[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #54. The Golden Child
© 1986 Paramount Pictures |
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#54. Golden Child, L'Enfant Sacré du Tibet de Michael Ritchie (1987)
Qu'on se le dise, tous les enfants des 80's/90's, ont été biberonnés aux comédies savoureusement irrévérencieuses du génial Eddie Murphy, avant que quelques choix de carrière maladroits couplés à des flops plus où moins retentissants, n'est définitivement enterré le bonhomme dans les limbes de la jungle Hollywoodienne, malgré de petits sursauts d'estime au fil des deux dernières décennies.
Et à une heure où il pourrait bien s'offrir un come-back comme le cinoche ricain les aime tant (Dolemite pour Netflix, la suite du Prince de New York chez Paramount), il n'y a donc rien de plus naturel que de se replonger avec nostalgie, dans les aventures passées de l'éternel Axel Foley, celles dont on a poncées les VHS plus que de raison.
© 1986 Paramount Pictures |
Sorte de rip-off cheap mais fandard d'Indiana Jones (et un temps voulu comme un drame d'aventure lorsque Mel Gibson en était le lead), Golden Child : l'Enfant Sacré du Tibet est décemment de celles que l'on a le plus regardé... et aimé.
Véritable madeleine de Proust qui rappelle parfois le bijou Big Trouble in Little China du roi John Carpenter (qui avait un temps, été sondé pour le mettre en boîte, lui qui avait déjà le trio Victor Wong, James Hong et Peter Kwong au casting), autant par son utilisation du fantastique en rapport à la culture asiatique, que par la présence au casting de l'excellent Victor Wong, le film suit l'histoire de Chandler Jarrel, un détective privé au bagout unique, spécialisé dans la recherche d'enfants disparus.
Contacté par la belle Kee Nang (Charlotte Lewis (gros crush pour tous les ados de l'époque), qui voit en lui l'élu d'une prophétie ancestrale, il se lance dans une quête terrifiante et mystique pour retrouver l'enfant sacré, un môme tibétain possédant des pouvoirs divins, kidnappé par un gang de mercenaires dominé par le le suppôt de Satan Sardo Numspa (Charles Dance, déjà génial et inquiétant bien avant Game of Thrones).
Pour le vaincre et retrouver l'enfant, il lui faudra partir au Tibet, et récupérer un poignard magique...
Plongeant tête la première dans le surnaturelle, sensiblement bon enfant sue la durée - divertissement familial oblige - tout en se permettant parfois quelques séquences bien dark (un aspect horrifique totalement assumée, et qui le rapproche, toute propension gardée, du Temple Maudit de Spielberg, autant que dans la culture populaire asiatique (en empilant tous les archétypes possibles en l'espace de quatre-vingt-dix minutes, de la femme dragon trois fois centenaire aux moines magiciens, en passant par plusieurs combats d'arts martiaux), plombé par des SFX grand guignolesque tout droit sortie d'une série Z horrifique (avec un démon final so Evil Dead III) et une mise en scène amorphe (Michael Ritchie n'aura jamais vraiment connu plus haut fait dans sa carrière); The Golden Child n'a que pour lui ses dialogues délirants, ses bonnes intentions et un Eddie Murphy au sommet de son art... et c'est presque amplement suffisant, tant il joue tout du long avec malice, sur les facultés comiques extaordinaires de son interprète vedette.
Rares sont les comédiens habitués à la scène tel que Murphy (Chris Rock peut-être, et feu Robin Williams avec qui il partage une certaine douceur sous-jacente), à appliquer chacune de ses réactions au rythme du film (et non obliger le film a tourner autour de ses saillies comiques), bonifiant chacune des situations par la force d'un timing d'improvisation proprement unique.
© 1986 Paramount Pictures |
One man show barré mais génial, entre action plus ou moins prenante et intrigue prétexte à un humour rarement fin mais férocement enthousiasmant, la péloche, qui prend une saveur toute particulière en VF - comme tout bon film de l'époque -, a le charme et la saveur toute particulière des bandes d'aventures made in 80's : imparfaite et n'ayant pas réellement bien vieillit avec le temps, mais qui arrive pourtant à survivre dans nos souvenirs de jeunes cinéphiles, comme un bon moment de cinéma comme on en fait plus, férocement ancré dans leur époque.
Et on les appréciera toujours pour cela, malgré leurs gros défauts...
Jonathan Chevrier