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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #39. Lethal Weapon

© 1987 Warner Bros. Pictures

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !



#39. L'Arme Fatale de Richard Donner (1987)

1987, le buddy cop movie est autant à l'apogée de son âge d'or qu'à l'aube de son ultime souffle (il agonisera au début de la décennie suivante), ne s'offrant que quelques renaissances sporadiques durant les 90's, tel un phoenix plus ou moins adoubé par des spectateurs étant - beaucoup - trop vite passé à autre chose, et trouvant passablement ringard que l'on se bidonne devant des divertissements de masse aussi jouissifs que musclés (ah Hollywood...).
À leur décharge, force est d'avouer que les années 80 nous en a fait bouffer à toutes les sauces du duo de flics atypiques, même les plus improbables (les dog movies Chien de Flic et Turner et Hooch), quitte à friser l'overdose du mauvais goût plus d'une fois, un sacré paradoxe quand on sait que c'est cette propension à proposer tout et n'importe quoi et à multiplier les propositions en salles et dans les vidéoclubs, qui en faisait aussi tout son charme.


© 1987 Warner Bros. Pictures

Reste que plus d'une péloche du genre, ont su gentiment s'extirper pour être de vraies oeuvres majeurs du septième art ricain de l'époque : 48 Heures, Last Action Hero, Une Journée en Enfer, Qui veut la Peau de Roger Rabbit ? et... L'Arme Fatale du trio Richard Donner (le réal), Shane Black (la plume d'or) et Joel Silver (le chéquier malin), diamant brut d'une noirceur absolu, pur polar noir nihiliste dont la maestria n'a strictement rien perdu de sa superbe, même trente-deux piges plus tard.
Rencontre explosive entre deux contraires, un flic vieillissant, Roger Murtaugh, (à quelques jours de la retraite, père de famille accomplit et heureux), et un jeune loup, Martin Riggs (un solitaire à forte tendance psychopathe et franchement sur la corde raide), prenant gentiment par les burnes deux maux amers qui gangrènaient durement l'Amérique des 80's (la drogue et les relants de la défaite au Vietman) pour les faire fusionner au sein d'une intrigue violente et sauvage (le suicide d'une jeune femme qui mènera à un trafic de cocaïne à grande échelle orchestré par d'anciens militaires d'un commando d'élite), n'épargnant rien autant à ses personnages (la torture, le deuil,...) qu'à son auditoire; Lethal Weapon base intelligemment la rythmique de son thriller implacable sur deux personnages finement croqués et à la psychologie féroce.
Si Riggs a pleinement conscience de s'auto-détruire et appelle constamment la mort en la regardant droit dans les yeux, Murtaugh lui, sait qu'il se ment à lui-même et encore plus à ses proches, en feintant de vouloir raccrocher son badge et son flingue.

Et leur confrontation ne fera que leur reporter cette vérité en pleine face à chaque affrontements et rapports de force, qui étrangement, renforceront non pas l'animosité qu'ils ont l'un pour l'autre, mais bien leur attachement mutuel.

© 1987 Warner Bros. Pictures

Faisant tranquillement avalé sa pillule tragique et sombre via un humour justement dosé - ce qui ne sera plus le cas passé le très noir second film -, une direction dynamique transcendant constamment le jeu impliqué de ses comédiens (le duo Glover/Gibson est parfait) et une montée progressive du suspens (peu de scènes d'action, Donner privilégie intelligemment l'épure puissante et marquante à l'overdose, pour preuve le grisant fight final), Lethal Weapon est un polar rugueux et désespéré, un sommet de tension incarnant autant un pur produit de son époque qu'une bande trop maline et brillante pour ses conneries.
Au-delà du modèle indiscutable d'un genre, il en est aussi sa synthèse parfaite, une oeuvre que trop rarement égalée, et un vrai moment de cinéma culte des glorieuses 80's...


Jonathan Chevrier