[CRITIQUE] : Good Time
Réalisateur : Ben Safdie et Joshua Safdie
Acteurs : Robert Pattinson, Ben Safdie, Jennifer Jason Leigh,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Américain, Luxembourgeois.
Durée : 1h40min.
Synopsis :
Un braquage qui tourne mal… Connie réussit à s'enfuir mais son frère Nick est arrêté.
Alors que Connie tente de réunir la caution pour libérer son frère, une autre option s'offre à lui : le faire évader. Commence alors dans les bas-fonds de New York, une longue nuit sous adrénaline.
Gros shot d'adrénaline jouissif, #GoodTime est une belle petite bombe nerveuse, prenante et coloré, qui vaut décemment son pesant de popcorn pic.twitter.com/qEPcay9LpA— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) September 13, 2017
Triste mais vrai, il aura décemment fallu attendre le printemps 2012 et sa composition bouillante dans le merveilleux Cosmopolis de David Cronenberg, pour que le brillant Robert Pattinson décolle définitivement la lourde étiquette de " belle-gueule " de péloches abrutissantes pour ados; celle-ci ayant pourtant été activement grattée sur le circuit indépendant ces dernières années.
Résultat, un statut de comédien important de l'exploitation underground US et plus d'une prestation remarquée plus tard (Bel Ami, De L'Eau pour les Éléphants, Life), le ténébreux Edward Cullen a su intelligemment consolider son statut de star en devenir, tout en continuant à s'attacher à quelques projets bien bandants cornaqués par des cinéastes de génies (Maps To The Star de Cronenberg, The Rover de David Michôd, Queen of The Desert de Werner Herzog).
Après le magistral The Lost City of Z de James Gray sorti plus tôt cette année, et en attendant les alléchants Idol's Eye de Olivier Assayas (avec Sylvester Stallone et Rachel Weisz) et High Life de Claire Denis, le voilà de retour en 2017 avec le puissant Good Time des frangins Safdie, qui aurait sacrément fait son petit boucan sur la dernière Croisette.
Véritable shot d'adrénaline jouissif à la violence décomplexée, concentré sur le destin rocambolesque de deux frangins " gangsters ", rejetons illégitimes des rues animées et colorés des bas-fonds de la Grosse Pomme; Good Time, lettre d'amour totalement assumée au cinéma de Martin Scorcese, est un électrochoc nerveux et prenant comme on aimerait en voir plus souvent dans les salles obscures hexagonales.
Plongée sous acide au plus près de l'épopée nocturne désespérée d'un braqueur paumé, Connie, un animal blessé bouffant les coups durs de la vie avec un net penchant pour l'autodestruction, le film des Safdie est une douloureuse fuite en avant aussi criarde que solaire, embrassant à pleine bouche autant la folie enivrante et assourdissante que la beauté meurtrie et crasseuse d'un New-York rarement filmé avec autant de hargne et de véracité caméra au poing.
Chronique fiévreuse, référencée et furieusement anarchique sur une poignée de " laissés pour compte ", de " gueules cassées " et cassantes totalement allumées, ou seul l'amour fraternel, sincère et entier, incarne sans doute l'ultime lueur d'espoir d'un monde à l'agonie; Good Time est un beau morceau de cinéma tendu, genereux - trop peut-être - et rageur, filmé avec urgence et interprété avec brio par un casting totalement voué à sa cause (Robert Pattinson et Jennifer Jason Leigh en tête).
L'immersion est totale, et la claque n'en est que plus belle à encaisser.
Jonathan Chevrier