[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #57. Semaine du 21 au 27 juillet 2019
Chaque semaine je fais — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une programmation cinématographique autour de trois œuvres.
Semaine du 21 Juillet au 27 Juillet
Dimanche 22 Juillet.
Monsieur et Madame Adelman de Nicolas Bedos sur France2.
Comment Sarah et Victor ont-ils fait pour se supporter pendant plus de 45 ans ? Qui était vraiment cette femme énigmatique vivant dans l'ombre de son mari ? Amour et ambition, trahisons et secrets nourrissent cette odyssée d'un couple hors du commun, traversant avec nous petite et grande histoire du dernier siècle.
Ne vous laissez pas avoir par le nom, oui Nicolas Bedos est clivant, détesté autant qu’il est acclamé, et je dois avouer que j’avais toujours fait plus ou moins partie de la première catégorie. Alors quand a était annoncé Monsieur et Madame Adelman écrit, mis en scène et interprété par Nicolas Bedos j’ai cru m’évanouir. J’avais tort. Sur toute la ligne. Le — jeune — réalisateur insuffle au cinéma français un romanesque qui lui fait souvent défaut; vibrant d’énergie, d’idée, le film est d’une impertinence folle, d’une hilarité permanente et surtout il respire par tous les pores d’un amour pour le 7e art. C’est comme cela que je me suis mis à utiliser des mots tels qu’ambitieux, génial, jouissif ou encore enjoué pour qualifier Monsieur et Madame Adelman tout en me surprenant d’attendre impatiemment son prochain film.
Lundi 23 Juillet.
Et Pour Quelques Dollars de Plus de Sergio Leone sur France3.
Le Colonel Mortimer et l’Homme sans nom « Le Manchot » en français, officient comme chasseurs de primes dans l’Ouest profond. Les deux hommes s’associent pour mettre le colt sur El Indio, une brute épaisse dont la mise à prix permettrait aux deux hommes de couler des jours heureux.
Cette fausse suite de Pour Une Poignée de Dollars est le film pivot de Sergio Leone, celui qui l’implantera comme l’un des maîtres du western. Le réalisateur affirme encore son style outrancier, ultra-violent, tapageur, mais surtout il personnifie le changement, pont entre le classicisme des films hollywoodien et l’émergence du cinéma européen. C’est comme cela que Et Pour Quelques Dollars de Plus impose un sens de la narration qui se fait cœur même du métrage, cela se mêle avec la conscience fine de l’Histoire du cinéma. C’est comme cela que Leone parvient à relire le genre, le critique tout autant que l’exagérer. C’est comme cela que Leone impose un nouveau genre, anoblissant considérablement l’appellation « western spaghetti ».
Jeudi 25 Juillet.
Spy Games : Jeu d’Espions de Tony Scott sur TMC.
Sur le point de prendre sa retraite, Nathan Muir, un vétéran de la CIA, apprend que Tom Bishop, son ex-partenaire, vient d’être capturé en Chine, alors qu’il préparait, sans le consentement de ses supérieurs hiérarchiques, l’évasion d’un détenu étranger. Quelques années plus tôt, les deux hommes formaient un tandem de choc. Accusé d’espionnage, Tom sera exécuté dans les prochaines 24 heures. Les hauts dirigeants de la CIA, craignant une crise internationale, refusent de se porter à son secours. Oubliant les rancœurs du passé, Nathan va se lancer dans sa mission la plus personnelle et la plus dangereuse pour tenter de sauver la peau de l’un de ses meilleurs hommes.
Spy Games est du Tony Scott pur jus. Le cinéaste a toujours prouvé durant sa carrière son aisance dans le genre de l’action livrant des films — souvent — endiablés, et Spy Game confirme sont talent. Alternant les époques, le film permet au réalisateur d’expérimenter un montage schizophrénique tout en maintenant une fluidité épatante. Épousant les codes du genre, Scott parvient au milieu de ce récit a imbibé la caméra de son style, images accélérées, travelling, changements de couleur, pellicule qui se figent. Plastiquement parfait, le long-métrage bénéficie évidemment du duo Robert Redford/Brad Pitt dont la filiation saute aux yeux, mais surtout de la partition musicale de Harry Gregson Williams. Le revoir aujourd’hui fait réaliser a quel point Tony Scott manque au cinéma américain, mais également a quel point celui-ci s’est lissé dans son approche de l’action et de l’immersion.
Thibaut Ciavarella