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[CRITIQUE] : Toy Story 4


Réalisateur : Josh Cooley
Acteurs : avec les voix de :  Jean-Philippe Puymartin, Richard Darbois, Pierre Niney, Franck Gastambide, Jamel Debbouze,...
Distributeur :  The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Animation, Aventure.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h40min

Synopsis :
Woody a toujours privilégié la joie et le bien-être de ses jeunes propriétaires – Andy puis Bonnie – et de ses compagnons, n’hésitant pas à prendre tous les risques pour eux, aussi inconsidérés soient-ils. L’arrivée de Forky un nouveau jouet qui ne veut pas en être un dans la chambre de Bonnie met toute la petite bande en émoi. C’est le début d’une grande aventure et d’un extraordinaire voyage pour Woody et ses amis. Le cowboy va découvrir à quel point le monde peut être vaste pour un jouet…



Critique :

Il y avait quelque chose de formidable à la vision du final merveilleusement émouvant de Toy Story 3 de Lee Unkrich, une sensation de perfection et de cohérence tellement rare aujourd'hui, à une époque où le franchises sont étirées plus que de raison à coups de films ne faisant que singer la maestria de l'oeuvre originale (si tenté qu'elle en est, car on franchise tout et n'importe quoi qui a un minimum de succès).
Les aventures de Woody et Buzz se clôturaient en apothéose, et même s'il était difficile de se dire qu'on ne les retrouverait plus jamais sur grand écran (heureusement, il nous restait quelques mini-films Pixar produits sporadiquement depuis), on ne pouvait espérer meilleur final.



Sauf que la frénésie productive et pécuniaire de la major aux grandes oreilles, qui a recueilli la firme à la lampe Pixar dans son écurie des talents à l'aube des années 2010, ne pouvait laisser dormir trop longtemps une telle poule aux oeufs d'or telle que Toy Story, et un improbable quatrième opus est très vite venu s'incruster dans leur planning de sorties, nous laissant aussi consterné et effrayé quand au potentiel résultat, qu'un tantinet excité (Woody et sa bande oblige).
S'il y a une certitude du côté de chez Pixar, la firme s'est toujours planté avec ses seconds opus, tant même le réussi Indestructibles 2 est résolument inférieur à son brillant aîné - et que dire des deux suites de Cars du Monde de Némo ou le prequel Monstres Academy -, une sorte de malédiction dont était immunisé jusqu'alors, Toy Story... et qui continuera encore à l'être, car même s'il est inférieur au précédent opus, il n'en reste pas moins une réussite, légitime et vraiment prenante.
S'il reprend totalement ou presque la même dynamique qui animait les deux derniers films, en catapultant ses jouets géniaux hors de leur zone de confort (exit la maison de Bonnie, bonjour la fête forraine), le film vogue pourtant en mer inconnue, entre une mission de sauvetage qui rappelle de bons souvenirs (Woody devant sauver Fourchette, un tout nouveau jouet créé par Bonnie mais qui se sent plus comme un déchet qu'autre chose) et une vraie mise en images d'un passé douloureux (la disparition de Bergère, dans une ouverture extraordinaire), toute intimement reliée à Woody, une nouvelle fois au centre des débats, lui qui a toujours été le véhicule parfait pour exprimer toutes les thématiques de la saga.



De la jalousie au supposé rejet, de la découverte de son passé populaire et son envie d'être un objet de désir à l'attachement indéfectible à son propriétaire et son dévouement incroyable pour garder les siens soudés, Woody est passé par tous les stades possibles (quitte à manger peu à peu, la vedette à son co-pilote Buzz), et une nouvelle fois, Josh Cooley en fait celui qui portera toute l'interrogation du métrage : la place des jouets dans notre monde.
Si le but majeur d'un jouet est de donner du bonheur et de l'amusement à ses jeunes - où moins jeunes - propriétaires, n'est-il pas également possible qu'ils puissent vivre leurs propres existences et leurs propres aventures ?
N'est-il pas possible qu'un jouet puisse t-il être plus qu'un simple... jouet ?
En poussant Woody à sauver coûte que coûte Fourchette, Cooley redéfinit les contours de la saga, épousant l'idée de la quête identitaire originelle (accompagné les enfants jusqu'à ce qu'ils ne veulent plus de leurs jouets) pour mieux intelligemment la pervertir (qu'est-ce qu'un jouet au fond, puisque tout peut l'être aux yeux d'un enfant, même une simple fourchette en plastique) au sein d'une intrigue certes foutraque et pas toujours maîtrisée, mais débordante de sincérité.



Fourmillant d'idées et de nouveaux persos excellents (Fourchette et le cascadeur québécois en tête), visuellement époustouflant (la 3D vaut le déplacement), formidablement bien rythmé et franchement très drôle (la VF dépote, comme d'habitude sur la saga), Toy Story 4, pas dénué de quelques longueurs (notamment dans le final, aussi émouvant soit-il), alterne les regards nostalgiques vers le passé et ceux ambitieux vers l'avenir dans une aventure lucide, prenante et réussite, certainement dispensable pour beaucoup, mais qui saura ravir (et rassurer) les fans de la saga.
Un retour aux sources naturel pour mieux  rebondir et se réinventer, Josh Cooley aurait sans doute pu faire mieux, mais le plaisir est bien là, à tel point que l'on serait même plus du tout fermé à l'idée d'un cinquième film d'ici quelques années...


Jonathan Chevrier





Quand j'étais petite et que Toy Story venait de sortir, je n'étais pas très au fait des théories féminstes ni même très en phase avec la notion de représentation.
Je savais cependant déjà que je ne voulais pas être la bergère. Personne n'avait envie d'être la Bergère, c'était bien plus cool d'être Woody.




Mais j'ai grandi, le monde a changé et aujourd'hui, Bo (la Bergère) est un modèle tout à fait valable pour une jeune femme comme moi.
Toy Story 4 clôture mon enfance ; Cette saga m'appris à rêver que mes jouets sont des créatures vivant sous mon lit (là où je les "rangeais" la plupart du temps), puis à comprendre que la valeur intrinsèque des choses réside dans l'usage que l'on en fait (oui, c'est le message que j'ai compris dans Toy Story 2), pour enfin apprendre à quitter le domicile familial (je suis allée à la fac en même temps qu'Andy). Et aujourd'hui, j'ai encore appris avec Toy Story 4, j'ai appris que les modèles familiaux classiques avec lesquels j'ai grandi n'étaient pas une fatalité, que chaque structure avait des avantages et des inconvénients et que chaque individu pouvait trouver un modèle qui lui convient.



Alors, oui, si vous n'avez pas encore vu le film, cette critique peut vous apparaître un peu obscure, mais je vais détailler ici les éléments du film qui me poussent à raconter ma vie. (contient des éléments importants de l'intrigue)
Woody, nouvellement adopté avec ses amis par Bonnie, a ici perdu son aura de chef. Il accorde beaucoup d'importance à sa propre importance. Se voulant toujours essentiel, il va jusqu'à accompagner sa nouvelle enfant à l'école, et lui apportera un peu de réconfort dans ce monde de brutes qu'est le jardin d'enfant.
Woody, ici, remplit son rôle d'allié, rôle qui ne le quittera plus du reste du film.Au détour d'une péripétie, il retrouve la trace de Bo, qui s'est "perdue". Les jouets, vivant dans l'angoisse perpétuelle de la perte, ne peuvent concevoir une existence hors de l'appartenance à un enfant. Mais Bo ne vit pas cet état de fait comme un problème, au contraire, elle est très heureuse de pouvoir procurer de l'amour à plusieurs enfants, de ne pas avoir peur de la casse, ni même de l'abandon. Elle profite de la vie et de l'amour des plusieurs enfants.



Car l'écriture du film n'aura de cesse d'utiliser les jouets dans leur fonction d'objet transitionnel. Les jouets de Toy Story ne sont pas des humains, il ne vivent pas dans les mêmes structures que nous, mais ils se plient à un certain imaginaire collectif. Dans notre époque de 2019, à quoi correspondent encore les images et les objets datés de 1950 ? Est-ce que l'on peut continuer avec cet héritage tout en progressant vers un monde plus égalitaire ?
Le film nous répond que oui, que nous devons comprendre qui nous sommes et d'où nous venons sans refuser la nouveauté et la façon d'être de chacun. Tous les jouets ne sont pas fait pour n'avoir qu'un seul enfants et tous les enfants peuvent apprendre à devenir qui ils veulent.



Alors il était important que Woody apprenne, dans Toy Story 4, à lacher prise, à ouvrir les yeux sur le fait que son absence n'allait pas causer l'effondrement de la psyché de son enfant, que le monde n'allait pas s'auto-détruire sans lui. Il fallait qu'il apprenne à donner de la valeur à la parole des personnages féminins qui l'entourent, à laisser des responsabilités aux autres et à ne plus être au centre de l'histoire.
Que de chemin parcouru ensemble, mon gentil cowboy, je te dis au revoir, et merci pour tout.


Marie-Laure


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