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[CRITIQUE] : Un Fils


Réalisateur :  Mehdi M. Barsaoui
Acteurs : Sami Bouajila,  Najla Ben Abdallah, Youssef Khemiri,...
Distributeur : Jour2Fête
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Tunisien, Qatarien, Libanais, Français.
Durée : 1h43min

Synopsis :
Farès et Meriem forment avec Aziz, leur fils de 9 ans, une famille tunisienne moderne issue d’un milieu privilégié. Lors d’une virée dans le sud de la Tunisie, leur voiture est prise pour cible par un groupe terroriste et le jeune garçon est grièvement blessé.. 




Critique :


Il faut en avoir du courage - et un peu de corones aussi - pour aborder le thème hautement difficile du terrorisme par le prisme du deuil et d'un mélodrame savamment tendu (le tout dans un cadre encore plus complexe, un pays de confession musulmane) et bouleversant, quand on passe derrière une caméra pour la première fois.
C'est le pari audacieux et risqué opéré par Mehdi M. Barsaoui avec Mon Fils, dont il a également signé le scénario, une oeuvre complexe et d'une densité assez étonnante pour un premier essai.
Complètement ancré dans son contexte - le début des années 2010 -, le film nous catapulté en Libye alors que Tripoli, est sur le point de tomber face à une insurrection galopante qui grandit de l'autre côté de la frontière.
Une famille tunisienne s'amuse jusqu'au moment où elle est inexplicablement attaquée par un groupe de terroristes, dont la violence sourde aura des conséquences terribles.
S'ils parviennent à s'échapper à temps, leur jeune fils se fait tirer dessus et a cruellement besoin d'une assistance médicale.


C'est alors que le métrage bascule sur un tout autre genre, et qu'il se focalise sur les conséquences de cette rencontre fortuite, notamment le secret affligeant - une infidélité lors d'un moment critique de leur union - que garde les deux époux l'un envers l'autre, qui les met dans une situation incroyablement délicate autant dans leurs rapports, que leur tentative de sauver coûte que coûte leur progéniture (la loi islamique interdit les dons d'organes en dehors de la famille biologique).
De la même manière - toute propension gardée - que Manele Labidi avec Un Divan à Tunis, Barsaoui inscrit une histoire personne dans un contexte plus large - la Tunisie -, en proie aux changements bons (l'évolution lente des moeurs) comme mauvais (l'insurrection et les conflits persistants); mais surtout il arrive a instaurer un vrai équilibre dans sa tension, à la fois viscérale - l'incertitude du destin d'un enfant entre la vie et la mort - et déchirante, magnifié par une photographie splendide (rendant justice à des paysages somptueux) et une partition d'acteurs incroyable (Sami Bouajila en tête, puissant en homme dont l'intégrité et la masculinité est profondément remis en cause, et qui prouve une fois de plus si besoin était, qu'il est l'un des meilleurs comédiens du septième art hexagonal), dont l'émotion palpable qui s'en dégage, continuer à nous hanter même longtemps après vision tant on continue de s'inquiéter pour l'avenir de la famille.
Proche des premiers films d'Alejandro G. Inarritu (jusque dans le score d'Amin Bouhafa), Un Fils est un brillant premier long-métrage dont le suspens et les dilemmes moraux qui l'habitent nous prennent littéralement aux tripes.


Jonathan Chevrier


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