[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #99. Semaine du 14 au 20 juin 2020
Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 14 Juin au 20 Juin
Dimanche 14 Juin.
Billy Elliot de Stephen Daldry sur Arte.
Billy, onze ans, vit dans un petit village minier du Nord-Est de l’Angleterre. Poussé par son père et son frère à suivre des cours de boxe, il va découvrir que dans les mêmes locaux se tient un cours de danse. Le jeune Billy devient fasciné par l’art du ballet, il abandonne la boxe pour des cours de danse alors que Mme Wilkinson voit en lui un talent potentiel. Un jour son père et frère découvrent qu’il a dépensé l’argent de ses cours de boxe pour des cours de danse…
D’une belle fluidité et une éternelle fraicheur, Billy Elliot possède un scénario assez classique dans son déroulement et dénouement, mais la force du long-métrage est ailleurs. Car si le film marque, c’est parce qu’il est une ode à la tolérance, l’acceptation de la différence et la porosité de ce qui « fait » fille et ce qui « fait » garçon. Prônant l’évolution des mentalités et soulignant la beauté de l’art dans toutes ses forces (ici la danse) ; Billy Elliot — brillamment interprété par le tout jeune Jamie Bell — doit faire face à l’incompréhension de son paternel et la lente acceptation de ce dernier. Cela apporte tout du long du film des moments dramatiques autant que de passages lumineux. Après tout qui n’a pas écrasé une larme devant cette scène où Billy danse pour son père ?
Mais aussi... C8 propose Le Crime de l’Orient Express de Sidney Lumet. Première adaptation du célèbre roman d’Agatha Christie, elle en reste l’une des meilleures — surtout si on compare à celle de Kenneth Branagh. Entouré de Lauren Bacall, Ingrid Bergman, Sean Connery ou encore Albert Finney, Lumet offre un huis clos d’une grande tenue. Mais, plus malin qu’il n’y parait, le cinéaste s’amuse de la précision de sa reconstitution, de l’élégance de sa mise en scène comme une métaphore même d’une intrigue jouant sur les faux semblants.
Mais également... toujours à 21 h, France 2 propose Night and Day de James Mangold. Un curieux blockbuster qui se savoure comme un hybride entre thriller d’espionnage, action movie et romcom. Le réalisateur s’en donne à cœur joie au sein d’un film ne reniant jamais sa légèreté et son humour tout en donnant à voir un spectacle des plus réjouissants.
Lundi 15 Juin.
Les Évadés de Frank Darabont sur M6.
En 1947, Andy Dufresne, un jeune banquier, est condamné à la prison à vie pour le meurtre de sa femme et de son amant. Ayant beau clamer son innocence, il est emprisonné à Shawshank, le pénitencier le plus sévère de l’Etat du Maine. Il y fait la rencontre de Red, un Noir désabusé, détenu depuis vingt ans. Commence alors une grande histoire d’amitié entre les deux hommes...
Frank Darabont fait partie des rares cinéastes à avoir su adapter Stephen King, et à plusieurs reprises. Mais comment fait-il ? Les Evadés est un film qui ne précipite jamais son récit afin de mieux en capter toute l’émotion. C’est dans ce temps long que se niche toute la richesse des adaptations de Darabont. En Effet, derrière la dénonciation d’un système où les individus perdent leur identité et toute forme de dignité; le cinéaste tente de coller au plus prés de ses personnages, afin d’en capter le moindre détail, mais surtout pour en faire la colonne vertébrale de nos émotions. C’est ici même que Darabont vient transcender la nouvelle originale de King, en capturant et décuplant un de ses aspects, tout en cultivant une poésie tout en sobriété qui vient émailler l’œuvre et lui donner un humanisme renversant.
Mais aussi... FranceO propose American Gangster de Ridley Scott. Un film où le cinéaste replonge dans les seventies, à l’époque ce cinéma ample et glauque. Voici donc, Ridley Scott s’adonnant à ce qu’il aime le plus, les fresques. Si sa mise en scène se fait somptueusement élégante, son film d’un flou permanent; le réalisateur au travers de la carcasse du soldat, capte une troublante Amérique se servant de sa chair comme une poudre à canon avant de finir en mule pour dealers.
Mardi 16 Juin.
Le Seigneur des Anneaux : Les Deux Tours de Peter Jackson sur TF1.
Après la mort de Boromir et la disparition de Gandalf, la Communauté s’est scindée en trois. Perdus dans les collines d’Emyn Muil, Frodon et Sam découvrent qu’ils sont suivis par Gollum, une créature corrompue par l’Anneau. À travers la Terre du Milieu, Aragorn, Legolas et Gimli font route vers le Rohan, le royaume assiégé de Theoden. Cet ancien grand roi, manipulé par l’espion de Saroumane est désormais tombé sous la coupe du malfaisant Magicien. Entretemps, les Hobbits Merry et Pippin, prisonniers des Uruk-hai, se sont échappés et ont découvert dans la mystérieuse Forêt de Fangorn un allié inattendu…
Dans ce second opus, Peter Jackson impose définitivement ses ambitions. Cette fois-ci l’aventure se complexifie, aussi bien dans la richesse des thématiques que dans la structure même du long-métrage. Cela donne une fresque gargantuesque qui ne cesse de se trimbaler d’une intrigue à l’autre avec la même fluidité que dans La Communauté de l’Anneau. Comme toute suite, celle-ci vient s’imbiber d’une noirceur abyssale, notamment avec l’arrivée de Gollum, mais c’est bien l’épique qui vient totalement emporter son spectateur. La bataille du gouffre de l’Helm reste un tour de force inouïe, à la fois tentaculaire et lisible, fourmillant de détails et exaltante de bout en bout. On est clairement un cran au-dessus du précédent volet et l’aventure n’est pas encore terminée.
Thibaut Ciavarella