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[CRITIQUE] : Ben is Back


Réalisateur : Peter Hedges
Acteurs : Julia Roberts, Lucas Hedges, Courtney B. Vance, Kathryn Newton,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h42min.

Synopsis :
La veille de Noël, Ben, 19 ans, revient dans sa famille après plusieurs mois d’absence. Sa mère, Holly, l’accueille à bras ouverts tout en redoutant qu’il ne cède une fois de plus à ses addictions. Commence alors une nuit qui va mettre à rude épreuve l’amour inconditionnel de cette mère prête à tout pour protéger son fils.



Critique :

On pourra légitimement reprocher, sans y voir là un quelconque copie-calque maladroit (les deux projets sont bien différents), que la distribution hexagonale se soit mise en tête de sortir à quelques semaines d'intervalle, deux films au sujet sensiblement similaire : Ben is Back de Peter Hedges et My Beautiful Boy de Felix Van Groeningen, poussant de facto le spectateur au jeu toujours réducteur de la comparaison.
Ce qui, aussi douloureux et beau soit-il, joue un chouïa en la défaveur du film du papa de Coup de Foudre à Rhode Island, faux film de fêtes - le cadre est franchement trompeur - mais vrai drame intime à la lisière de l'horreur domestique, sur les affres terribles de l'addiction, dont on ressort un poil moins conquis que face à la relation père/fils déchirante qui lie Steve Carell et Thimothée Chalamet.


Car, au fond, tout est question de drame, de suspense et de terreur dans cette histoire de malaise intime, entre une mère désirant coûte que coûte, que son fils toxicomane, la chair de sa chair, se débarrasse du mal qui le ronge encore et encore, même si elle se trouve toujours un peu plus au bord de la résignation ultime.
Articulé autour de questions douloureuses (Ben rechutera-t-il ? Peut-on faire vraiment confiance à son propre fils ? Gâchera t-il à nouveau les fêtes de Noël ?) remettant totalement sur la balance l'amour qui lit une mère à sa progéniture - rejetée par tous -, Peter Hedges ne donne jamais réellement de réponses originales à cette odyssée d'angoisse familière tant elle suit tous les codes des chroniques sur l'addiction (les promesses de rémissions, la colère et la panique face au manque, faire face à la dure vérité que la middle class américaine est totalement happée par les tentacules de la drogue et des addictions diverses,...) avec une assiduité louable, autant qu'elle peine véritablement à toucher son auditoire par une émotion assez mécanisée et jamais réellement terrassante, même si les prestations de son luxueux casting, vallent décemment le détour.
Lucas Hegdes tout d'abord, tout en nuances dans la peau de Ben, jeune homme bouffé par la drogue, totalement en guerre avec lui-même et dont la crédibilité aux yeux de ses proches meurt au fil de ses nombreuses rechutes, mais aussi et surtout Julia Roberts, tout simplement magistrale.


En mère d'une élégante confiance, tiraillée par son amour démesuré pour son enfant (elle ne doutera jamais de son pouvoir maternel, capable pour elle de tout guérir), et sa peur constante qu'il viennent aliéner le reste de la famille (recomposée et donc à l'équilibre fragile), elle irradie l'écran de sa prestance et de son talent, et incarne le pilier sourd mais solide (c'est son film, de bout en bout) d'un drame dur, nécessaire et vrai, un voyage intense au coeur des tourments familiaux où le mal est partout, même dans les coeurs supposément les plus purs et aimants.


Jonathan Chevrier