[CRITIQUE] : Young Hearts

Réalisateur : Anthony Schatteman
Acteurs : Lou Goossens, Marius De Saeger, Geert Van Rampelberg, Emilie De Roo,...
Distributeur : Epicentre Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Belge, Hollandais.
Durée : 1h37min.

Synopsis :
Elias, 14 ans, vit dans un petit village de Flandre. Lorsque Alexander, son nouveau voisin du même âge venant de Bruxelles, emménage en face de chez lui, Elias réalise qu’il est en train de tomber amoureux pour la première fois. Il devra alors faire face au chaos intérieur provoqué par ses sentiments naissants afin de vivre pleinement son histoire avec Alexander et de la révéler à tous.

Critique :

Si les récits intériorisés d'affirmation/construction de soi sont légion, et encore plus ces dernières années (tant mieux), rares sont ceux comme #YoungHearts à être aussi vivant, doux et délicat, quand bien son écriture n'est, il est vrai, pas exempt d'un certain schématisme. pic.twitter.com/zJo86M5HCB
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 20, 2025

Qu'on se le dise, même au coeur d'un septième art mondial qui n'a plus peur - ni honte - de plonger tête la première dans la redite la plus grossière et paresseuse qui soit, certaines péloches nous démontrent, parfois, qu'il n'y a rien de fondamentalement désagréable à l'idée qu'une œuvre soit gentiment sous-influence et ne péte pas forcément dans la soie de l'originalité d'un point de vue narratif, tant que la plume - et la caméra - à l'ouvrage approfondis suffisamment ses personnages comme son histoire, pour que l'on puisse se laisser bercer par ce qu'ils•elle ont à nous raconter.

En ce sens, le premier effort du wannabe cinéaste belge Anthony Schatteman ne révolutionne absolument en rien la popote familière du récit initiatique de l'affirmation de soi d'un adolescent aux portes de l'âge adulte, mais c'est définitivement dans sa propension à capturer avec délicatesse et optimisme son parcours semé d'embûches, sans jamais le faire bifurquer là où il n'en a pas besoin, qui en fait l'une des chroniques adolescentes les plus douces et plaisantes à suivre de récente mémoire - et on les compte sur les doigts d'une main méchamment amputée.

Avec une sensibilité cherchant intelligemment à conserver les sentiments contradictoires comme les hésitations du trouble amoureux que vit son jeune personnage titre, de la manière la plus expurgée d'afféteries putassières qui soit (moins dans l'ombre de la série Netflix Heartstopper que du magnifique Close de Lukas Dhont donc, qui faisait certes preuve de plus d'urgence et d'emphase avec des sujets pourtant dans la même tranche d'âge), Young Hearts est mué mar la simplicité et surtout l'envie de dédramatiser le tabou d'être soi-même dans une société contemporaine qui évolue à petits pas, dont la sensibilité qui n'est pas sans rappeler la papesse du spleen adolescent, Sofia Coppola, ou l'objet du désir se fait un outil pour mieux se connaître et s'accepter.

Si les récits intériorisés d'affirmation/construction de soi sont légion, et encore plus ces dernières années (tant mieux), rares sont ceux comme celui-ci à être aussi vivant et doux, quand bien l'écriture n'est pas exempt d'un certain schématisme - voire même de quelques facilités discutables.
Un joli teen movie intime et solaire en somme, comme on aimerait en voir plus souvent.

Jonathan Chevrier