[CRITIQUE] : Piranhas
Réalisateur : Claudio Giovannesi
Acteurs : Francesco Di Napoli, Ar Tem, Viviana Aprea,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Italien.
Durée : 1h52min
Synopsis :
Nicola et ses amis ont entre dix et quinze ans. Ils se déplacent à scooter, ils sont armés et fascinés par la criminalité. Ils ne craignent ni la prison ni la mort, seulement de mener une vie ordinaire comme leurs parents. Leurs modèles : les parrains de la Camorra. Leurs valeurs : l’argent et le pouvoir. Leurs règles : fréquenter les bonnes personnes, trafiquer dans les bons endroits, et occuper la place laissée vacante par les anciens mafieux pour conquérir les quartiers de Naples, quel qu’en soit le prix.
Critique :
Entre Génération Perdue (en sensiblement moins fantastique) et Scarface, catapulté dans les gangrenées et tragiques ruelles napolitaines, #Piranhas est une chronique choc, immersive et violente sur des jeunes poissons se rêvant requins dans l'océan de la criminalité italienne pic.twitter.com/Lch2XzL11n— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 7 juin 2019
Gageons que le festival international du film policier de Beaune a souvent eu du nez dans ses sélections chaque année, et 2019 ne trahira absolument pas cette vérité : El Reino, Les Oiseaux de Passage, Face à la Nuit, Dragged Accross Concrete et Piranhas, toutes des péloches d'exception et primées de surcroit, pour ne pas gâcher la fête.
Ayant les honneurs d'une sortie dans nos salles obscures (le Zahler n'aura à nouveau pas cette chance) et déjà primé à Berlin, le film de Claudio Giovannesi, nouvelle adaptation du roman éponyme de Roberto " Gomorra " Saviano, nous plonge sans la moindre concession dans le quotidien criminel des babys-gangs napolitains, des gamins qui rêvent de faire leur trou dans la Camorra, quitte à liquider les leaders pour mieux régner à leur place.
Des gamins sans peurs et sans âge mais avec une foi inébranlable en eux et en la loi du plus fort : celle des armes, pour mieux forcer sa place dans une société qui les rejete.
Le crime pour seul échappatoire, comme seul évolution sociale pour des mômes qui veulent bouffer leur part de luce dans la société de consommation, et réussir dans la facilité où, tout du moins, en pressant la détente plus qu'en travaillant à l'école.
Sorte de Génération Perdue sensiblement moins fantastique se rêvant Scarface, catapulté dans les ruelles gangrenées et tragiques d'un Naples tout sauf cinéphilique, Piranhas croque le Rise & Fall de pirahnas (le titre est on ne peut plus adéquat) se rêvant requins dans l'océan de la criminalité italienne, des jeunes à la moralité biaisée (et à la violence sourde totalement dédramatisée et banalisée), pour qui le bien et le mal sont des notions nébuleuses, et dont l'ambition dévorante de monter les échelons du milieu en sautant plusieurs barreaux en cours de route, en fond des êtres aussi imprévisibles qu'ils sont dangereux.
Des minis Tony Montana, l'empathie et la folie poudrée en moins, que Claudio Giovannesi filme avec un réalisme prenant malgré la pléthore de clichés usés, bien aidé par la précision chirurgicale des enquêtes de Saviano, dans une sorte de Gomorra en culotte courte aussi furieux qu'il est puissant, même s'il lui manque ce petit " je ne sais quoi " en plus pour vraiment imprimer la rétine.
Sans doute un vrai sous-texte politique appuyé, montrant les plaies béantes d'une Italie qui ne sait plus comment se soigner, et encore moins se relever...
Jonathan Chevrier