[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #71. Semaine du 1er au 7 décembre 2019
Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 1er Decembre au 7 Decembre
Dimanche 1er Decembre.
La fille de Ryan de David Lean sur Arte.
En 1916, dans un petit village irlandais, Rosy Ryan, la fille du tavernier, romantique et discrète, épouse l’instituteur Charles Shaughnessy, de 15 ans son ainé. La morne routine conjugale ne comble aucun de ses désirs. Bientôt, elle s’éprend de Randolph Doryan, un officier britannique.
La fille de Ryan fut mal accueilli par la critique lors de sa sortie en 1970. Il faut dire qu’émerge au même moment le Nouvel Hollywood, mouvement incarné par Le Lauréat, Easy Rider ou encore M*A*S*H, des films quasi documentaires qui parle des maux de l’époque. Alors quand le cinéaste de Lawrence d’Arabie offre un film romanesque, prolongeant une nouvelle fois le gigantisme propre à son style début quelques années, il apparait comme ringard. Pourtant, La fille de Ryan est certainement le film le plus intime du metteur en scéne, celui où il est le plus libre de ses mouvements afin de saisir la naissance d’une passion. Contrairement à ses précédentes réalisations, le contexte historique est ici une toile de fond, sur laquelle Lean peint une œuvre à la beauté renversante, qui donne corps à un drame bouleversant, dans lequel réside toute la force de son cinéma. Loin de son accueil désastreux, La fille de Ryan est peut-être le plus grand film de son auteur.
Mais aussi... 6Ter programme Alexandre d’Olivier Stone. Le cinéaste américain est devenu un spécialiste du biopic (The Doors, Nixon, W. l’improbable président ou le récent Snowden), avec Alexandre il renoue avec ses obsessions. La grandeur, la décadence, les conspirations, la paranoïa. Le cinéaste imbibe la pellicule d’une densité cinématographique assez dingue, le montage, le mixage, les filtres colorés, de ralentis ou encore les flashs mentaux sont tant d’aspects donnant un film complexe.
Lundi 2 Decembre.
Incassable de M.Night Shyamalan sur W9.
David Dunn, agent de sécurité à Philadelphie, a échappé à une catastrophe ferroviaire sans la moindre égratignure. Selon Elijah Price, un mystérieux marchand d’art atteint d’une maladie des os, David est un homme « incassable », un superhéros qui s’ignore. Cette révélation laisse David perplexe, mais pas son fils…
Un an après le succès de Sixieme Sens, M.Night Shyamalan revient avec ce que je considère comme son chef d’œuvre, Incassable. Bien avant la marvelisation des films de superhéros, le cinéaste vient réinventer le genre, s’il en épouse les contours et en reproduit les figures, le gentil et le méchant, il émerge tout cela dans une ambiance réaliste. Construisant un scénario loin de tout manichéisme, Shyamalan y déploie une atmosphère singulière; à la fois pesante et envoutante qui articule des thématiques autour de la notion de destinée, dont on ne peut s’échapper et qui inflige dès lors pour les personnages une tristesse latente. Tout cela, est un point de départ que Shyamalan viendra amplifier avec Split en 2017, avant de conclure le tout dans Glass en 2019.
Mais aussi... TMC propose avant la sortie du dernier Star Wars, une rétrospective avec Star Wars : la menace fantôme de George Lucas. L’évènement de l’année 1999 qui débuté une prélogie devant expliquer la naissance de Dark Vador et de l’empire. Un film qui a plutôt mal vieilli, mais qui surtout emprisonne en son sein autant d’idées purement orgasmiques — la course de module avec Anakin — que d’idées dont on se serait franchement passé — Jar Jar Binks pour ne citer que lui. Reste pour tout amoureux de la saga, le plaisir de la retrouver.
Jeudi 5 Decembre.
Les Goonies de Richard Donner sur Gulli.
Astoria est une modeste et paisible cité portuaire de la côte Ouest. Trop paisible pour ses jeunes habitants, qui se lamentent du fait qu’il ne se passe jamais rien. Mickey Walsh, treize ans, venait de prononcer une de ces phrases fatidiques qui annoncent parfois les aventures les plus étranges, les plus folles et les plus amusantes.
Décembre arrive et Les Goonies s’imposent dès lors comme une évidence. Imaginée par Steven Spielberg, le film, estampiller Amblin, est un pur plaisir régressif. Mené à un rythme effréné, le récit est parsemé d’évènements, d’intrigues et de dialogues désopilants, qui évoque par instant l’esprit des screwball comédies des années 30. Si le long-métrage est réalisé par Richard Donner, on peut s’empêcher de sentir la patte spielberienne dans cette sensation d’être face à un jeu vidéo dont chaque niveau donne droit à une nouvelle énigme. Contenant en son sein une bande de gamins attachant, et encapsulant l’esprit des 80’s, Les Goonies est un film increvable, indémodable, et donc forcément intemporel.
Mais aussi... L’équipe diffuse Coup de tête de Jean-Jacques Annaud. Un long-métrage sur l’univers du foot, mais qui tangue avec délectation vers la comédie satirique, qui évoque la façon dont le succès change le regard des gens. Réside également dans cet écrin, un film sur la France, sur les supporteurs, sur la mesquinerie de certains, qui fait de sa toile de fond — le foot — le support d’un propos sociologique qui égratigne quelque peu l’image de ce sport; mais contient surtout un immense Patrick Dewaere.
Thibaut Ciavarella