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[CRITIQUE] : La vie devant soi


Réalisateur : Edoardo Ponti
Acteurs : Sophia Loren, Ibrahima Gueye, Abril Zamora,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Italien.
Durée : 1h34min.

Synopsis :
Bari, Les Pouilles, Italie. Madame Rosa est une femme âgée juive et ancienne prostituée. Elle accepte à contrecoeur de prendre soin de Momo, un garçonnet de douze ans, issu de la rue et d'origine sénégalaise. D'abord conflictuelle, leur relation va se muer en une profonde amitié...



Critique :


Royale, talentueuse, éternelle et d'une beauté sans nom, Sophia Loren est de ces comédiennes touchées par la grâce du Dieu septième art, qui n'a décemment plus rien à prouver mais qui viennent, sporadiquement, nous rappeler leur grandeur avec une justesse et une prestance qui fout toujours autant des frissons.
Une actrice dont la foisonnante carrière lui a permis d'incarner un riche spectre de la féminité italienne, entre sensualité enflammée et volatile, et glamour chaleureux et maternel, le tout avec une aura fabuleusement authentique.
Absente des plateaux de cinéma depuis plus d'une décennie maintenant, elle nous revient par la petite case Netflix en ces temps trouble de pandémie mondiale, pour illuminer la nouvelle réalisation de son fils Edoardo Ponti (la troisième fois qu'il la met en scène après Between Strangers et le court métrage The Human Voice), La vie devant soi, nouvelle adaptation du best-seller éponyme de Romain Gary, après celle de Moshé Mizrahi qui avait permis à la merveilleuse Simone Signoret, de briguer un César en 1977.

Copyright REGINE DE LAZZARIS AKA GRETA / Netflix

Résolument plus contemporain et délocalisé de Paris à une ville côtière du sud de l'Italie (les quartiers de Belleville n'ont rien à envier à ceux de Bari), la madame Rosa de Loren est une survivante de l'Holocauste et une ancienne prostituée, qui joint désormais les deux bouts en gardant les enfants de prostituées ou de divers marginaux (elle se sait, à raison, plus à même de s'occuper d'eux que les services sociaux), qui ont besoin d'un endroit pour éviter la rue.
C'est une gardienne pieuse et aimante mais stricte qui se soucie vraiment des enfants vivant sous son toit, mais dont la santé commence peu à peu à décliner (elle est sujette à des moments d'oubli et à des épisodes d'errance).
Sa rencontre avec le jeune Momo, un réfugié sénégalais de douze ans, ne se fait pas de la plus facile des manières (il tente de voler son sac à main), ce qui explique sa réticence exceptionnelle à accueillir le garçon à bras ouverts lorsque le médecin du quartier, la supplie de le garder, juste pour quelques semaines.
Si Madame Rosa proteste qu'elle est trop vieille et fatiguée pour affronter un enfant aussi sauvage et délinquant, elle va pourtant, avec l'aide de son entourage - des personnages presque Dickensiens -, offrir une lueur d'espoir et un avenir moins troublé pour le gamin...

Copyright REGINE DE LAZZARIS AKA GRETA / Netflix

Totalement vissé sur l'alchimie naturelle et authentique du tandem Loren/Gueye (une vraie révélation), comme si la caméra captait de vrais morceaux d'existences précieux (appuyé par le score doux de Gabriel Yared), entre une âme en fin de vie (elle ne veut absolument pas être internée, notamment pour ne pas revivre les atrocités de la guerre) et une autre qui est en train de construire la sienne (tiraillé entre une vie de lieutenants d'un baron local, ou une maturité galopante en honorant les souhaits de sa grand-mère de substitution, qui lui a donné un foyer), qui se découvre une tendresse jamais forcée l'un envers l'autre; La vie devant soi est un formidable drame sensible et intime sur le besoin d'amour, d'acceptation et de dignité qui vibrent en chacun de nous.
Un effort délicat et appliqué ou Ponti, qui ne cache absolument pas sa révérence aux maîtres néoréalistes du cinéma rital, sait parfaitement comment sublimer sa mère (de son magnétisme terrestre à son humour naturel, en passant par sa ténacité si méditerranéenne), tout autant que s'appuyer sur la photographie gracieuse et solaire d'Angus Hudson, donnant dès lors une image réaliste de l'Italie d'aujourd'hui, véritable melting-pot multiculturel et humain.

Copyright REGINE DE LAZZARIS AKA GRETA / Netflix

Un mélodrame touchant et élégant, certes prévisible mais amoureusement façonné dans un moule à l'ancienne (un sentiment totalement accentué par la prestation au sang chaud d'une Loren rappelant ses premières apparitions dans le cinéma transalpin), de quoi offrir une belle escapade nostalgique pour tous les utilisateurs de Netflix, entre deux aventures avec Bebel.


Jonathan Chevrier




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