[CRITIQUE] : My Lady
Réalisateur : Richard Eyre
Acteurs : Emma Thompson, Stanley Tucci, Fionn Whitehead,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Judiciaire, Drame
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h45min
Synopsis :
Fiona Maye est une juge britannique aux affaires familiales, elle s’évertue à appliquer le Children Act visant à faire primer l’intérêt de l’enfant. À la veille d’un week-end, elle reçoit une requête urgente d’un médecin demandant à la justice de l’autoriser à soigner un adolescent. Ce dernier refuse toute transfusion sanguine à cause de croyance religieuse. Dès lors Fiona fait face à un cas épineux.
Critique :
Portée par une Emma Thompson au sommet de son art, #MyLady est un film dichotomique ou les brisures de l'intime viennent faire vaciller des obligations professionnelles, dans cette coexister des sphères, R.Eyre offre une œuvre subtile dénuée de lourdeurs (@Thiboune) pic.twitter.com/tfJa8tJwrA— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 3 août 2018
Derrière sa mise en scène sobre, mais élégante, le nouveau long-métrage de Richard Eyre cache un récit dichotomique ou les lourdes responsabilités professionnelles de Fiona laissent entrevoir les fêlures d’un mariage.
Fiona Maye est une femme brillante, elle s’investit dans son travail avec méticulosité et dignité afin de rendre les jugements les plus justes. Sa vie est réglée, prédéfinie, rangée, elle n'accorde aucune place a l’imprévue, pourtant c’est bel et bien a un vacillement que l’on va assister. En effet, quand Jack -l’époux de Fiona- lui confie se sentir délaissé et songer a l’adultère c’est toute cette rigidité si durement entretenue qui s’évanouit.
Mais, cette brisure intime doit rapidement coexister avec ses obligations professionnelles et le cas du jeune Adam. Cet adolescent qui à quelques mois de sa majorité refuse les transfusions sanguines indispensables a son traitement en raison à son appartenance aux Témoins de Jehovah. La juge aux affaires familiale se voit alors confrontée à la question : l’intérêt de l’enfant se trouve-t-il dans le respect de ses croyances ou dans l’obligation de subir un traitement médicale lui sauvant la vie ?
C’est donc une confrontation entre la loi et la spiritualité qui s’anime, et nous en sommes les juges. Le trait d’intelligence de My Lady réside dans le fait de présenter au spectateur des points de vue différents, cela pousse chacun à s’interroger, mais également à ressentir de l’empathie pour chaque protagoniste.
Progressivement le film évolue, ne s’arrêtant pas au simple jugement de cas épineux, Richard Eyre orchestre un chamboulement pour le personnage d’Adam. Sans trop en dévoiler, puisque la bande-annonce fait le choix d’occulter cette partie, disons qu’Adam va développer une sorte d’obsession pour Fiona qu’il voit telle une mère.
De ce film dichotomique ressort une performance, Emma Thompson. Elle renoue avec ses plus grandes interprétations en injectant dans son rôle des riches nuances qui apportent beaucoup de subtilité aux tiraillements internes du personnage. Étrangement, son jeu méticuleux ne retire rien à l’émotion qu’elle peut procurer. On notera aussi la force troublante de Finn Whiteheas qui confirme son talent avec Dunkerque de Christopher Nolan, quant à Stanley Tucci il apporte beaucoup d’humanité à son personnage.
Ainsi, My Lady brosse le délicat portrait d’une femme qui se met à douter, tout en nous entraînant dans les arcades de la justice anglaise offrant une œuvre subtile aux questionnements denses qui évite l’écueil de la lourdeur.
Thibaut Ciavarella