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[CRITIQUE] : Le Secret des Finch


Réalisateur : Simon Stone
Avec : Geoffrey Rush, Sam Neill, Miranda Otto, Odessa Young, Paul Schneider, Ewen Leslie,...
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Australien
Durée : 1h32min.

Synopsis :
D'après l'œuvre de Henrik Ibsen.
Après des années d'absence, Christian Nielsen revient au domaine familial pour le mariage de son père Henry, riche propriétaire local. Christian renoue alors avec son ami d’enfance Oliver Finch et fait la connaissance de sa femme Charlotte et de sa fille Edwige. Malgré ces heureuses retrouvailles, Christian porte un lourd secret : les révélations qu’il s’apprête à faire menacent de briser la vie de tout son entourage.


Critique :


Pour sa deuxième incursion dans le cinéma, Simon Stone se tourne vers son premier amour, le théâtre, en adaptant la pièce de Henrik Ibsen, Le canard sauvage. Figure éminente du théâtre et de l’opéra, le cinéaste avait fait ses armes à la réalisation de film avec The Turning (2013), film à sketchs, où il avait tourné la section Reunion. Sorti en 2015 en salles dans quelques pays, Le secret des Finch sort enfin chez nous directement en DVD et en VOD grâce à Condor Distribution.

Copyright Condor Distribution

Également scénariste, Simon Stone décide de transposer l’histoire de la pièce de la Norvège initiale à un village rural de l’Australie contemporaine, tout en conservant le sel du récit : des secrets de famille, un mensonge de longue date qui lie des bourgeois privilégiés à la classe ouvrière. Le canard, qui tient la part symbolique, entre en jeu dès les premières secondes du film, d’une manière peu subtile. Henry (Geoffrey Rush), le patriarche de la riche famille Nielsen chasse et tire sur une canne, sans réussir à la tuer. La laissant à son sort, c’est le domestique qui vient apporter l’animal blessé à Walter (Sam Neill), patriarche de la famille ouvrière Finch, qui tient une espèce de SPA pour animaux sauvages blessés. La bourgeoisie tue sans sommation, la classe ouvrière soigne, avec résilience. Personnage distant et insouciant des sentiments des personnes qui l’entourent, Henry traverse le film comme un lointain fantôme. Un discours rapide vient mettre un terme à la scierie (dont il est le patron) qui emploie des centaines d’habitants et tient le village à flot. Il ne parle plus jamais de cette fermeture, préférant se concentrer sur son futur mariage, alors que les conséquences de son acte font parties intégrantes du film. Le village se vide peu à peu, créant une tension dans Le secret des Finch, propice à engendrer un terrain glissant vers le drame.

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Le mariage devient le précurseur de la tragédie, montée comme un puzzle maudit, dont toutes les pièces pour arriver à la vérité ne peuvent s’empêcher de s'imbriquer. Christian (Paul Schneider) est donc obligé de revenir dans son pays natal pour être le garçon d’honneur de son père. Son propre mariage étant sur le point de s’effondrer, voir son père épouser son ancienne gouvernante qui a la moitié de son âge est presque au-dessus de ses forces. La rencontre avec son ancien camarade de classe - Oliver (Ewen Leslie), sa femme Charlotte (Miranda Otto, que l’on retrouve avec plaisir) et sa fille adolescente Hedvig (le seul nom de la pièce a ne pas avoir été changé), jouée par Odessa Young qui déchirait tout dans Assassination Nation de Sam Levinson - est alors inévitable dans ce petit village. Charlotte a même été la gouvernante d’Henry, pendant un temps. Une information qui cache bien des secrets…

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On ne peut nier devant Le secret des Finch à quel point Simon Stone essaye de faire du récit un drame poignant de qualité. La photographie de Andrew Commis sublime la forêt adjacente à la maison des Finch et donne droit à des plans magnifiques et travaillés. La monteuse Veronika Jenet utilise parfois un léger décalage temporel entre les dialogues et les images, pour donner un sentiment d’étrangeté, comme si on essayait de prévenir le spectateur que quelque chose ne va pas. Hélas, le film n’arrive jamais à dépasser le stade de l’essai, en manquant cruellement de subtilité et d’intensité. Alors qu’il se veut un véritable chaos émotionnel, le métrage arrive à peine à remuer quelques vagues d’un étang calme et convenu.

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Avec un excès de rebondissements poignants pour compenser un récit peu original, Le secret des Finch s’apparente à un énième mélodrame lisse et peu engageant. Heureusement, les prestations incroyables de Mirando Otto et Odessa Young viennent faire osciller un tant soit peu l’encéphalogramme plat.


Laura Enjolvy