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[CRITIQUE] : The Rental


Réalisateur : Dave Franco
Acteurs : Dan Stevens, Alison Brie, Sheila Vand, Jeremy Allen White,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Epouvante-horreur, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h28min.


Synopsis :
Deux couples louent une sublime maison face à l’océan pour un week-end de fête. Les quatre amis comprennent très vite que derrière la beauté de l’endroit, un danger les guette : une présence mystérieuse semble les espionner et révèle des secrets inavouables sur chacun d’eux. La tension monte et le week-end de rêve va virer au cauchemar absolu…




Critique :


Pour ses premiers pas derrière la caméra, le comédien Dave Franco, trop souvent dans l'ombre de son frangin James (qui lui-même est depuis quelques temps, un réalisateur adoubé malgré quelques couacs), ne s'est pas forcément rendu la tâche facile en arpentant un genre qu'en tant acteur, il avait quasiment déserté : le cinéma de genre justement, dans toute la richesse et la complexité qui le caractérise.
Entre le home invasion et le thriller paranoïaque, bien décidé à faire pour les séjours Airbnbs, ce que le roi Hitchcock a fait aux motels paumés du fin fond de l'Amérique avec Psychose (la comparaison est d'ailleurs loin d'être anodine), The Rental ne sert au final qu'une fine tranche d'horreur folk à forte tendance grindhouse, pour mieux plaquer sur du pain complet une mise en images plus ou moins adroite des angoisses modernes sur l'économie du tourisme/voyage, et le potentiel sadisme macabre qui se loge derrière.



D'une simplicité - volontaire - évidente et ce jusque dans son pitch (deux couples de la ville, s'offrent un week-end en bord de mer dans une maison de location), le film s'inscrit dans une terreur " à l'ancienne ", aux angoisses résolument plus psychologiques que physiques, un petit divertissement certes maladroit mais étonnamment épuré, méchant et impitoyable, tout droit sorti des 70's, jouant autant sur la friction de la confiance entre les uns et les autres (et dont le contexte actuel de la pandémie du Covid-19, donne une aura encore plus particulière), que notre dépendance croissantes aux applications qui dépendent des avis d'autrui, pour fabriquer le notre.
Plus intéressé à poser son cadre et son ambiance, plus qu'à tenter - vainement - de renouveler le genre (il a totalement conscience de ne pas être ni Ari Aster, ni Jordan Peele), Franco fait preuve d'une retenue admirable, sa caméra est patiente sans être prétentieuse (même si l'on sent clairement sa cinéphilie déborder sur certains plans), sublimant son cadre maussade (bien aidé par la superbe photographie lugubre de Christian " Atlanta " Sprenger) tout en laissant suffisamment d'espace à ses comédiens pour étoffer leurs personnages gentiment manipulateurs (croqués avec plus ou moins de pertinence), pour tenir en haleine pendant un tout petit peu plus de 80 minutes.
Saupoudré de quelques secousses scénaristiques occasionnelles (prévisibles mais efficaces, à l'exception de son final totalement insignifiant), évitant scrupuleusement les jumps scares faciles et putassier, The Rental part dans une direction plus risquée - parce que casse-gueule - mais pas totalement payante parce que manquant cruellement de perversité : une réflexion dérangeante sur la confiance que l'on peut porter à des étrangers (et surtout à un hôte qui a toujours accès à la maison que l'on loue, alors qu'il est censé ne plus être sur les lieux), mais surtout à ceux qui sont censés être les personnes les plus proches de nous (l'adultère... mais pas que).


Plus intéressé à pointer du bout de la pellicule les cauchemars quotidiens qui se cachent derrière nos nouvelles habitudes de consommation, plutôt que de créer un vrai moment de flippe aux protagonistes empathiques et aux saillies violentes qui ne viendront finalement jamais, The Rental navigue un brin dans le brouillard, entre une tension timide et une vraie envie d'explorer les travers de notre société contemporaine, et des rapports humains qui l'animent.
Reste que s'il ne prend jamais le taureau par les cornes, Dave Franco dévoile de ci de là, quelques bribes de ce que pourrait être son cinéma à l'avenir, et avec un poil plus de rigueur et d'esprit frondeur, cela pourrait vraiment être chouette.


Jonathan Chevrier

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