[CRITIQUE] : La Fabrique du mensonge
Réalisateur : Joachim Lang
Acteurs : Robert Stadlober, Fritz Karl, Franziska Weisz, Dominik Maringer,...
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Biopic, Historique.
Nationalité : Allemand, Slovaque.
Durée : 2h04min.
Synopsis :
A l’aube de la Seconde Guerre mondiale, Joseph Goebbels est devenu l’éminence grise d'Hitler. Convaincu que la domination du Reich passe par des méthodes de manipulation radicalement nouvelles, le ministre de la Propagande contrôle les médias et électrise les foules. Au point de transformer les défaites en victoires et le mensonge en vérité. Avec le plein soutien du Führer, Goebbels va bâtir la plus sophistiquée des illusions, quitte à précipiter les peuples vers l'abîme.
Critique :
Les bonnes intentions ne font pas un bon film et inversement. #LaFabriqueDuMensonge survole son sujet (les rouages/ravages de l'endoctrinement et de la propagande) comme une Seconde Guerre Mondiale presque reléguée au second plan face aux conflits conjugaux d'un Goebbes humanisé pic.twitter.com/LIWKfpP5Dm
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 20, 2025
Plutôt culottée la volonté du cinéaste allemand Joachim Lang de vouloir s'attacher à la figure détestable de Josef Goebbels dans une sorte de biopic ciblé - tout son mandat de ministre de la Propagande du Reich - dans une volonté pas toujours palpable d'apporter une sorte de réponse sur le comment toute une population a pu soutenir l'idéologie nazie et consciemment tous ses crimes inhumains, à une heure où l'antisémitisme - et plus directement la haine raciale - n'a jamais paru aussi décomplexée à travers le globe.
Culottée mais pas moins intéressante, si tenté est que le cinéaste parvienne à démystifier la responsabilité des millions d'Allemands face aux ignominies impardonnables du Troisième Reich, comme semble l'annoncer une note d'intention, au sein d'un film qui place tout le monde, désagréablement et sans gants, devant ses responsabilités.
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Mais les bonnes intentions ne font pas toujours un bon film - et inversement.
Morceau de cinéma profondément didactique et théâtrale mais dénué de toute son immédiateté, visant avant tout et surtout à ce que le spectateur n'oublie pas l'inoubliable (pour ne pas le reproduire aujourd'hui... pas de bol), La Fabrique du mensonge n'apporte in fine pas grand chose de neuf sur la table, son portrait du « Docteur » ne jouant jamais véritablement de sa proximité pour apporter une quelconque complexité psychologique à une narration se perdant dans un élan de redondance à l'image même, d'une idéologie abjecte qu'il régurgite avec assurance.
Le sujet est survolé et peu approfondit (la mise en images des ravages de l'endoctrinement et la propagande est d'une platitude folle), comme une Seconde Guerre Mondiale presque reléguée au second plan face aux conflits conjugaux d'un Goebbels sensiblement humanisé.
À quoi bon donc, et le mot est faible.
Jonathan Chevrier