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[CRITIQUE] : Halte

 

Réalisateur : Lav Diaz
Acteurs : Piolo Pascual, Joel Lamangan, Shaina Magdayo,...
Distributeur : ARP Selection
Budget : -
Genre :  Science-Fiction, Drame.
Nationalité : Philippin, Chinois.
Durée : 4h39min.

Synopsis :
Nous sommes en 2034. Cela fait trois ans que l’Asie du Sud-Est est dans le noir, littéralement. Le soleil ne se lève plus, suite à des éruptions volcaniques massives dans la mer de Célèbes. Des fous dirigent les pays, les communautés, les enclaves et les villes. Des épidémies cataclysmiques ont ravagé le continent. Ils sont des millions à être morts, des millions à être partis.




Critique :

Et si ce que l'on surnomme plus communément, et sans doute assez injustement au fond, l'été des blockbusters, ne s'imposerait pas finalement, comme le garant totalement improbable, d'une distribution aussi dense que magnifiquement complexe ? 
Pas avare en péloches de qualité jusqu'à présent, même si assez éclatée sur la durée, gageons que ce brillant mercredi de sorties appuie joliment cette théorie sans qu'on ne l'ai franchement vu venir, entre un animé psychédélique et jouissif (Promare), un bad trip hallucinatoire et grandiose (Midsommar), sans oublier un documentaire passionnant et immersif (Diego Maradona) ainsi qu'un petit bijou de SF philippin et chinois, Halte de Lav Diaz.
Un petit bijou qui n'a de petit que d'expression, puisqu'il incarne une proposition imposante de... 4h39.
Une contrainte relativement osée aujourd'hui, tant les propositions diverses n'excèdent que très rarement les 2h30 de bobines, et exigent trop rarement à son auditoire de pleinement se laisser embarquer.



Odyssée futuriste d'une beauté renversante, Halte nous catapulte au coeur d'une Asie du Sud-Est coincée dans une nuit sans fin, où le peuple philippins est torturé aussi bien par des éruptions volcaniques empêchant le soleil de se lever, que par un dictateur furieusement barré et dangereux, protégé  par des drones et une garde rapprochée strictement féminine.
Une mise en abîme surréaliste dans la forme mais pas tant que cela dans son fond, puisqu'elle ne fait qu'incarner un miroir déformant proprement passionnant d'une société contemporaine boursouflée par son consumérisme, et dont la montée du nationalisme devient de plus en plus importante et inquiétante.
Par la force d'un noir et blanc d'une poésie funeste proprement renversante (et ressemblant à une succession de tableaux imprégnant la rétine pour longtemps), totalement appuyée par une mise en scène maîtrisée et irréprochable, Diaz nous enveloppe dans un songe d'anticipation aussi brutal (parce que son réel n'est, au fond, pas si science-fictionnelle que cela) qu'apaisé, une fable sociale sombre et affûtée qui mérite amplement l'après-midi - ou la matinée/soirée - qu'on aura le bon ton de lui consacrer.


Jonathan Chevrier


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