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[CRITIQUE] : Miss Révolution


Réalisatrice : Philippa Lowthorpe
Avec : Keira Knightley, Jessie Buckley, Gugu Mbatha-Raw, Rhys Ifans, Keeley Hawes,….
Distributeur : Pathé
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Britannique, Irlandais, Australien.
Durée : 1h46min

Synopsis :
À la fin des années 60, le concours de Miss Monde est regardé par des millions de spectateurs. En 1970, le Mouvement de Libération des Femmes investit la compétition en plein direct. Cette intervention perturbera à jamais le cours de l'histoire de Miss Monde.


Critique :

La réalisatrice britannique Philippa Lowthorpe dépeint le début du mouvement féministe anglais, le Women’s Liberation Movement au début des années 70’s.

Copyright 2020 eOne Germany

Miss Révolution (Misbehaviour pour son titre VO) se place dans la digne lignée des films sociaux britanniques célébrant l’empowerment féminin, en revenant sur les différents combats menés par les femmes depuis les débuts du féminisme. Les Suffragettes de Sarah Gavron, We want sex equality de Nigel Cole, le film de Philippa Lowthorpe peut être aussi rapproché de Pride, qui revenait sur la lutte des mineurs sous Thatcher aidé par la communauté LGBT, par son côté feel-good. Il y a cinquante ans, la deuxième vague féministe prenait doucement mais sûrement de l’ampleur. Les femmes demandaient une égalité de salaire, le contrôle total de leur corps, l’accès à l’éducation supérieure, la liberté sexuelle, des opportunités salariales comme leurs collègues masculins et une aide de garde d’enfant pour pouvoir réaliser tout cela. Dans le même temps, l’Angleterre se prépare à organiser le concours Miss Monde sur ses terres. Pour la première fois, il ouvre ses portes à une représentante noire de l’Afrique du Sud, sous la pression. Pas question de parler politique toutefois, Miss Monde organisé par le couple Morley, se doit d’être une émission familiale ,où des femmes du monde entier sont examinées sous toutes les coutures, pour déterminer qui est la plus belle. Inédit en France, le film a été projeté en exclusivité sur Canal Plus, dans la grisaille du deuxième confinement.

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Écrit par Rebecca Frayn et Gaby Chiappe, Miss Révolution a la bonne idée de proposer une pluralité de points de vue, présentée par une galerie de personnages. Le film débute par Sally Alexander (Keira Knightley), qui passe un entretien pour entrer à l’université. Divorcée et mère d’une petite fille, elle est convaincue que pour combattre le patriarcat, il faut s’éduquer et décrocher une place parmi les hommes, afin d’obtenir une voix qui compte. De son côté, Jo Robinson (Jessie Buckley) pense qu’il faut renverser le pouvoir coûte que coûte et non y accéder, car les hommes n’accepteront jamais de le partager. Ces deux esprits différents, l’une embourgeoisée malgré son statut de divorcée et en marge, l’autre précaire et rebelle, vont pourtant s’unir face à un ennemi commun : le concours Miss Monde. Le métrage passe de l’autre côté du rideau, pour explorer également les états-d’âmes de ces miss. Pearl Jansen (Loreece Harrison) profite de son temps loin de son pays déchiré par l’apartheid, tout en sentant l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête : elle ne doit en aucun cas parler de son pays sous peine de ne plus jamais revoir ses proches. De son côté, Miss Grenade, Jennifer Hosten (Gugu Mbatha-Raw) y voit l’opportunité de s’approcher de son rêve, devenir présentatrice télévisée. Un rêve difficile à atteindre pour une femme noire.

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Symptôme patriarcal, où la femme n’est qu’un bout de viande offert aux hommes, ou opportunité pour les minorités, qui offre également une représentation positive des femmes noires (considérées par le concours comme étant dans la norme de la beauté au côté des femmes blanches), Miss Révolution aborde avec nuance les questionnements liés au concours de beauté, mais plus généralement aux combats féministes. Le film offre un condensé d’émotions contradictoires, important cependant à représenter. Il évite de ce fait l'écueil du ton moralisateur et propose plutôt le débat. Débats entre générations de femmes, débats entre différentes envies de carrière, débats de classe, de race. Philippa Lowthorpe évoque tout ceci avec un ton judicieusement dosé, entre le feel-good pour passer un bon moment et le réalisme. Des images d’archives de la première marche du Women’s Liberation Movement et des plans des militantes qui ont existé, sont montrés à la fin du film, comme tout film inspiré de faits réels. On aurait presque envie de voir un documentaire sur ces femmes et leur combat, plutôt qu’un biopic certes bien réalisé, mais trop gentillet.

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Miss Révolution revient avec intelligence et nuance sur les mouvements féministes suite au concours Miss Monde et offre différents points de vue, une inclusivité bienvenue. Un feel-good movie social comme on les aime, qui donne de l’espoir et du courage pour continuer une lutte, loin d’être terminée.


Laura Enjolvy



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