[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #40. The Replacement Killers
© 1998 - Columbia Pictures, Inc. |
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !
#40. Un Tueur pour Cible d'Antoine Fuqua (1998)
À une époque ou tous les cinéastes et comédiens du giron " burné " du continent asiatique, étaient venus faire leur beurre au sein de la riche mais pervertissante Hollywood (une exode bien aidée par un JCVD qui s'était fait une mission d'importer le cinéma HK outre-Atlantique), Chow Yun-Fat était le dernier à dégainer son passeport pour le pays de l'oncle Sam, peut-être trop conscient que le cinéma local ne pourrait rien ne lui apporter plus - artistiquement parlant tout du moins -, que ce qu'il a pu accomplir pendant vingt ans auparavant (soit être LA plus grande star du cinéma d'action asiatique, avec Jackie Chan), soit l'incarnation parfaite du tueur magnétique, digne, gracieux dans le carnage et avec un vrai code d'honneur, que l'on ne peut pas détester.
Véritable déclic du nivellement vers le bas d'une carrière jusqu'alors exceptionnelle, son premier projet en terre US, Un Tueur pour Cible d'Antoine Fuqua, dont c'était également le premier passage derrière la caméra (un vrai rendez-vous de première fois donc), s'avère pourtant un vrai petit B movie comme on les aime, un véhicule découpé au bout de pellicule près pour initier le public ricain au charisme animal du plus fidèle des acolytes de John Woo (ici présent à la production, le monde est petit hein), tout autant que contenter les amateurs de symphonie de gunfight majeur, emballé avec suffisamment d'énergie et de hargne animer bien plus qu'une simple soirée pizza.
© 1998 - Columbia Pictures, Inc. |
Véritable film d'action hongkongais fabriqué en Amérique - avec l'étiquette " God Bless America " bien collée dessus -, assumant pleinement ses références (dont, comme beaucoup, Le Samouraï de Jean-Pierre Melville en tête), The Replacement Killers épouse l'exubérance du genre sans forcément y apporter la moindre valeur ajoutée ni même la moindre personnalité, une sorte de copie-calque appliqué et loin d'être désagréable, qui s'amuse a étirer plus que de raison une histoire au demeurant simpliste et peu originale, mais prétexte à de vraies empoignades musclées ou chaque balle tirée incarne une mélodie mécanique savoureusement jouissive - entre deux tubes " tendance " mal choisis.
Plus animal que jamais (l'incarnation charmante et implacable du cool, avec une pointe de mélancolie à la Bronson en mode l'Homme à l'harmonica), Chow y campe donc John Lee, un immigré chinois à L.A., qui doit doit une faveur au parrain Terence Wei : tuer le môme du flic qui a assassiné le sein, en plein trafic de drogues.
Ne pouvant se résoudre à abattre sa cible, Lee devient lui-même une cible - d'où le titre -, et se doit de trouver des papiers fissa pour aller sauver les seins en Chine, avant que Wei ne leur fasse la peau, déjà qu'il cherche à lui faire la sienne aux États-Unis.
Cela le conduit dans le repaire de Meg Coburn, une faussaire sexy (et Fuqua insiste LOURDEMENT dessus, filmant sous toutes les coutures les courbes de la magnifique et trop rare Mira Sorvino) mais coriace, qui va se retrouver embarquer malgré elle dans la fuite de Lee, et sa quête de papiers...
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Des fusillades minutieusement chorégraphiées et un poil sanglant d'un côté, des personnages aussi plats qu'un panneau publicitaire de l'autre, le tout emballé avec un ton faussement cool (action lisible, zooms, ralentits et autres quelques inclinaisons bien pensées, le petit guide du cornaqueur d'actionner est bien revise) et des couleurs savamment saturés pour taper la rétine, la péloche ne fait pas dans la dentelle et elle le fait bien, s'assurant même la présence d'une immense galerie de gueules cassées (Jürgen Prochnow, Michael Rooker, Danny Trejo, Til Schweiger, Clifton Collins Jr,...), comme d'une assurance légitime pour son adoubement par les fans du genre.
Un vrai petit B movie humble et qui dépote, ou Chow Yun-Fat en imposait guns en mains, lui qui était encore loin de sa perte de dignité affolante dans la peau de Tortue Géniale dans l'incident industriel Dragon Ball Evolution.
On ne s'en est jamais vraiment remis, et lui non plus...
Jonathan Chevrier