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[CRITIQUE] : Death Wish


Réalisateur : Eli Roth
Acteurs : Bruce Willis, Vincent d'Onofrio, Elisabeth Shue, Camila Morrone, Dean Norris,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h49min.

Synopsis :
Quand il ne sauve pas des vies, Paul Kersey, chirurgien urgentiste, mène une vie de rêve, en famille, dans les beaux quartiers de Chicago… Jusqu’au jour où tout bascule. Sa femme est sauvagement tuée lors d’un cambriolage qui tourne mal… Sa fille de 18 ans est plongée dans le coma. Face à la lenteur de l’enquête, il se lance dans une chasse à l’homme sans merci.




Critique :




Monument de feu la merveilleuse Cannon, qui avait su habilement user jusqu'à la moelle la franchise pour notre plus grand plaisir durant les glorieuses 80's, avec des opus atteignant rarement la maestria du film original, même si certaines suites valent décemment leur pesant de popcorn (Un Justicier dans la Ville 2 et Le Justicier Braque les Dealers en tête); la franchise Un Justicier dans la Ville aka Death Wish en v.o, incarné de la tête et des épaules par un Charles Bronson aussi vieillissant que dangereux, est de loin l'une des références majeures du polar hard boiled et un film qui, plus qu'être voué à être pillé abusivement fil du temps, se devait d'avoir un remake tôt ou tard, à une heure où le manque d'inspiration à Hollywood frise l'indécence du mauvais gout.
Longtemps promis par la Paramount (et un temps porté par le génial duo Joe Carnahan/Liam Neeson), la version 2.0 du film de Michael Winner aura in fine échouer entre les mains du doué Eli Roth, avec Bruce " McClane forever " Willis  dans la peau de Paul Kersey.



Sur le papier, et même si la péloche s'adapte librement du roman original Brian Garfield, Death Wish 2018, sévèrement savaté - pour être poli - par la critique US, n'en est pas moins un pur vigilant flick qui dépote, avec sa transformation progressive d'un homme profondément pacifiste en véritable justicier impitoyable.
Ancré dans un contexte politique et criminel au moins aussi houleux qu'à l'époque du film original (le milieu des 70's, la future Amérique conservatrice et réactionnaire de Reagan n'a rien a envier à celle actuelle et sur-armée de Trump), Roth, qui conserve l'ambiguïté malaisante de la franchise (on prend du plaisir à voir un homme tuer et se transformer en ceux qu'il traque), confronte avec force le spectateur à une violence urbaine destructrice qui n'a décemment pas changé d'un iota en quatre décennies (et contre laquelle la justice, totalement dépassée, ne peut rien), et fait de son Kersey un ange exterminateur appliquant au pied de la lettre la loi du Talion, non sans un certain sadisme jubilatoire (comme si l'agression des deux femmes de sa vie, avait définitivement libéré le fauve enfoui en lui).



Prévisible et gore - comme tout bon B movie qui se respecte -, assénant sa morale choc avec la finesse d'une massue lancée du toit d'un gratte-ciel (le film fait la promotion de l'auto-justice aveugle et sanglante dans une société qui n'évolue pas, ni ne défend pleinement ses citoyens), tout aussi radical mais moins bandant que le récent Death Sentence de James Wan (avec Kevin " Fucking " Bacon), parfois ridicule dans sa surenchère de violence et son envie - pas toujours louable - de divertir coûte que coûte mais porté par de vrais personnages auxquels il est facile de s'identifier (et Willis, iconisé à mort, cabotine juste ce qu'il faut, que demander de plus ?), Death Wish, loin de la catastrophe redouté, légitime amplement sa relecture, prend aux tripes et nous démontre avec force et maitrise que tout acte de violence ne peut mener qu'au chaos et à la destruction.
Quoi qu'on en dise, il est la petite claque derrière la nuque que le genre avait besoin, même s'il n'atteint pas la fureur et la maîtrise du film original. 

Jonathan Chevrier