[SƎANCES FANTASTIQUES] : #99. Jason Goes to Hell : The Final Friday
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Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's ; mais surtout montrer un brin la richesse d'un cinéma fantastique aussi abondant qu'il est passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !
#99. Jason va en enfer de Adam Marcus (1993)
À quoi bon - potentiellement - s'acharner sur un mauvais film quand celui-ci, par lui-même, se fait déjà suffisamment trop de mal pour son bien ?
La question a le mérite d'être posée à une heure où le buzz facile et le putaclic règnent en maître sur la toile (et pas uniquement les réseaux sociaux, tant la qualité des avis est relative sensiblement partout et sur tous les formats possibles), et que l'acharnement médiatico-virtuel demande sensiblement moins d'effort qu'une vraie réflexion un tant soit peu intelligible et réfléchie.
Au point qu'il est parfois (souvent) plus fascinant de scruter les défauts et raisons d'un ratage que d'investiger sur la recette plus où moins consciente, d'un film réussi voire exceptionnel : tout n'est qu'une question d'arguments et aussi et surtout d'envie.
Si le virage des années 90 (allons plus loin, la seconde moitié des années 80 avait déjà fait de sacrés ravages) n'a pas été tendre avec le slasher et encore plus, avec ses figures populaires, d'un Michael Myers empêtré dans ses délires familialo-sectaire à un Freddy qui se trouvait une fille et une passion faisandée pour la 3D (une fois passé entre les griffes acérées de Miramax, Pinhead n'en menait pas large non plus), c'est peut-être avec ce bon vieux Jason Vorhees que cette décennie a été la plus vacharde, tant aucune rédemption ne lui a été offert, même lorsqu'il a voulu redéfinir les codes de la franchise... quitte à totalement se renier et laisser sa tête d'affiche sur le carreau.
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Jason va en enfer est un semi-ratage fascinant dans le sens où il est à la fois totalement déconnecté de ses racines passé un premier quart d'heure en charentaises (faux retour aux sources qui devoile vite le pot-aux-roses), et réellement culotté sur le papier (redonner vie à une franchise vieillissante, qui avait déjà neuf films au compteur en une dizaine d'années à peine), puisqu'un Jason littéralement mis en pièce se transforme en une entité du mal parasitaire (un bon gros ver), qui glisse de corps en corps comme dans un mauvais rip-off de Hidden (pensez Shocker).
C'est turbo-débile donc mais incroyablement régressif à l'écran, tant le novice Adam Marcus profite de l'imprévisibilité de ce jeu de chaises musicales sanguinaires pour enchaîner les mises à mort avec gourmandise (le plus haut body count de la saga), au coeur d'une copie cousue de fil blanc mais incroyablement bien rythmée (comme cette séquence Terminator-esque dans le commissariat), dont la narration - effet de manche opportuniste à la clé - a le bon ton de ramener famille Vorhees et les liens du sang au coeur du débat, tout en teasant un spin-off qui sera in fine accouché dix piges plus tard dans la douleur.
Renouveau conspué au sein d'une franchise qui en avait pourtant cruellement besoin (Jason X réconciliera tout le monde huit ans plus tard), qui joue la carte d'un gore décomplexé et bordélique, Jason va en enfer ne réussit pas tout ce qu'il entreprend mais a le mérite d'oser, quitte à souvent se prendre des platanes sur sa route.
Alors certes, si les affres du temps lui font beaucoup du mal, la nostalgie nous pousse à dire qu'il vieillit bien mieux que bon nombre de slashers/néo-slashers qui lui ont emboîté le pas jusqu'au début des années 2000...
Jonathan Chevrier








