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[CRITIQUE] : September & July


Réalisatrice : Ariane Labed
Acteurs : Mia ThariaPascale KannRakhee ThakrarNiamh Moriarty,...
Distributeur : New Story
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Allemand, Irlandais, Britannique.
Durée : 1h40min.

Synopsis :
July fait face à la cruauté du lycée grâce à la protection de sa sœur aînée September. Sheela, leur mère, s’inquiète lorsque September est renvoyée et July en profite pour affirmer son indépendance. Après un événement mystérieux, elles se réfugient dans une maison de campagne, mais tout a changé...




Critique :



Il y a toujours quelque chose de profondément intéressant à l'idée de voir un ou une talentueuse comédienne se décider à sauter le pas difficile de la réalisation, de profondément intriguant à l'idée de voir si il où elle laissera s'exprimer une vraie vision de cinéma, de voir si il ou elle laissera parler les influences des cinéastes qui ont jalonnés sa carrière... où pas du tout, car il n'est pas gravé dans le marbre de la pellicule que tout doit être marqué par le sceau des influences plus où moins directes.

Car un passage derrière la caméra peut également être motivé par un but sincère de vouloir offrir aux spectateurs, quelque chose de plus intime sur eux/elles-mêmes qu'ils/elles n'avaient pas pu faire passer au travers de films qui n'étaient pas les leur; un désir honnête de raconter des histoires, des destinées qu'ils/elles jugent importantes et passionnantes à vivre dans une salle jamais trop obscure.
Et c'est un peu à la confluence de toutes ses intentions que se place le premier effort de la comédienne franco-grecque Ariane Labed, September & July, adaptation du roman Sisters de Daisy Johnson, un drame familial moins obsédé par les vérités concrètes que celles émotionnelles qui émergent des mystères d'une narration étonnamment solide sur ses appuis pour un premier film.

Copyright New Story

L'histoire nous catapulte au plus près de la relation intime et étrange (mais aussi et surtout toxique) entre une mère et ses deux filles fusionnelles mais dissemblables - September, l'aînée d'un an, et July -, deux gamines qui ont forgé leur propre univers bien à elles pour se prévenir de l'hostilité du monde extérieur, jusqu'à ce que les affres de l'adolescence et l'éveil à la sexualité de l'une de July, ne vienne bousculer une dynamique tout aussi déséquilibrée qu'hermétique, façonnée par les traumatismes (plus ressentis qu'exprimés).

Le cinéma de son compagnon Yórgos Lánthimos n'est jamais vraiment loin (plus frontal et sensiblement moins subtil, cela dit), le fantastique - surréaliste - non plus, dans cette volonté d'aborder la fragilité du difficile passage à l'âge adulte dans un subtil mélange d'enchantement et de malaise, sondant de manière poignante autant la résilience de l'amour au coeur de la souffrance (on ne sait jamais réellement où s'arrête la domination de Lune comme la soumission de l'autre), que la complexité des liens sororales contrariés lorsqu'ils sont renvoyés dans les cordes extrêmes de l'épanouissement et de la découverte de soi.
Un premier effort sensible et sans concession, intense et claustrophobe.


Jonathan Chevrier