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[CRITIQUE] : The Front Runner


Réalisateur : Jason Reitman
Acteurs : Hugh Jackman, Vera Farmiga, J.K. Simmons, Alfred Molina,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Drame, Biopic.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h52min.

Synopsis :
L’histoire vraie de Gary Hart, un jeune sénateur promis au plus bel avenir, idole des votants américains et favori pour l’investiture Démocrate de l’élection présidentielle de 1988. Une ascension fulgurante qui fut brutalement stoppée par la révélation d’une liaison scandaleuse avec Donna Rice. Pour la première fois de l’histoire, le journalisme politique et la presse à scandale se rejoignaient, et ont provoqué la chute d’un homme politique. Ces événements ont profondément et durablement marqué la scène politique américaine et internationale.



Critique :


Dans la catégorie des péloches étonnament oubliées de la course aux statuettes dorées, The Front Runner - au même titre que La Mule -, truste le haut du panier de manière totalement improbable, tant il semblait clairement cocher toutes les cases du bon véhicule à oscars: un propos politique et véridique fort, un cinéaste habitué des célébrations, un casting de haute volée et une sortie US gentiment dans les clous (fin novembre).
Après vision en revanche, on comprend un poil mieux cet " oubli " volontaire ou plutôt, son manque de soutien dans une quête de récompenses qui n'était pas forcément la sienne tant, aussi séduisant soit-il, le film ne laisse jamais entrevoir la pertinence de son propos, à une époque où les scandales politiques sont légion.
On savait déjà que sans l'appui solide de sa muse cinématographique Diablo Cody, Jason Reitman avait tendance à ne jamais vraiment transcender le moindre de ses matériaux, mais ici, l'histoire vraie de Gary Hart, jadis grand favori de la présidentielle américaine en 1987, fracassé en plein vol par le premier scandale politique moderne lié à son infidélité - Clinton ne tardera pas à lui emboîter le pas -; aurait justement mérité plus de poids dans son écriture.



D'un point de vue strictement sociologique, The Front Runner est d'une intelligence rare tant il met en images les coulisses du premier " cas " de destruction politique par la presse, la première fois ou le mur de la distinction entre la vie privée et la vie publique des candidats à la présidence, avait furieusement été abattue.
Une histoire qui, trente ans plus tôt, avait franchement fait son petit boucan mais qui, aujourd'hui, paraît sensiblement pâle face aux divers scandales qui ont émaillé la politique américaine depuis, et encore plus depuis l'investiture de Donald Trump.
Même s'il frappe là où il faut, sur un système qui n'a pas changé et qui s'est même empiré au fil du temps (le journalisme poubelle, qui se torche gentiment le popotin de l'éthique), la caméra de Reitman, tantôt percutante (jouant habilement des cadres, des plans-séquences) tantôt amorphe, semble mettre de la distance entre son auditoire et l'histoire, dite histoire qu'il retranscrit justement objectivement, sans le moindre jugement ni parti pris, laissant le spectateur se faire sa propre opinion autant de ce fait divers, que d'un homme au demeurant charismatique, mais dont on ne sait jamais réellement qui il était au fond.



On ne sait jamais sur quel pied danser, Reitman non plus tant il ne semble ni tout dire ni tout donné, d'où l'impression cruelle de ne jamais vraiment capter la pertinence (au-delà de sa valeur sociologique donc) de cet objet cinématographique léché et divertissant mais inconsistant jusque dans sa galerie impressionnante de personnages, ne rendant finalement justice qu'à la partition imposante et formidable d'un Hugh Jackman qui vampirise l'attention... et tout le mojo de la plume de son metteur en scène, aussi.
The Front Runner est intéressant donc, plus ou moins prenant mais point marquant tant sa charge pataude façon anti-Pentagon Papers ne convainc personne, et peut-être même encore moins lui-même.


Jonathan Chevrier