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[CRITIQUE] : Tenzo


Réalisateur : Katsuya Tomita
Acteurs : Chiken Kawaguchi, Shinko Kondo, Ryugyo Kurashima,...
Distributeur : Survivance
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h03min

Synopsis :
Chiken et Ryûgyô sont deux bonzes de l'école bouddhiste Sôtô. Ils se sont connus pendant leur apprentissage spirituel. Chiken, qui vit avec sa femme et son fils à Yamanashi, s’investit dans la prévention du suicide et dispense les préceptes d'une alimentation végétale et zen. A Fukushima, Ryûgyô, seul, fait face aux ravages du tsunami. Son temple détruit, il travaille au déblaiement de la région et accompagne les victimes relogées en préfabriqués.



Critique :


On avait laissé le talentueux et atypique cinéaste japonais Katsuya Tomita (dont le parcours est aussi fascinant qu'il force le respect) il y a près de trois ans déjà, avec Bangkok Nites, mosaïque foisonnante (trois heures au compteur) aussi rude que poétique dans les arcanes infernales de la mégalopole thaïlandaise, entre errance dramatique et vrai discours social et politique.
Résolument moins long - deux heures de moins -, et tendant cette fois non plus vers la fiction réaliste mais bien plus vers une oeuvre hybride entre documentaire et fiction, incroyablement sensorielle et immersive, sur une poignée d'hommes et de femmes abîmés au coeur d'une société japonaise post-Fukushima littéralement en crise.



Fixé sur deux bonzes de l’école bouddhiste Sôtô, Chiken et Ryûgyô, et leur manière de combattre les soucis du quotidien en aidant comme ils le peuvent leurs concitoyens, Tenzo offre par la force d'un double portrait miroir, un regard fascinant sur la religion bouddhiste, tranchant subtilement les idées reçues (les moines, certes zen, ne sont ici pas cantonnés dans leurs temples, mais ont une vraie part active et nécessaire dans la société), tout autant qu'il éclaire avec justesse son auditoire sur la pensée philosophique bouddhiste, qui promuent l'interdépendance des êtres et la sensibilité des rapports à la nature et à autrui.
Entre saynètes fictionnelles et entretiens face caméra, chapitré en six parties - au nom des saveurs de la cuisine nippone -, le film est une fine et vive invitation liant la méditation, la spiritualité et la rêverie à l'introspection sociale, dominée par une mise en scène fluide et ciselée.
Une petite heure sobre et passionnante sur grand écran, qui en dit beaucoup sur notre société contemporaine avec très peu de moyens et d'artifices, gageons que c'est assez rare pour passer à côté...


Jonathan Chevrier


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