[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #137. Teen Wolf
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se baladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leur mot à dire...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#137. Teen Wolf de Rod Daniel (1985)
Il y a quelque chose de profondément douloureux à l'idée de se dire que Michael J. Fox, au-delà même de la maladie, n'a pas forcément eu la carrière qu'il méritait, en grande partie parce que l'industrie Hollywoodienne ne voyait pas plus en lui, plus qu'un simple et énergique boy next door, le gentil gamin du coin pas assez costaud pour être crédible dans l'action ni même suffisamment séduisant pour être un tombeur, l'étiquette géniale mais écrasante de Marty McFly collée en plein milieu de la figure.
Pourtant, le bonhomme s'est toujours battu comme un beau diable pour changer la donne, et dans les quelques rôles solides qu'il aura porté sur grand écran au coeur des 80's/90's, celui du sympathique Scott Howard dans le (très) très kitsch Teen Wolf de Rod Daniel, est sans aucun doute l'un de ses plus chouettes.
Concocté dans la foulée de Retour vers le Futur (il est sorti dans les salles US à peine un mois après le chef-d'oeuvre de Zemeckis), le film démystifie sans trembler tous les codes du film lycanthrope pour mieux les abreuver de toutes les us et coutumes du teen movie US (avec une consistance toute relative, n'est pas John Hughes qui veut non plus), le tout englué dans un enrobage de pop-corn flashy parfaitement ancré dans son époque.
© Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved |
Cheap as hell, avec des SFX/maquillages au rabais et un costume de lycanthrope au ras des pâquerettes (quatre ans après An American Werewolf in London de Landis, ça pique), le film suit donc les aléas de Scott Howard, adolescent lambda qui va se découvrir loup-garou suite à un gène familial pour le moins... particulier (c'est une tare héréditaire, deal with that).
Mais contre toute attente, lui qui était désireux de sortir du moule, va faire de sa malédiction mauvaise fortune bon coeur, en usant de celle-ci pour améliorer ses performances au basket-ball, gonflé sa popularité et... séduire les filles.
Car oui, tout son bahut va être au courant de ses aptitudes exceptionnelles - qu'il peut déclencher à sa convenance et pas uniquement les nuits de pleine lune -, qui ne change pas d'un iota son comportement pas sauvage ni bestial pour un sou, le bonhomme gagne en poil mais reste toujours aussi inoffensif et pourvu de son libre arbitre), à la différence de sa célébrité galopante.
N'ayant jamais peur du ridicule (avez-vous déjà vu un loup-garou faire du breakdance ?), ancêtre assumé des teen shows Le Loup Garou du Campus et Teen Wolf (qui en est son adaptation moderne sauce MTV), Teen Wolf est l'exemple parfait d'une décennie de tous les possibles, ou les coming of age movie pouvait prendre les contours d'un gamin tout poilu, d'ados créant une créature de rêve, fightant des vampires, voyageant dans l'espace ou se lançant dans une chasse au trésor totalement improbable, avec une famille de bandits à leur trousse...
© Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved |
Usant d'un mythe fantastique pour mieux retranscrire physiquement les affres du passage à la vie d'adulte (la puberté, la différence,...), une parabole croqué avec plus ou moins de moralisme (soyez-vous même, ne cherchez pas à être quelqu'un d'autre pour la futilité de la popularité fugace de la vie lycéenne... coucou Disney) et de justesse (Daniel est quand-même plus intéressé par les matchs de baskets qu'autre chose), totalement vissé sur la partition de Michael J. Fox, touchant entre son charme naturel et son humour effacé (déjà lisible dans Retour vers le Futur); Teen Wolf, malgré ses défauts évidents et nombreuse, est l'exemple même de ses petites bandes pleinement ancrées dans leur époque, réconfortantes et nostalgiques parce que dominées par un vrai souci d'offrir une petite bulle de bonheur à son spectateur pendant une poignée de minutes précieuses.
Du bon et tendre cinéma comme on n'en fait plus aujourd'hui et qui nous manque, terriblement, comme Michael J. Fox...
Jonathan Chevrier