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[CRITIQUE] : Lucky Strike


Réalisateur : Kim Yong-hoon
Acteurs : Jeon Do-yeon, Jung Woo-sung, Bae Sung-woo, Youn Yuh-jung,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Sud Coréen.
Durée : 1h48min.

Synopsis :
Un corps retrouvé sur une plage, un employé de sauna, un douanier peu scrupuleux, un prêteur sur gage et une hôtesse de bar qui n’auraient jamais dû se croiser. Mais le sort en a décidé autrement en plaçant sur leur route un sac rempli de billets, qui bouleversera leur destin. Arnaques, trahisons et meurtres : tous les coups sont permis pour qui rêve de nouveaux départs…



Critique :


Un simple sac Louis Vuitton va être vecteur de meurtre et de cupidité dans le premier long-métrage du réalisateur coréen Kim Yong-hoon.
Lucky Strike (Beasts Clawing at Straws) s’empare du style film noir/ film de gangster, avec ses quelques clichés spécifiques pour former un récit complexe, d’une grande dextérité. On en oublie même qu’il s’agit du tout premier long-métrage de son réalisateur, tellement il déroule pour le spectateur une histoire solide. Kim Yong-hoon déjoue intelligemment les pièges d’un film choral et fait du fameux sac lourd de billet de banque l'élément phare, présent à chaque plan, physiquement ou par les actions des personnages. Une façon ne de jamais faire perdre de vue l’enjeu et l’attention chez le spectateur, refusant un récit secondaire parasite.



Réceptionniste dans un bain public, Joong-man trouve un sac dans un des casiers, laissé par un client. Il regarde dedans et trouve un nombre conséquent de billet. Il décide de le cacher dans la réserve, parmi les objets perdus pour le moment. Point de départ du film, il va dérouler tous les éléments qui ont précédé la trouvaille du réceptionniste, incluant de nombreux personnages. Tae-young, agent de l’immigration doit de l’argent à Du-man. Yeon-hee, tenancière d’une maison close, voit en Mi-ran, une escort girl, une porte pour obtenir une très grosse somme d’argent en tuant son mari qui la bat. Tous ces personnages vont se croiser, s’affronter avec une seule idée en tête, l’argent. Pour certains, ils y voit une opportunité de s’enfuir, pour d’autres, d’augmenter leur niveau de vie et pour les derniers, d’éviter de se faire tuer. Le sac passe de mains en mains, apportant avec lui cruauté et meurtre. Un conte immoral se déploie, où l’issue est incertaine.



Le scénario s’amuse à nous emmener sur de fausses pistes. C’est une vraie toile d’araignée qui se dévoile, tissant doucement des liens entre les personnages. Le temps n’est pas linéaire et les lignes temporelles se confondent, mais finissent par se rattraper grâce à d’infime détails disséminés ça et là. Malgré les petits twists présents pour pimenter le récit, le spectateur ne se sent pas floué avec des éléments tirés par les cheveux. Kim Yong-hoon parvient à maintenir l’équilibre de ce film choral, notamment grâce aux personnages gonflés à bloc, à la limite de la caricature. Ces archétypes contribuent à rendre les nombreux rebondissements à la fois crédibles et efficaces, tout en assumant un certain côté fun sur l’immoralité des nombreux protagonistes. Les performances en sont alors décuplés et nous sentons presque les acteurs s’amuser dans leur rôle. Si Lucky Strike renforce les clichés, notamment sur le rôle de la femme fatale qui ici est sûrement le personnage le plus cruel et assoiffé de pouvoir, le film joue avec nos attentes pour en faire un personnage louvoyant dans un monde d’homme, qu’elle a su faire sien en adoptant leur technique. Même si l’on doit un peu gratter pour trouver des défauts, on peut reprocher au film de manquer de folie. Kim Yong-hoon resserre tellement son histoire, la maîtrisant de A à Z que l’oeuvre finit par en pâtir, avant de se reprendre dans un final où une drôle d’ironie prend de son ampleur.



Découpé en différentes parties (un peu inégales), Lucky Strike est le divertissement qu’il nous fallait pour ce début d’été. Entre thriller noir et critique sociale, le film déploie une histoire fluide et maîtrisée. Premier long-métrage, nous avons hâte de voir la suite du travail de Kim Yong-hoon.


Laura Enjolvy 


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