[CRITIQUE] : The Wave
Acteurs : Justin Long, Donald Faison, Sheila Vand,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Science-Fiction, Comédie, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h27min.
Synopsis :
Frank mène une vie bien rangée d’avocat d’affaires avec femme et hypothèque. La veille d’une réunion décisive, il s’autorise une petite folie et rejoint son collègue dans une beuverie nocturne. De fil en aiguille, Frank absorbe un hallucinogène qui va lui pourrir la vie. Ou l’améliorer, selon la perspective.
Critique :
Entre le complexe et l'arbitraire, totalement vissé sur la perf d'un Justin Long habité, #TheWave est trip d'une bizarrerie jamais aussi maline ni profonde qu'espéré, mais qui n'en reste pas moins un ludique voyage mental façon quête de rédemption attendue, douce et divertissante pic.twitter.com/q1B5s55Z8E— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) September 12, 2020
Qu'on se le dise, ce bon vieux Justin Long est un put*** de comédien qui mériterait franchement son heure de gloire, lui qui a su se tailler une place de choix, même si un poil discrète, au coeur du cinoche indépendant ricain; pour preuve le nouveau long-métrage franchement barré qu'il porte sur ses larges épaules, The Wave de Gille Klabin.
Soit une sorte de mélange moderne entre After Hours et Las Vegas Parano, avec beaucoup plus de drogues et d'ellipses temporels, véritable gros trip hallucinatoire fin fond du terrier du lapin d'Alice, façon comédie noire et surréaliste, certes loin d'être original (on sent l'esprit dérivé plus que singulier qui se cache derrière), mais qui incarne un premier long hautement décalé au coeur d'un catalogue VOD dont le manque de promotion hexagonal, est aussi irritant que frustrant.
Copyright Epic Pictures |
Exigeant à son auditoire si ce n'est une attention de tous les instants, au moins une patience relative pour son premier tiers assez long à la détente, The Wave suit les aléas de Frank, un avocat d'entreprise imbuvable qui travaille pour une grande entreprise sans âme, qui aime profiter de la souffrance des autres - un connard bossant pour des connards, combo.
Après six ans de bons et loyaux services pour sa boîte, Frank est devenu un robot docile mais à l'efficacité redoutable, dont le manque d'empathie et l'inhumanité profonde, lui assure enfin la promotion tant espérée.
Mais tout va changer lorsqu'il accepte l'invitation de son ami et collègue Jeff, qui après un petit passage dans un bar pour fêter la bonne nouvelle, va l'emmener avec deux rencontres féminines dans une soirée ou il va finir ingérer une mystérieuse drogue hallucinogène.
Une drogue qui va lui faire vivre un bad trip dément et étrange, ou il pourra aussi bien faire des bonds dans le temps (des sauts discordants, autant en arrière qu'en avant dans le temps) qu'être la victime d'hallucinations horribles qui lui donnent l'impression de perdre la tête...
Et dès cet instant, cette invitation dans un voyage de tous les possibles - et ou il est impossible de redescendre -, The Wave ne lâche plus son concept et encore moins son spectateur, lui faisant encaisser avec rythme et fluidité les scènes sauvages à la pelle (superbe montage de Lana Wolverton) au coeur d'une expérience profondément cinétique, boostée par des effets visuels réellement impressionnants pour une production aussi mineure - comprendre fauchée.
Laissant tranquillement dégouliner ses artifices de stoner comédie noire et légère profondément psychédélique (qui traduit de manière joliment sensorielle, les troubles de son héros), The Wave, bien plus nébuleux qu'il n'en à l'air (trip d'ailleurs, tant il semble refuser à son auditoire toute compréhension des événements), renoue avec les bandes surréalistes des 60's, avec ses procès d'hommes antipathique visant à rétablir l'harmonie de la justice humaine, au coeur du chaos, mais dont le mal le plus profond est tout simplement pas un complot ou une machination terrible, mais simplement... la dépression face à une vie/un mariage insatisfaisant (l'idée du trip de Frank pourrait démarrer non pas dès qu'il ingère la drogue, mais bien quand il commet un adultère en embrassant une autre femme, voire même lorsqu'il se fait renverser par une voiture, comme s'il était dans une phase de transition au purgatoire).
Copyright Epic Pictures |
Entre le complexe et l'arbitraire, le manque de profondeur et l'esquisse de pistes réellement fascinantes (qui égratigne gentiment la société de consommation et ses artisans les plus vils), totalement vissé sur la performance d'un Justin Long habité et décidé à donner de la matière physique à un personnage à peine traité plus haut que le strate du superficiel (sa sensibilité naturelle casse l'aspect férocement caricatural de Frank); The Wave est d'une bizarrerie jamais aussi maline qu'elle ne l'espèrerait, mais n'en reste pas moins un ludique voyage mental façon quête de rédemption attendue et pas totalement complète, mais suffisamment douce et divertissante pour valoir son pesant de pop-corn.
C'est déjà pas si mal, et force est d'avouer que des expériences comme celles-ci ne courent vraiment pas les rues, même au sein d'une distribution VOD plus que fournit chaque semaine...
Jonathan Chevrier