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[CRITIQUE] : Que ma volonté soit faite


Réalisatrice : Julia Kowalski
Acteurs : Maria Wróbel, Roxane Mesquida, Wojciech Skibinski, Kuba Dyniewicz,...
Distributeur : New Story
Budget : -
Genre : Drame, Épouvante-horreur.
Nationalité : Français, Polonais.
Durée : 1h33min.

Synopsis :
La jeune Nawojka, qui vit avec son père et ses frères dans la ferme familiale, cache un terrible secret : un pouvoir monstrueux, qu'elle pense hérité de sa défunte mère, s'éveille chaque fois qu'elle éprouve du désir. Lorsque Sandra, une femme libre et sulfureuse originaire du coin, revient au village, Nawojka est fascinée et ses pouvoirs se manifestent sans qu’elle ne puisse plus rien contrôler.





Certes, c'est une manière que l'on peut considérer comme d'assez simpliste de voir les choses, mais à une époque où originalité et créativité au coeur d'une campagne promotionnelle, font rarement bon ménage, elle est peut-être la plus pertinente qui soit : oui, les affiches de films (pas uniquement françaises, soyons honnêtes) sont souvent furieusement évocatrices quant à la qualité fragile du contenu qu'elles sont censées si ce n'est promouvoir (où tout du moins titiller l'intérêt du spectateur d'une manière moins agressive et/où plus maligne que pourrait le faire une bande annonce parfois encore plus générique), au minimum soutenir avec un tant soit peu d'illusion.

Copyright New Story

Un juste retour des choses à une époque pas si lointaine - les 80s - où le cinéma d'exploitation (comme le marché du jeu vidéo), du bis au Z bien gras, tentait justement de tromper l'opportunisme de leur entreprise, avec des affiches particulièrement aguicheuses.
Celle du second long-métrage de Julia Kowalski, Que ma volonté soit faite, agit presque comme un contre-exemple, tant sa beauté se fait presque une profession de foi, une affirmation à la fois somptueuse et inquiétante de ce qui était entendu comme une extension des thématiques captivantes comme de l'atmosphère angoissante de son excellente moyen-métrage, J'ai vu le visage du diable - où figurait déjà Maria Wróbel -, et qui pensait déjà la possession comme une transe hypnotique et brutale.

Embaumé dans une palette granuleuse tout de vert et de rouge sang, et fermement ancré dans la dureté de la vie rurale, la narration articule sa tension autour de deux axes complémentaires, d'un côté la volonté de privilégier la suggestion et le mystère aux longues séquences d'exposition, de l'autre un subtil jeu de confrontation entre foi et désir, isolement/aliénation et solidarité féminine, entre peurs et rituels ancestraux (et le poids écrasant que peut y conférer les petites communautés) confrontés aux aspirations interdites et aux espoirs d'ailleurs.
Le tout vissé sur une exploration du coût physique comme psychologique, de toute affirmation/émancipation féminine face aux injonctions patriarcales rétrogrades et une toxicité masculine profondément exacerbée.

Copyright New Story

Pur morceau de folk horror tout droit sorti des 70s mais nourrit par des préoccupations vraies contemporaines, où les silences contemplatifs côtoient un surnaturel brut et viscéral, Que ma volonté soit faite, pas chiche en révérences/références (on pense à The VVitch, Carrie voire même Wake it Fright et les courts-métrages surréalistes de feu David Lynch), laisse une empreinte joliment sordide et indélébile dans la psyché de son auditoire.
La marque, à n'en pas douter, d'une potentielle future grande cinéaste


Jonathan Chevrier