[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #104. Cool Runnings
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !
#104. Rasta Rockett de Jon Turtletaub (1993)
S'il est évidemment facile pour nous aujourd'hui, adultes et bien conscient autant du cynisme de la firme aux grandes oreilles, que de sa volonté à dominer outrageusement une Hollywood la putain sur laquelle elle a déjà bien trop la main mise, gageons qu'en bons mômes des 90's que nous étions, tout film Disney incarnait - et incarne toujours encore, pour la plupart -, une évasion idéale, et pas uniquement dans le giron animé.
Énième film live centré sur le sport et pour les plus petits, sorte d'anomalie au sein de la matrice puisque ne se fixant plus sur les aléas d'une bande de petites têtes blondes combattant l'adversité, Rasta Rockett de Jon Turtletaub s'éloignait comme rarement des archétypes classiques du genre, pour mieux embrasser les contours du feel good movie ou l'échec n'est plus la périphérie d'un effort tout tracé, mais bien une philosophie, avec ses douleurs et ses joies intimes.
Tout est habilement orchestré dans son enthousiasmante et cruelle introduction : Derice Bannock, un sprinter jamaïcain qui vit jour et nuit pour son rêve d'or olympique, voit son destin brisé lors de LA course de qualification, lorsqu'un autre concurrent, le maladroit fils à papa Junior Bevil, tombe du bloc de départ, faisant même trébucher Bannock un troisième coureur, Yul Brenner (clone avant l'heure de Maurice Greene).
Tout est là, trois jeunes hommes qui n'ont que le sport pour se sortir du ghetto de Kingston, et qui par la maladresse de l'un d'entre eux, voient leur bouée de sauvetage jetée à la mer, une vie d'effort foutu en l'air, avec tout le drame que cela implique; un choc quand on sait que la plupart des histoires sportives de Disney soulignent l'importance de la victoire par-dessus tout.
Comme si la victoire ne peut se mesurer sur la réussite personnelle, mais bien à travers des médailles ou un quelconque succès retentissant.
Cool Runnings subvertit finement ce concept en faisant de l'échec un moteur pour un défi encore plus imposant, toujours lié aux J.O. : participer à l'épreuve de bobsleigh aux Jeux Olympiques d'hiver, quitte à créer l'hilarité générale tant la Jamaïque n'a rien d'un pays fait pour les sports hivernaux.
En jouant pleinement la carte Rocky, avec ses outsiders composant une équipe de fortune à tous les niveaux (Bannock, son BFF Sanka, Bevil et Brenner), même du côté de l'entraîneur (Irv Blitzer, conspué dans le milieu suite à une tricherie), le film ne parle plus d'enfants, mais il les touches en plein coeur grâce aux émotions exprimées.
Rarement une oeuvre familiale confectionnée pour un jeune public, ne s'est adressé à eux avec autant de sincérité, arguant un message inconfortable (soyez prêt à l'idée que vos rêves soient brisés de la manière la plus brutale qui soit), au milieu de discriminations à peine masquées et de remises en questions fortes des personnages, certes toujours embaumé dans un parfum de ludisme charmant, mais qui implique que chaque petite victoire n'est le fruit que d'un combat constant, ou l'on reçoit plus de coups que l'on en donne.
Le tout menant à un final crève-coeur - et vraie -, ou voir le bobsleigh de l'équipe totalement anéantie (les quatre hommes abattues, reconnaissant leur défaite et portant l'engin défectueux jusqu'à la ligne d'arrivée), aura sans aucun doute été l'une des séquences les plus pénibles à voir de notre enfance.
Pourtant, au-delà d'un humour accrocheur et d'une tendresse réconfortante, c'est dans la sagesse de ce final que la péloche de Turtletaub tire toute sa force : l'humanité qui se dégage du triomphe intime face à un échec personnel et professionnel, une célébration noble de la défaite.
Car au-delà d'être un pur feel good movie, Rasta Rockett est aussi et surtout une comédie dont la tragédie est gravée dans son ADN, une noirceur latente mais qui ne vient jamais s'exposer plus que raison à l'écran.
Alors évidemment, il n'est pas du tout exempt de défauts (même les nostalgiques purs et durs et les amoureux du métrage, ne peuvent les nier), mais sa capacité à réunir la comédie enfantine et les préoccupations matures, en font un sommet du divertissement familial made in 90's, et un film culte qui n'a décemment pas démérité d'un iota son statut.
Jonathan Chevrier
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !
#104. Rasta Rockett de Jon Turtletaub (1993)
S'il est évidemment facile pour nous aujourd'hui, adultes et bien conscient autant du cynisme de la firme aux grandes oreilles, que de sa volonté à dominer outrageusement une Hollywood la putain sur laquelle elle a déjà bien trop la main mise, gageons qu'en bons mômes des 90's que nous étions, tout film Disney incarnait - et incarne toujours encore, pour la plupart -, une évasion idéale, et pas uniquement dans le giron animé.
Énième film live centré sur le sport et pour les plus petits, sorte d'anomalie au sein de la matrice puisque ne se fixant plus sur les aléas d'une bande de petites têtes blondes combattant l'adversité, Rasta Rockett de Jon Turtletaub s'éloignait comme rarement des archétypes classiques du genre, pour mieux embrasser les contours du feel good movie ou l'échec n'est plus la périphérie d'un effort tout tracé, mais bien une philosophie, avec ses douleurs et ses joies intimes.
Copyright Gaumont Buena Vista International (GBVI) |
Tout est habilement orchestré dans son enthousiasmante et cruelle introduction : Derice Bannock, un sprinter jamaïcain qui vit jour et nuit pour son rêve d'or olympique, voit son destin brisé lors de LA course de qualification, lorsqu'un autre concurrent, le maladroit fils à papa Junior Bevil, tombe du bloc de départ, faisant même trébucher Bannock un troisième coureur, Yul Brenner (clone avant l'heure de Maurice Greene).
Tout est là, trois jeunes hommes qui n'ont que le sport pour se sortir du ghetto de Kingston, et qui par la maladresse de l'un d'entre eux, voient leur bouée de sauvetage jetée à la mer, une vie d'effort foutu en l'air, avec tout le drame que cela implique; un choc quand on sait que la plupart des histoires sportives de Disney soulignent l'importance de la victoire par-dessus tout.
Comme si la victoire ne peut se mesurer sur la réussite personnelle, mais bien à travers des médailles ou un quelconque succès retentissant.
Cool Runnings subvertit finement ce concept en faisant de l'échec un moteur pour un défi encore plus imposant, toujours lié aux J.O. : participer à l'épreuve de bobsleigh aux Jeux Olympiques d'hiver, quitte à créer l'hilarité générale tant la Jamaïque n'a rien d'un pays fait pour les sports hivernaux.
En jouant pleinement la carte Rocky, avec ses outsiders composant une équipe de fortune à tous les niveaux (Bannock, son BFF Sanka, Bevil et Brenner), même du côté de l'entraîneur (Irv Blitzer, conspué dans le milieu suite à une tricherie), le film ne parle plus d'enfants, mais il les touches en plein coeur grâce aux émotions exprimées.
Rarement une oeuvre familiale confectionnée pour un jeune public, ne s'est adressé à eux avec autant de sincérité, arguant un message inconfortable (soyez prêt à l'idée que vos rêves soient brisés de la manière la plus brutale qui soit), au milieu de discriminations à peine masquées et de remises en questions fortes des personnages, certes toujours embaumé dans un parfum de ludisme charmant, mais qui implique que chaque petite victoire n'est le fruit que d'un combat constant, ou l'on reçoit plus de coups que l'on en donne.
Copyright Gaumont Buena Vista International (GBVI) |
Le tout menant à un final crève-coeur - et vraie -, ou voir le bobsleigh de l'équipe totalement anéantie (les quatre hommes abattues, reconnaissant leur défaite et portant l'engin défectueux jusqu'à la ligne d'arrivée), aura sans aucun doute été l'une des séquences les plus pénibles à voir de notre enfance.
Pourtant, au-delà d'un humour accrocheur et d'une tendresse réconfortante, c'est dans la sagesse de ce final que la péloche de Turtletaub tire toute sa force : l'humanité qui se dégage du triomphe intime face à un échec personnel et professionnel, une célébration noble de la défaite.
Car au-delà d'être un pur feel good movie, Rasta Rockett est aussi et surtout une comédie dont la tragédie est gravée dans son ADN, une noirceur latente mais qui ne vient jamais s'exposer plus que raison à l'écran.
Alors évidemment, il n'est pas du tout exempt de défauts (même les nostalgiques purs et durs et les amoureux du métrage, ne peuvent les nier), mais sa capacité à réunir la comédie enfantine et les préoccupations matures, en font un sommet du divertissement familial made in 90's, et un film culte qui n'a décemment pas démérité d'un iota son statut.
Jonathan Chevrier