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[CRITIQUE] : Meteors


Réalisateurs : Hubert Charuel et Claude Le Pape
Acteurs : Paul Kircher, Idir Azougli, Salif Cissé, Stéphane Rideau,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h48min.

Synopsis :
Diagonale du vide. Trois amis inséparables. Tony est devenu le roi du BTP, Mika et Dan les rois de rien du tout. Ils ont beaucoup de rêves et pas beaucoup de chance. Après un nouveau plan raté, Mika et Dan doivent se sauver d'ici, et même se sauver tout court. Ils se retrouvent à bosser pour Tony dans une poubelle nucléaire. Est-ce le début d'une nouvelle vie ou la fin de tout ?

  

C’est dur d’être un jeune adulte. On ne s’en rend pas compte, ou du moins on oublie rapidement, mais cette situation souvent idéalisée dans les fictions reste d’une grande précarité ainsi que d’une fragilité émotionnelle que l’on aime diminuer pour privilégier la nostalgie des « plus belles années ». Mais que se passe-t-il quand on cherche sa place dans un milieu social peu développé économiquement et sans nécessairement connaître le chemin que l’on souhaite tracer à l’avenir ? Voilà des questions qui irriguent le très bon Meteors, deuxième long-métrage de fiction d’Hubert Charuel.

Une chose que nous prenons rapidement en route est l’écriture de Claude Le Pape et Hubert Charuel, parvenant à humaniser totalement leurs protagonistes dans une véracité ne tombant jamais dans le misérabilisme facile. Nos deux personnages principaux, Mika et Dan, transpirent la jeunesse pas spécialement responsable mais balancée contre son gré dans un univers sur lequel ils n’ont quasiment pas de prise. La façon rocambolesque dont vont s’enchaîner certains événements renforce cette captation du réel, bien aidée par la mise en scène réfléchie du réalisateur. Jamais le film ne s’excuse de passer d’un moment de comédie surprenante à une tendresse amicale à fleur de peau, le tout avec une cohérence de regard qui ne diminue jamais ses protagonistes sur l’autel d’un réalisme pompier.

Copyright Pyramide Distribution

Au contraire même : on pourrait dire que c’est la camaraderie de Mika et Dan qui constitue le plus gros point fort du long-métrage. On a déjà loué à plusieurs reprises le jeu brut et direct de Paul Kircher mais Idir Azougli apporte également une épaisseur forte à son rôle de loser antihéroïque, de ces personnages coincés dans une mécanique de quotidien destructeur mais où transpire également un espoir bien trop lointain. La dépendance affective amicale qui se dessine s’avère peu à peu bouleversante dans la manière dont les doutes de chacun se répercutent sur l’autre avec une douleur bien trop tangible pour qu’on n’y croie pas.

Meteors s’avère donc éclatant par son portrait d’une jeunesse qui se cherche, confrontée aux imprévus et aux violences diverses tout en se déchirant par une amitié à la dépendance totale. C’est aussi brut que touchant, avec une sincérité intelligente et d’une maturité émotionnelle à toute épreuve. Quand une scène d’exhibition médiatique d’un poisson parvient à autant nous émouvoir, c’est qu’on fait face à une œuvre aussi surprenante que grande sentimentalement.


Liam Debruel