[CRITIQUE] : Je promets d’être sage
Réalisateur : Ronan Le Page
Acteurs : Pio Marmai, Léa Drucker, Mélodie Richard,...
Distributeur : Apollo Films
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h40min.
Synopsis :
Après des années de galère dans le théâtre, à bout de nerfs, Franck plaque tout ! Il aspire à une vie qui se tienne enfin et accepte un poste de gardien de musée loin de Paris, au calme. C’était sans compter sur Sibylle, une agent de surveillance caractérielle qui va lui mener la vie dure et tout faire pour le décourager. Ils vont pourtant être amenés à s’allier pour monter une petite escroquerie. Une chance peut-être de reprendre leurs vies en main…
Critique :
Wannabe screwball comedy aux dialogues ciselés où Léa Drucker et Pio Marmaï, excellents et à l'alchimie incroyable, se pourrissent avec un plaisir non feint dans une ambiance joliment irrévérencieuse,#Jeprometsdetresage est une petite bulle malicieuse au souffle comique détonnant pic.twitter.com/KTUiQwi8Id— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) August 15, 2019
Il aura fallu plus de deux décennies d'une carrière discrète mais pas moins brillante, composée d'une flopée de seconds rôles d'exception et de trop rare grands rôles, pour que l'exceptionnelle Léa Drucker soit enfin reconnu à sa juste valeur dans le paysage cinématographique français, et qu'elle rallie sans trembler tous les suffrages.
Un rôle majeur et universel, celui d'une mère courage, protégeant ses enfants d'un ex-mari brutal dans le puissant Jusqu'à la Garde de Xavier Legrand, un film important qui lui permet de chiper le César de la meilleure actrice en février dernier.
Passé un plus où moins divertissant Roxane à la fin du printemps, c'est par le biais d'un nouveau premier film qu'elle nous revient dans les salles obscures en ce plutôt riche mois d'août : Je promets d'être sage de Ronan Le Page, pour lequel elle partage la vedette avec un autre comédien férocement mésestimé, le génial Pio Marmaï.
Comédie dramatique gentiment singulière et énergique, muée par une amoralité aussi étonnante qu'elle est profondément jubilatoire, la péloche suit l'histoire d'un burn out, celui de Frank, un metteur en scène de théâtre en pleine galère qui décide in fine de tout plaquer, même la capitale, pour devenir un gardien de musée en province, sous les ordres de la redoutable agente de surveillance Sybille.
Si leurs caractères les opposent fortement, les deux vont pourtant s'allier pour mener à bien une escroquerie...
Jouant savoureusement des contraires au coeur d'une wannabe screwball comedy aux dialogues ciselés, où les deux personnages principaux - à l'alchimie incroyable - s'invectivent avec un plaisir non feint dans une ambiance joliment irrévérencieuse, Je promets d'être sage est une petite bulle malicieuse au souffle comique détonnant, qui n'a jamais peur de s'éloigner clairement de la fausse promesse de son titre.
Et si tout le monde s'éclate dans un royaume des dingues où être borderline est un vrai crédo, difficile de ne pas retenir pourtant le jeu tout en nuances de Léa Drucker, géniale en femme toxique et psychorigide qui laisse cependant peu à peu, déceler des failles à un auditoire qui n'a d'yeux que pour elle.
Tant pis alors, si l'histoire coule un peu à pic à l'orée de son ultime virage, et si le metteur en scène ne propose rien de bien à se mettre sous la dent côté mise en scène (c'est plat, et ça ne rend absolument pas justice à la finesse du scénario), le film est l'une des belles surprises made in France de cet été ciné 2019, et on serait bien bête de ne pas se laisser tenter par la jouissive proposition qu'il incarne...
Jonathan Chevrier