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[CRITIQUE] : Spider-Man : Far From Home

 

Réalisateur : Jon Watts
Acteurs : Tom Holland, Jake Gyllenhaal, Zendaya, Samuel L. Jackson, Jon Favreau, Cobie Smulders, Marisa Tomei,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Aventure.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h10min.

Synopsis :
L'araignée sympa du quartier décide de rejoindre ses meilleurs amis Ned, MJ, et le reste de la bande pour des vacances en Europe. Cependant, le projet de Peter de laisser son costume de super-héros derrière lui pendant quelques semaines est rapidement compromis quand il accepte à contrecoeur d'aider Nick Fury à découvrir le mystère de plusieurs attaques de créatures, qui ravagent le continent !



Critique :


Succéder à l'immense trilogie de tonton Raimi était sans doute un passage de témoin trop imposant pour le pourtant talentueux Marc Webb, et son diptyque Amazing Spider-Man fut fragilisé au mois autant par l'écrasante comparaison avec son illustre ainé, que par le désir un tantinet abusif de la maison-mère Sony, à vouloir franchiser à outrance au sein d'un Spidey-verse toujours d'actualité, toute la mythologie du Tisseur crée dans les 50's par Stan Lee et Steve Ditko.
Pas forcément plus habile mais bien aidé par l'appui tutélaire d'un MCU bien content d'avoir - en partie - ramener son héros le plus populaire au bercail depuis Civil War, et veillant désormais gentiment au grain pour éviter tout débordement (comprendre : tout divertissement qui sortirait du moule lisse et de plus en plus sans saveur de la firme) et lui offrir un cadre solide; Jon Watts rebootait à nouveau le personnage il y a tout pile trois ans avec Spider-Man : Homecoming.




Un retour aux sources - tout est dans le titre - qui se devait d'installer les nouvelles bases du personnage sur grand écran dans une sorte de reconstruction 2.0 résolument plus tournée vers le teen movie et le divertissement total joliment léger, zappant l'idée redondante de l'origin story facile.
Le résultat était aussi enthousiasmant que profondément frustrant, entre la chronique adolescente initiatique à l'humour plutôt bien sentie, très " John Hughes " dans l'esprit (une filiation assumée jusqu'au bout de la pellicule), et le film de super-héros classique à l'action furieusement plate et jamais immersive, aux combats jamais marquant et encore moins lisible - pas aidé non plus par des CGI pas toujours inspirés -, qui nous faisaient amèrement regretter l'approche totalement opératique et millimétrée de Raimi, que ce soit en terme d'action ou d'émotions (étroitement liés).
On espérait donc que dès le second opus, le Watts allait corriger le tir dans ce sens (même si prendre du galon sans réalisation entre les deux, s'était un brin utopique soyons honnêtes), lui qui avait déjà à négocier le lourd héritage d'un Avengers : Endgame au final tragique, et encore plus pour un jeune Peter devant faire face à son destin sans l'absence de sa pseudo figure paternelle Tony Stark; mais aussi à amorcer les premières pistes d'une Phase 4 de tous les possibles, et franchement intriguante sur le papier.



Mais, et de manière assez logique au final, Far From Home se retrouve tout comme Homecoming, le cul entre deux chaises et ne relève absolument pas le nivellement vers le bas d'un MCU ne se contentant plus que du strict minimum, pour ramasser en masse du billet vert dans les salles obscures.
Partant d'un point de départ franchement intéressant (la réadaptation au quotidien, des victimes de Thanos cinq ans après leur " disparition/vaporisation "), avec la promesse d'introniser Spider-Man en pion majeur des Avengers, mais aussi la perspective d'un deuil paternel adoucit par l'arrivée tonitruante de Mysterio, cette suite semblait suivre le parcours évident et tout tracé des thématiques chers à un jeune Spidey en train de construire sa propre légende (même si l'ombre de Stark planait sur tout le film), au sein d'un film se voulant autant comme un teen movie initiatique - dans le prolongement de Homecoming - qu'un film super-héroïque un peu plus mature, assumant pleinement ses virages dramatiques et intimes - comme les films de Raimi.
Sauf que la péloche de Watts saccage avec une frénésie férocement frustrante, toutes ses (potentielles) bonnes volontés en les sacrifiant sur l'autel du divertissement estival drôle mais limité façon road trip romantico-futile dans sa première moitié (avec une vision ridicule et très américaine de l'Europe), avant de jouer la carte du roller-coaster shooté au fond vert et aux enjeux un poil plus sérieux, dans sa seconde plus entraînante.



Totalement connecté au MCU (ce qui l'empêche tout du long d'avoir une identité propre), bazardant son émotion sur deux, trois scènes à peine mélancoliques tout en infusant sa bobine d'un sentiment de coolitude un poil forcé comme dans toutes les suites ou presque de la firme (Les Gardiens de la Galaxie en tête), là ou New Generation transpirait ce sentiment de tous ses pores sans forcément le vouloir (reste que, SPOILERS, revoir le grand J.K. Simmons en Jonah J. Jameson, ça fait salement son petit effet); Far From Home, qui peine à véritablement épouser sa noirceur, s'inscrit au final dans la droite lignée du film a qui il sert de complément, Avengers : Endgame, avec qui il partage les mêmes qualités (l'humour, une action generique mais pour une fois dans un cadre un peu inédit, les personnages attachants que l'on adore suivre) et les mêmes défauts (scénario simpliste et complexifié à outrance à coups de rebondissements rarement bien amenés, des SFX indignes d'une telle production et ne sublimant jamais des scènes spectaculaires trop génériques pour être marquantes).
Dommage quand on sait qu'il apporte des sujets importants dans sa besace (le traitement de l'information moderne en tête, à l'heure des réseaux sociaux et des fakes news) et qu'à la différence du Vautour dans le précédent film, il y a ici un minimum de soin apporté au vilain majeur, Mysterio - même si l'écriture aurait pu être bien plus juste -, incarné avec prestance par un Jake Gyllenhaal tout en nuances (même si, SPOILERS, le faire mourir est une très mauvaise idée), et dont l'alchimie avec un Tom Holland toujours impeccable (entre gravité et candeur juvénile rafraîchissante, même si les maux de Parker sont réduits qu'à des soucis romantiques), est vraiment palpable.



Mieux, Zendaya apporte du corps à MJ et incarne sans forcer, l'un des persos féminins les plus passionnants de la firme.
Si l'aventure épique n'est pas au rendez-vous tant le film ne raconte pas ou peu grand chose - comme les Ant-Man -, sans que la séance soit pour autant désagréable (il est plaisant à regarder du début jusqu'à la fin, malgré quelques longueurs), Spider-Man : Far From Home n'en reste pas moins ce qu'il se devait d'être coûte que coûte : un pur pop corn movie so-MCU façon bulle de légèreté enthousiasmante (il n'est jamais aussi juste que lorsqu'il laisse parler le teen movie qui est en lui) mais vite consommable, venant ouvrir le bal d'une doublette juillet/août 2019 que l'on espère bouillant... dans les salles obscures.


Jonathan Chevrier



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