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[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #108. Semaine du 27 septembre au 3 octobre 2020





Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.

Semaine du 27 Septembre au 3 Octobre



Dimanche 27 Septembre. Detroit de Kathryn Bigelow sur Arte.

Été 1967. Les États-Unis connaissent une vague d’émeutes sans précédent. À Detroit, alors que le climat est insurrectionnel depuis deux jours, des coups de feu sont entendus en pleine nuit à proximité d’une base de la Garde nationale. Les forces de l’ordre encerclent l’Algiers Motel d’où semblent provenir les détonations. Bafouant toute procédure, les policiers soumettent une poignée de clients de l’hôtel à un interrogatoire sadique pour extorquer leurs aveux.

Depuis Demineurs en 2009, le cinéma de Kathryn Bigelow s’est teinté de politique. Mais là où la guerre en Irak et la traque de Ben Laden dans Zero Dark Thirty se teintent d’une ambigüité fascinante, Detroit lui se fait plus frontal, brutal et net. Au travers de cette histoire vraie, la cinéaste tient à filmer sa colère et offre une œuvre chorale qui vient piocher autant dans le thriller que dans l’horreur. Car, Detroit ne détourne jamais le regard de cette nuit, comme si au travers des images Bigelow tenait à provoquer chez son spectateur un spasme, un électrochoc qui doit, en fin de film, faire serrer les poings. Si le film se déroule en 1967, il est encore une fois d’une actualité glaçante et d’une nécessité absolue pour mieux comprendre, pour mieux réaliser, pour mieux, peut-être, changer les choses.

Mais aussi...contre programmation absolue avec Le Nouveau Stagiaire de Nancy Meyers sur TF1. L’automne arrive et qui a-t-il de mieux que le passer dans un film de Nancy Meyers ? Le Nouveau Stagiaire, son dernier film, est une application scrupuleuse de son style. Si la réalisatrice délaisse la romance, elle noue une fausse relation pére/fille touchante le tout emballé dans un récit feel good qui vient égaillé n’importe quel dimanche morose.



Lundi 28 Septembre. Pirates des Caraibes : Le Secret du Coffre Maudit de Gore Verbinski sur W9.

Afin de commander le Black Pearl, Jack Sparow avait signait un pacte avec Davey Jones, le maitre des sept mers, l’obligeant à lui donner un jour son âme. Aujourd'hui, Jones vient donc récupérer sa dette. Mais donner son âme à Jones c'est devenir comme tous les membres de son équipage maudit, un fantôme au physique aussi repoussant que terrifiant. Pour éviter ce sort funeste auquel Jack ne tient pas vraiment, il n'a qu'une solution : retrouver le coffre maudit de Jones où sont cachées les âmes emprisonnées...

La semaine dernière je vous conseille en contreprogrammation, Pirates des Caraibes : La Malediction du Black Pearl. Et si d’habitude j’aime proposer une saga en programmation phare et non pas un seul des volets, je vais faire une entorse pour celui-ci. Pourquoi ? Tout simplement car Pirates des Caraibes : le Secret du Coffre Maudit est mon volet préféré de ceux chapeautés par Verbinski – le reste n’est que déchet. Si le cinéaste poursuit son aventure avec les mêmes qualités que le premier, il se trouve une obsession qui guide tout le métrage : le mouvement. Le Secret du Coffre Maudit ne s’arrête ainsi jamais, que cela soit dans son burlesque que dans son aventure. Cela en fait un blockbuster à la générosité folle, qui puise dans l’imaginaire marin une atmosphère lugubrement espiègle, et permet à son cinéaste de donner quelques nouvelles images gargantuesquement impactantes.

Mais également...P.S. I Love You de Richard LaGravenese sur Cherie25. Sorte d’anti romcom qui n’aborde non pas la naissance de l’amour, mais sa mort. C’est donc avec une délicatesse larmoyante que le film évolue, néanmoins ici et là que récit tricote quelques moments plus légers et joyaux et donne à voir comment se défaire de l’amour n’est pas une chose aisée, mais qu’il n’y a pas de fatalité dans la vie.



Jeudi 1er Octobre. Room de Lenny Abrahamson sur Cherie25.


Jack, 5 ans, vit seul avec sa mère, Ma. Elle lui apprend à jouer, à rire et à comprendre le monde qui l’entoure. Un monde qui commence et s’arrête aux murs de leur chambre, où ils sont retenus prisonniers, le seul endroit que Jack ait jamais connu. L’amour de Ma pour Jack la pousse à tout risquer pour offrir à son fils une chance de s’échapper et de découvrir l’extérieur, une aventure à laquelle il n’était pas préparé.

C’est un sujet particulièrement délicat qu’aborde Lenny Abrahamson. Film de séquestration. D’isolement. D’aliénation. Room est une œuvre aussi frontale que subtile, scrutant l’atrocité sans jamais tomber dans le sadisme ou la manipulation émotionnelle, le cinéaste capture au milieu de l’horreur une relation. Car, loin de n’être que douleur et tragédie, Room est un film d’espoir, un film de combat qui renverse son spectateur, qui l’émeut profondément, le remue indéniablement. Tout cela n’est qu’une succession de choix, aussi bien esthétiques que sonore, le silence y prend une place certaine; tout autant que la partition de Stephen Rennicks, le scénario s’y déploie sans jamais être écrasé et se trouve sublimé par une Brie Larson bluffante et d’un Jacob Tremblay époustouflant.


Thibaut Ciavarella