrite, tout n’est que regard, Deray en fait le moteur de son film, c’est là que tout s’exprime. Ils sont provocateurs, évasifs, sensuels ou accusateurs. Dès lors, il n’y a rien d’étonnant à ce que tout se termine dans le silence d’une conversation qu’on n’entendra pas où seuls les regards domineront.
Jeudi 7 Janvier. Piège de Cristal de John McTiernan sur M6.
John McClane, policier new-yorkais, est venu rejoindre sa femme Holly, dont il est séparé depuis plusieurs mois, pour les fêtes de Noël. Celle-ci est cadre dans une multinationale japonaise, la Nakatomi Corporation. Son patron, M. Takagi, donne une soirée en l’honneur de ses employés, à laquelle assiste McClane. Tandis qu’il s’isole pour téléphoner, un commando investit l’immeuble et coupe toutes les communications avec l’extérieur…
Piège de Cristal n’est pas un quelconque film d’action, c’est un véritable pivot, le genre d’œuvre dont on peut dire qu’il y a un avant et un après. Huis clos des plus claustrophobiques, ce premier volet d’une future saga — Die Hard — parvient à jouer avec son spectateur. Loin de prendre le genre de haut, le cinéaste s’évertue à faire de sa tour véritable écrin de mise en scène d’une fluidité implacable ou tout est soigné dans les moindres détails. De plus, John McTiernan instaure une tension quasi permanente, mais parvient à imbriquer à cela un humour salvateur. Avec Bruce Willis, il crée une nouvelle sorte de héros, moins bodybuildé, mais doté d’un sens de la répartie qui fait mouche. Voilà comment en 2 h 10 on peut réinventer le cinéma.
Thibaut Ciavarella