[CRITIQUE] : L'homme qui tua Don Quichotte
Réalisateur : Terry Gilliam
Acteurs : Jonathan Pryce, Adam Driver, Olga Kurylenko, Sergi Lopez, Rossy De Palma,...
Distributeur : Océan Films
Budget : -
Genre : Science-Fiction, Fantastique.
Nationalité : Espagnol, Britannique, Français, Portugais, Belge.
Durée : 2h15min.
Le film est présenté en clôture du Festival de Cannes 2018
Synopsis :
Toby un jeune réalisateur de pub cynique et désabusé, se retrouve pris au piège des folles illusions d’un vieux cordonnier espagnol convaincu d’être Don Quichotte. Embarqué dans une folle aventure de plus en plus surréaliste, Toby se retrouve confronté aux conséquences tragiques d’un film qu’il a réalisé au temps de sa jeunesse idéaliste: ce film d’étudiant adapté de Cervantès a changé pour toujours les rêves et les espoirs de tout un petit village espagnol. Toby saura-t-il se racheter et retrouver un peu d’humanité? Don Quichotte survivra-t-il à sa folie? Ou l’amour triomphera-t-il de tout?
Critique :
Bancal mais généreux, burlesque & d'une poésie enchanteresse,#LhommequituaDonQuichotte ou une belle ode à l'imaginaire signée par le conteur délirant qu'est Gilliam,un livre d'images enchantées repoussant les limites de la croyance & de l'illusion, à la beauté formelle incroyable pic.twitter.com/ycnrORrKb2— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 19 mai 2018
Avant même de juger la qualité du film, il était impossible pour tous les cinéphiles, et encore plus pour tous les amoureux du cinéma du bonhomme, de ne pas saluer le courage et la pugnacité sans égale de Terry Gilliam qui, après vingt-cinq ans d'un combat titanesque pour mener à bien son entreprise cinéphilique, aura in fine mener à bon port (non sans y avoir laissé quelques plumes) son imposante barque; même après quelques remous récents qui auraient bien pu avoir sa peau.
Projet aussi fou que miraculé, capitalisant tellement d'attentes autour de son contenu que s'en est presque indécent, L'homme qui Tua Don Quichotte, relecture moderne et résolument barré du mythe littéraire de Cervantès, était appelé à décevoir ne serait-ce qu'un brin, tant le fantasme pur qu'il incarne ne pouvait totalement être assouvi une fois couché sur pellicule par un cinéaste usé jusqu'à la moelle par un destin qui ne lui a rien épargné.
Alors oui, le dernier né du papa de Brasil, qui transpire son génie et son esprit singulier de tous ses pores, trébuche plus souvent qu'il ne marche droit, frôle parfois le mauvais goût difficilement défendable (certains gags très lourds, un rapport limite au terrorisme islamiste,...) et se perd dans une intrigue tellement foisonnante qu'il est presque impossible qu'elle ne nous largue pas à certains moments (majoritairement dans sa seconde moitié), mais quand Gilliam sort sa cape de conteur délirant et attachant, il est toujours assuré de nous captiver un minimum.
Véritable ode à l'imaginaire d'une beauté formelle incroyable, repoussant les limites de la croyance et de l'illusion, le cinéaste fait de son film un nouveau livre d'images enchantées aussi burlesque qu'il peut s'avérer éreintant voire très bateau (le rapport au cinéma comme moteur de l'imaginaire), malgré la prestation fabuleuse d'Adam Driver qui sauve mieux que bien les meubles, et un dernier tiers emballant.
Bancal mais généreux, imparfait mais d'une poésie enchanteresse, L'homme qui Tua Don Quichotte est un beau bazar où Don Quixote peut se voir comme le frangin sympathiquement loufoque du docteur Parnassus et du baron de Münch-hausen, car tout se répond dans le cinéma de Gilliam, surtout dans la folie.
Jonathan Chevrier