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[CRITIQUE] : Everybody Knows


Réalisateur : Asghar Farhadi
Acteurs : Pénélope Cruz, Javier Bardem, Ricardo Darin,...
Distributeur : Memento Films Production
Budget : -
Genre : Thriller, drame.
Nationalité : Espagnol, Français, Italien.
Durée : 2h12min.

Le film est présenté en ouverture et en compétition au Festival de Cannes 2018

Synopsis :
A l’occasion du mariage de sa soeur, Laura revient avec ses enfants dans son village natal au coeur d’un vignoble espagnol. Mais des évènements inattendus viennent bouleverser son séjour et font ressurgir un passé depuis trop longtemps enfoui.



Critique :


Sur le papier, entre amours aussi compliqués que la vie conjugale et autres jalousies et rancoeurs diverses, on se dit qu'avec Everybody Knows, rien ne change vraiment sous le soleil Farhadien, même s'il brille toujours de mille feux.
Puis, dès les premières minutes de bobines, l'orfèvre iranien laisse parler son art et sa narration si particulière, et on est vite happé par ce nouvel essai hypnotique et volontairement débarrassé de tout oripeau politique et religieux (rare dans la filmo du cinéaste).



Intime, pesant, entre nombreux non-dits et mensonges, Farhadi va prendre son temps pour construire son récit d'une force tranquille et d'une densité incroyable, une étude de personnages viscérale et frontale qui se trouve confronté à un événement au départ heureux (un mariage) mais devenant très vite douloureux (la disparition d'un enfant), passant du drame familial au polar avec une facilité déconcertante, via une mise en scène aussi simple (une poignée seulement de lieu sert de scène) qu'affreusement précise, nouée sur un scénario à plusieurs fonds et twists, à la culpabilité et à la psychologie profondément explosive.



D'une infinie légèreté dans ses prémisses, Everybody Knows n'a pas peur de sombrer dans une noirceur palpitante digne de la plume d'Agatha Christie, une déconstruction de la cellule familiale ou tout le monde est un suspect, au coeur d'une enquête dans un cadre magnifiquement cinégénique mais incroyablement (volontairement ?) coupé du monde.
Prévisible mais bouleversant, tragique (aux fausses allures de tragédie grecque d'ailleurs), volubile (dans le bon sens du terme) et infiniment humain, le film vaut autant pour le génie de son metteur en scène (qui manipule aussi bien les protagonistes de son histoire que ses spectateurs), que la complexité du drame qu'il expose à merveille sans jamais sombrer dans le pathos (tout en simplicité et sans artifices, il arrivera même à tirer des larmes chez les plus solides d'entre nous sans même avoir à durement les chercher).



Tel un chef de troupe d'une pièce de théâtre, Farhadi dirige et modèle à sa guise des interprètes totalement habités (Pénélope Cruz est à tomber, Javier Bardem est intense comme rarement), et fait de son Everybody Knows est un brillant drame humain pouvant parler à tous les spectateurs, les questionnant sur les fondements même de leurs vies, de leurs névroses, de leurs secrets sans forcément leur forcer la main vers une quelconque direction/rédemption, et invoquant autant l'essence du théâtre que son amour inconditionnel pour le septième art; Farhadi fait du grand et beau cinéma, prenant et brutal parce qu'il est intensément vrai.
Et nous on aime passionnément ce cinéma, tout simplement.

Jonathan Chevrier



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