[CRITIQUE] : Shelby Oaks
Réalisateur : Chris Stuckmann
Acteurs : Camille Sullivan, Sarah Durn, Brendan Sexton, Michael Beach, Keith David,...
Budget : -
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Genre : Épouvante-horreur, Fantastique, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h31min
Synopsis :
Obsédée par la disparition de sa sœur, une femme s'engage dans une quête désespérée qui la conduit au cœur d'un mystère terrifiant, orchestré par un mal insaisissable.
Qu'on se le dise, YouTube n'est pas uniquement un territoire sombre où entre deux recettes rapides et voire quelques sessions d'ASMR, le cinéphile se hasarde parfois à regarder des " critiques " (placez vos guillemets bien en gras, voire même en majuscules) cinéma qui ont un argumentaire aussi dense et vivant que l'encéphalogramme d'une grenouille (mais cela influence, aux dernières nouvelles), il peut parfois incarner le terrain de jeu de wannabe cinéastes au talent certain, appelés à moins titiller les affres de nos algorithmes pour mieux nous faire frissonner dans une salle obscure.
Chris Stuckmann est définitivement de ceux-là, lui dont le premier long-métrage résolument perfectible mais plein d'amour pour le genre, Shelby Oaks, vient raviver la flamme nostalgique d'une époque pas si lointaine où, pour avoir la frousse, on ne louchait pas du côté des chaînes d'information en continu (où sur quelques posts X/Twitter, ça marche aussi) mais bien sur celui définitivement plus cotonneux des vidéos à basses résolutions et autres forums riches en creepypastas.
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| Copyright Metropolitan FilmExport |
Tout part d'un pitch tout aussi simple - mais point simpliste - qu'il est accrocheur, sorte de cousin pas si eloigné de Silent Hill et du Projet Blair Witch premier du nom, auquel il emprunte un aspect cheap (le manque de budget à parfois du charme, c'est le cas ici) comme un found footage parfois hésitant (quand bien même il reste fermement ancré dans une épouvante des plus classiques, jusque dans ses effets) : les membres d'une chaîne YouTube fictive, Paranormal Paranoids, disparaissent étrangement en pleine exploration de la ville abandonnée Shelby Oaks, dans l'Ohio.
Dix ans plus tard, la sœur aînée de l'une des membres, Mia, reste obsédée par l'affaire et se lance dans une quête désespérée pour résoudre ce mystère.
A partir de là, et passer un premier quart d'heure fort en expositions, le film déroule sans trop trembler une narration linéaire et expurgée de toute subtilité même si résolument efficace (si l'on ne regarde pas trop la caractérisation sommaire de ses personnages, ni ses dialogues limités...), privilégiant moins l'ivresse d'une enquête solidement charpentée et riche en rebondissements (quitte à ce que le spectateur remplisse lui-même quelques zones d'ombre) que celle d'une mise en scène (et d'une excellente photographie d'Andrew Scott Baird, impressionnante dans sa gestion de la lumière, qui suit la révérence assumée de Stuckmann envers la patte stylistique et la gestion du hors-champs d'Hideo Nakata) totalement au service de son cadre terrifiant et de ses frissons vraiment chouettes, notamment dans un dernier acte sous tension où l'intrigue bascule tête la première dans une horreur démoniaque particulièrement prenante.
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Cruellement dénué de toute profondeur émotionnelle (une vraie balle dans le pied, qui aurait pu faire de sa balade endeuillée une vraie odyssée douloureuse et cathartique, en plus d'un pur train fantôme dans son dernier tiers), mais gentiment pervers et techniquement solide (encore une fois la gestion de la lumière mais aussi la bande sonore, qui vient supplanter quelques coupes/transitions brutales, sans oublier quelques SFX pas trop dégueulasses appuyant un maquillage plutot soigné), Shelby Oaks vaut décemment son pesant de pop-corn et marque, sans doute, l'avènement d'un jeune cinéaste au potentiel bien réel.
Même s'il ne serait pas le premier à voir ses ailes brûlés par la machine dévoreuse d'âme Hollywoodienne...
Jonathan Chevrier



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