[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #31. Jerry Maguire
© 1996 TriStar Pictures, Inc. All Rights Reserved. |
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !
#31. Jerry Maguire de Cameron Crowe (1996)
Qu'on se le dise, le cinéma béni (oui) de Cameron Crowe est sans conteste l'un des cinémas les plus sentimentaux et personnels que le septième art ricain est connu ses trois dernières décennies, un condensé parfait de douceur et d'évasion ayant connu ses plus belles heures de gloire durant les précieuses 90's.
N'en déplaise à beaucoup, le bonhomme est un grand monsieur dont chaque (trop rares) rendez-vous incarne une bulle de légèreté, de poésie et de finesse dans des salles obscures qui n'en contiennent jamais assez, et encore plus aujourd'hui où le cynisme des productions abrutissantes est roi.
Dommage que les dîtes salles justement, le boudent assez férocement aujourd'hui, l'obligeant à aller voir sur le petit écran si l'herbe y est plus fraîche et cinégénique (le flop de sa série Roadies prouve que non, malheureusement), mais nous obligeant surtout à nous réfugier dans les visions répétées de ses glorieuses bandes d'antan, Presque Célèbre et Jerry Maguire en tête, de vrais films doudous qui vous enlacent avec une chaleur revigorante.
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De vrais et beaux feel good movies, même s'ils n'en ont pas l'air de prime abord... surtout Jerry Maguire, dont les fausses allures de comédie dramatique que les arcanes de l'industrie du sport de haut niveau, laisse in fine entrevoir les courbes de l'une des plus touchantes et réalistes romances du cinoche ricain des années quatre-vingt-dix.
On y suit la trajectoire descendante et la prise de conscience existentielle de Jerry Maguire justement, un agent sportif professionnel ultra populaire, à la vie faussement parfaite (l'American Dream en puissance, superficialité du succès et d'un amour peu sincère et basé sur les apparences, en prime), et qui a tellement de clients qu’il ne prend même plus la peine de ne soucier ne serait-ce que de l’un d’eux.
Il passe le plus clair de son temps en tant que guerrier de la route, un de ces joggeurs assidus du business que l'on voit sprinter téléphone vissé à l'oreille dans les aéroports, accumulant les milles tels grands voyageurs sans vraie vie intime, pour rechercher l'excellence sportive dans toutes les disciplines, non pas pour la beauté du sport, mais clairement pour se faire un paquet de pognon.
Une nuit, il est frappée par une attaque de panique dans une chambre d'hôtel isolée et écrit une note de service sur son métier, une vraie profession de foi ou il admets que les agents professionnels devraient être moins préoccupés par l'argent que par leurs clients.
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Un essai qui lui vaut une ovation au bureau, mais surtout un licenciement dans la foulée car un agent prolifique est un agent qui garde ses pensées pour lui et qui ne pense qu'aux profits - l'humanité et l'éthique sont des concepts surfait.
Persuader de pouvoir perdurer sans un appuie d'une grosse agence derrière lui, il décide de se lancer en solo, et lorsqu'il quitte en trombe les locaux de ses anciens employeurs, poisson rouge sous le bras, il demande qui serait prêt à partir avec lui, seule Dorothy, une veuve comptable (et maman d'un petit bout de chou incroyablement mignon) rencontrée une seule fois à l'aéroport - mais qui craque sensiblement pour lui -, se lève et dit qu'elle croit en lui.
Ensemble et sans le sou (ils partent vivrent chez la soeur gentiment exubérante et ironique de Dorothy), ils vont tenter de faire leur trou en s'occupant du seul client que Maguire a réussi à convaincre de rester dans son camp : Rod Tidwell, receveur moyen pour une équipe de la NFL les Arizona Cardinals, un showman au grand coeur qui veut lui aussi bouffer sa part du lion en enchaînant les spots publicitaires et en renégociant son contrat pour définitivement mettre à l'abri sa famille, alors qu'il attend un nouvel enfant bientôt.
Sauf que peu à peu, le bonhomme n'est plus vraiment dans les éléments les plus populaires du championnat, Dorothy commence à ressembler de moins en moins à une comptable mais plus à l'épouse - vraiment - la plus merveilleuse du monde, et Jerry commence à se perdre entre un avenir professionnel tortueux et une vie sentimentale ayant mis la charrue avant les boeufs...
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Démarrant comme une fresque cynique (égratignant le sport-business, une vision qui paraît cependant franchement vieillotte aujourd'hui, vu l'évolution considérable du milieu ses deux dernières décennies) avant de tendrement se réchauffer sous la puissance réconfortante des regards aimants d'une Renee Zellweger littéralement à tomber (la douceur incarnée), Jerry Maguire, à la B.O. toujours pertinente - une valeur sûre chez le cinéaste -, joue sans réserve la carte de la bienveillance et de l'optimisme à toute épreuve dans une ode rédemptrice et idéaliste (jusque dans sa vision de l'amour, que l'on retrouvera plus tard dans Presque Célèbre et Rencontre à Elizabethtown) contre les fausses valeurs de l'accomplissement vendu par l'American Dream, en recentrant la richesse de toute existence dans ce qu'elle a de plus sincère et vraie : l'amitié, la famille et l'amour.
En digne héritier de Frank Capra, avec son héros positif mais à la psyché torturée (Tom Cruise, tout en nuances, fait des merveilles), désirant trouver la grandeur et le bonheur dans une profession où seul le succès compte, Cameron Crowe soigne son histoire de renaissance intérieure en sublimant tous ses personnages (jusqu'aux seconds couteaux, les merveilleuses Bonnie Hunt et Regina King en tête) et son apparente simplicité.
Rien n'est plus fort à l'écran que les sentiments humains et intimes bien croqués - ce qui les rend aisément universels - et les interactions entre des personnages à l'alchimie palpable (les duos Cruise/Zellweger et Cruise/Gooding Jr sont fantastiques), pour laisser transparaître un message fort : la transformation psychologique de deux hommes devant valoriser quelque chose de plus important que l'argent toi, alors que leurs femmes respectives elles, avaient assimiler cette vérité depuis toujours.
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Les quêtes initiatiques masculines ont toujours été authentiques, fédératrices et empathiques chez Crowe, et celle-ci en est décemment l'une des plus belles, tant elle vous touche en plein coeur comme les douces sonorités enivrantes et jazzy du titre Secret Garden du roi Bruce Springsteen...
Jonathan Chevrier