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[CRITIQUE] : Otez-moi d'un doute


Réalisateur : Carine Tardieu
Acteurs : François Damiens, Cécile de France, André Wilms, Guy Marchand,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h40min.

Synopsis :
 
Erwan, inébranlable démineur breton, perd soudain pied lorsqu’il apprend que son père n’est pas son père.
Malgré toute la tendresse qu’il éprouve pour l’homme qui l’a élevé, Erwan enquête discrètement et retrouve son géniteur : Joseph, un vieil homme des plus attachants, pour qui il se prend d’affection.
Comme un bonheur n’arrive jamais seul, Erwan croise en chemin l’insaisissable Anna, qu’il entreprend de séduire. Mais un jour qu’il rend visite à Joseph, Erwan réalise qu’Anna n’est rien de moins que sa demi-sœur. Une bombe d’autant plus difficile à désamorcer que son père d'adoption soupçonne désormais Erwan de lui cacher quelque chose…




Critique :




Sans forcément faire la fine bouche, on peut décemment affirmer que la comédie made in France a joliment brillé par sa force et sa qualité en cette grisante année ciné 2017, preuve que son renouveau entamé depuis quelques années, en fait désormais un rendez-vous aussi indispensable - voir même plus - que sa cousine américaine dans les salles obscures.
En dehors de quelques couacs bien gras (Sous le Même Toit, Gangsterdam et - surtout - A Bras Ouvert), on se souvient avec plaisir des facéties annuelles de la toujours désopilante Bande à Fifi (Alibi.com), du gros délire méta de Guillaume Canet (Rock n' Roll), de la nouvelle cuvée de la merveilleuse Valérie Lemercier (Marie-Francine) ou encore de quelques pépites venant d'un début d'année plus que prometteur (Problemos d'Eric Judor, Jour J, Un Profil pour Deux, Monsieur et Madame Adelman, L'Ascension et Ouvert la Nuit).




Dans une idée de continuer sur cette excellente lancée, Carine Tardieu (Du vent dans mes mollets) nous revient en cette rentrée - après un petit passage par la Croisette - avec son nouveau long-métrage, Ôtez-Moi d'un Doute, petite bulle de légèreté porté par l'étonnant et séduisant duo François Damiens/Cécile de France.
En s'accrochant au destin compliqué d'Erwan, démineur veuf dont le quotidien se voit bouleversé par une annonce assez douloureuse (son père n'est pas son géniteur) et l'arrivée rocambolesque d'une vétérinaire qu'il pourrait bien séduire, Tardieu fait du film une attachante dramédie aussi naturelle qu'elle est chaleureuse et décalée (comme le sont tous les films de la cinéaste au fond), sur la complexité des liens familiaux et de l'amour.



Envolée rythmée à la fois subtile et piquante, sur un homme en quête de ses origines (avec le parti-pris osé, de potentiellement broder ses bons sentiments sur une love story incestueuse), porté par des dialogues incisifs, des personnages haut en couleurs et des vraies valeurs communautaires et familiales - certes un brin naïve -, le film se fait intelligemment fantaisiste et poignant sur une question difficile (le trouble identitaire), et désamorce tout drame par un comique judicieusement dosé, pour mieux incarner un vrai moment de cinéma drôle et pétri de tendresse, grâce à la partition sans faille de son casting.


Toujours aussi habile directrice d'acteurs, elle permet du duo François Damiens (parfait en ourson bonne pâte) et Cécile de France (savoureusement piquante) de signer un couple séduisant et convaincant, et de dominer de la tête et des épaules une belle surprise, qui vaut décemment son pesant de popcorn.


Jonathan Chevrier