[CRITIQUE] : Broken Rage
Réalisateur : Takeshi Kitano
Acteurs : Takeshi Kitano, Tadanobu Asano, Nao Ohmori, Shido Nakamura,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Action, Comédie, Policier.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h02min.
Synopsis :
Le film est divisé en deux parties distinctes. La première moitié suit un tueur à gages pris entre les forces de l'ordre et les yakuzas, tandis que la seconde partie réimagine le même récit à travers un prisme comique.
Critique :
Pas dénué de quelques moments de grâce démentes, #BrokenRage se fait une séance anarchique et conceptuelle qui cherche à démystifier tout un genre autant que le mythe Kitano (lessivé aussi bien devant que derrière la caméra), sans jamais réellement y arriver. Very bad Takeshi... pic.twitter.com/4oGGCcQPkF
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 19, 2025
Vingtième long-métrage du roi Kateshi Kitano adoubé (malheureusement Hors compétition, aux côtés d'une sacré liste de cinéastes, de Kevin Costner à Lav Diaz, en passant par Harmony Korine) par la dernière Mostra, Broken Rage à les honneurs d'une sortie dans l'indifférence générale du côté de chez Prime Vidéo (une habitude, de merde certes, mais une habitude quand-même), le genre de célébration d'un cinéaste au crépuscule de sa carrière qui, évidemment, irrite mignon pour qui aile un tant soit peu son œuvre.
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Copyright Amazon MGM Studios |
Pas tant un comble, tant le japonais furieux revient ici avec une proposition sensiblement en demie teinte, sorte de fusion cartoonesque et malade entre la démence géniale de son Getting Any? et la réflexion amusée et amusante de son Glory to the Filmmaker!, une expérience double vulgairement Kitanienne et fauchée où la seconde moitié répond maladroitement à la première, la collision explosive (pas vraiment dans le bon sens du terme) entre le yakuza eiga et la comédie/farce slapstick.
Ressortant, indirectement, son sempiternel costume de criminel brutal et mutique, il campe dans un premier temps un tueur à gages pris à son propre jeu glacial, par une police qui l'oblige à coopérer en infiltrant un gang de yakuzas s'il ne veut pas finir définitivement au trou.
Une intrigue simple et immédiate, conforme aux standards Melviniens chers au cinéaste, dont il va lentement mais sûrement affaiblir la colère avant de brutalement la briser - d'où le titre - au moment même où Kitano nous renvoie à la vérité derrière le sourire dément de son protagoniste : il utilise la seconde moitié d'un film déjà inhabituellement court (même pour lui), pour interroger la première moitié dans une sorte d'auto-parodie barrée et introspective où il refait, plan après plan, le même film à travers une lentille qui se rêve plus burlesque qu'elle ne l'est.
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Du Kitano lessivée - jusque dans sa mise en scène, épurée à l'extrême -, chez qui gravité et humour ont pourtant toujours été les deux faces d’une même médaille violente, lui qui a toujours joué sur la déstabilisation du regard de son auditoire et une remise en cause percutante de ses certitudes.
Son ultime effort, pourtant capable de quelques moments de grâce démentes (le jeu des chaises musicales), se fait une séance anarchique imprévisible et conceptuelle qui cherche à démystifier tout un genre autant que sa propre personne, sans jamais réellement y arriver.
Very (very) bad Takeshi...
Jonathan Chevrier