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[CRITIQUE] : Solo : A Star Wars Story


Réalisateur : Ron Howard
Acteurs : Alden Ehrenreich, Donald Glover, Woody Harrelson, Emilia Clarke,,...
Distributeur : The Walt Disney Pictures France
Budget : -
Genre : Science-Fiction, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h15min.

Synopsis :
Embarquez à bord du Faucon Millenium et partez à l’aventure en compagnie du plus célèbre vaurien de la galaxie. Au cours de périlleuses aventures dans les bas-fonds d’un monde criminel, Han Solo va faire la connaissance de son imposant futur copilote Chewbacca et croiser la route du charmant escroc Lando Calrissian… Ce voyage initiatique révèlera la personnalité d’un des héros les plus marquants de la saga Star Wars.



Critique :
 
Réalisateurs talentueux bazardés - pour être poli - pour " divergences d'opinions " (Phil Lord et Chris Miller), reshoots complets reprenant 80% - voire plus - du montage originale cornaqué par un cinéaste chevronné mais considéré par beaucoup comme " pas vraiment fait " pour cet univers (Ron Howard, cinéaste proche depuis toujours de George Lucas), projections en interne désastreuses, casting qui ne répond plus vraiment aux attentes que laissaient présager leurs engagements - Alden Ehrenreich en tête -, campagne promotionnelle définitivement pas bandante ni rassurante non plus, présence à Cannes totalement improbable...
Bref, tout semblait faire du second spin-off de la franchise Star Wars, le pas forcément bien nommé Solo : A Star Wars Story, un incident industriel au moins à la hauteur de ceux connu par Disney ces dernières années (John Carter en tête).



Et, sans suspense, le film, vraie prise de risque sur le papier (une origin story sur l'un des personnages les plus aimés de l'univers Star Wars) est un couac sur de nombreux niveaux, sans forcément être la grosse catastrophe redouté par tous; un petit cailloux de plus dans la chaussure d'une franchise au renouveau gentiment remis en doute depuis les prises de risques louables - mais loin d'être partagées par tous - de Rian Johnson sur l'Episode VII, Les Derniers Jedi.
Blockbuster maladroit mais pétri de bonnes volontés, aux lacunes scénaristiques évidentes mais mué par un fanboyisme nettement moins gênant que Le Réveil de la Force de J.J. Abrams (qui, il est vrai, se devait un minimum de le faire), esthétiquement léchée (les partis pris de Bradford Young sont payants sur la durée et offre une vraie facture inédite au film) et enrichissant avec plus ou moins de réussite un univers qui, de prime abord, n'avait pas forcément besoin d'une telle aventure dans son édifice (tout comme Rogue One, qui servait pleinement la mythologie Star Wars en comptant une aventure totalement méconnue mais vitale au déroulement de l'histoire, tout en s'en affranchissant sur de nombreux points); Solo est la quintessence du spin-off divertissant et sympathique tout autant qu'il est inoffensif, aussi vite vu qu'il est oublié.



Et c'est ça qui est dommage au fond, parce que le personnage d'Han Solo avait réellement toute la matière nécessaire en lui pour aligner plus d'un long-métrage, mais surtout tout sauf simplement un Star Wars mineur.
Piétinant dans la semoule dès son premier tiers, entre scènes d'actions pas forcément toujours lisibles mais rythmées (dont une poursuite qui rappelle la fureur des scènes de courses de Rush), et une présentation des personnages balisée - mais efficace-, le film plonge heureusement tête la première dans le pur divertissement Hollywoodien bruyant et profondément cool par la suite; dite seconde heure qui a le bon goût d'offrir quelques moments plutôt jouissif et entraînant.
Mais même avec la meilleure des volontés, le film de Ron Howard - qui fait ce qu'il peut pour emballer le tout correctement -, est bien loin du casse intergalactique chic et choc vendu depuis les prémisses de sa production, tout autant qu'il est encore plus loin du four annoncé par la presse depuis Cannes.
Et devant la caméra, s'il est évident qu'Ehrenreich ne fait pas forcément illusion bien longtemps (impossible de faire oublier le légendaire Ford dans le rôle, mais son duo avec Chewie fait joliment le job), et que quelques seconds couteaux de luxe (Harrelson et PhoebeWaller-Bridge en tête) se démarquent partiellement, c'est surtout - et assez logiquement - Donald Glover qui en impose le plus dans la peau de Lando Calrissian, véritable caution cool du métrage à la présence cruellement au rabais.



Emotionnellement pauvre (excepté, peut-être, dans son final), ne transcendant jamais vraiment les thèmes fascinants de son script (l'émancipation, la quête d'une famille de substitution) avec ses faux airs de Gardiens de la Galaxie bis au bestiaire assez impressionnant, mais sensiblement fun, old school et prenant; Solo, qui ne ressemble à aucun autre film de la saga (un défaut comme une qualité, quoiqu'on en dise) et dont les derniers instants appellent directement à une suite (possible, si le film cartonne en salles), nous rappelle un peu le Ant-Man de Peyton Reed : une version hautement sympathique mais sensiblement inférieur en comparaison à ce que le film aurait pu/dû être à l'origine, que ce soit avec Edgar Wright derrière la caméra, où avec le duo Lord & Miller ici.
Une idée totalement fantasmé certes, mais aucune saga autre que Star Wars appelle autant aux fantasmes les plus fous...


Jonathan Chevrier