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[CRITIQUE] : Teresa


Réalisatrice : Teona Strugar Mitevska
Acteurs : Noomi Rapace, Sylvia Hoeks, Nikola Ristanovski, Marijke Pinoy,...
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Biopic, Drame, Historique.
Nationalité : Belge, Macédonien, Suédois, Danois, Indien.
Durée : 1h44min.

Synopsis :
Calcutta, 1948. Mère Teresa s’apprête à quitter le couvent pour fonder l’ordre des Missionnaires de la Charité. En sept jours décisifs, entre foi, compassion et doute, elle forge la décision qui marquera à jamais son destin - et celui de milliers de vies.





C'est un fait indiscutable (ou pas loin), depuis Millenium premier du nom, tous les spectateurs de bon goût sont tombés amoureux de la merveilleuse Noomi Rapace, petit bout de femme badass à souhait à la vulnérabilité captivante, qui a la particularité d'être totalement investi dans ses rôles, même les plus indéfendables flanqués dans les péloches les plus... indéfendables (oui, c'est logique).
Un attachement qui rend de facto chacun de ses nouveaux films férocement immanquable même s'ils sont, pour la plupart, moins conçus pour atteindre les salles obscures que pour garnir les divers catalogues des plateformes SVOD.

Copyright Entre Chien et Loup

Petit miracle de Noël - où pas loin -, Teresa, estampillé premier long-métrage en langue anglaise de la réalisatrice macédonienne Teona Strugar Mitevska (le magnifique Dieu existe, son nom est Petrunya), débarque bien sur grand écran, biopic ciblé qui s'attaque à l'une des personnalités les plus célèbres du siècle dernier, Anjezë Gonxhe Bojaxhiu, plus connue sous le nom de Mère Teresa de Calcutta, figure controversée béatifiée - par Jean-Paul II - puis canonisée tout récemment, dont le portrait est ici moins pensé comme une vaste fresque hagiographique et Wikipedia-esque louchant sur quelques dates clés, qu'une auscultation d'une séquence bien précise de son existence : une semaine décisive où, au coeur de 1948 à Calcutta, elle avait fait la requête de pouvoir quitter le couvent des Sœurs de Lorette, la congrégation à laquelle elle appartenait pour fonder l’ordre des Missionnaires de la Charité.

Pas réellement de surprise à l'arrivée (son prisme lui empêchait consciemment, d'aborder toutes ses positions controversées comme les polémiques entourant ses déclarations comme ses actions), tant le film a tout du biopic hégémonique et superficiel dont l'écriture comme la mise en scène n'arrivent jamais à être suffisamment organique pour rendre à la fois divertissante comme didactique, un récit clérical marqué par l'attente d'une approbation ecclésiastique venant valider une vocation/mission divine que l'on sait réalisée - auquel se greffe le dilemne moral d'une soeur proche, la religieuse polonaise Agnieszka, enceinte (ce que le titre original, Mother, souligne clairement en convoquant une double résonnance symbolique, celle de la figure religieuse et de la maternité, du culte religieux et de la liberté de donner la vie).

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À défaut d'authenticité donc, Mitevska privilégie une vision partiale et fragmentée en plusieurs chapitres quotidiens, pensant tout du long sa figure titre comme une héroïne punk et rebelle (et dont le choix d'une incarnation à l'écran par une Noomi Rapace au demeurant investie, apparaît presque opportuniste compte tenu de la belle galeries de figures rebelles associées à sa filmographie), sans pour autant en offrir un portrait convaincu et convaincant, qui peine tout autant à atteindre une certaine précision psychologique (le hic de vouloir condenser toutes les nuances d'une personnalité sur une poignée de jours/événements), qu'à réellement approfondir ses thématiques fascinantes (notamment celle tournant autour du doute inhérent à toute foi qui, dépassé, ne peut que la fortifier).

Une séance plutôt joliment mise en scène (une austérité radicale, au plus près des corps et des discours sentencieux, capable de convoquer une belle intensité), au sentimentalisme exacerbé (voire presque charnel, notamment dans sa mise en images de l'amitié entre Teresa et le père Friedrich, ambiguë même si elle nourrit encore plus ses désirs d'émancipation) comme au cléricalisme morose, simplifiée et sans aspérités ni part d'ombre.
Not quite our tempo...


Jonathan Chevrier